Congo – Nuisances sonores : Ces prédicateurs publics qui forcent au réveil tôt le matin

Ils crient des prêches dans un mégaphone pour que la voix porte au loin, réveillant en sursaut les populations des alentours conviés pour la circonstance à une prière forcée. Ces ‘’prédicateurs du matin’’ sillonnent désormais les rues de la ville capitale en toute impunité. Ils assurent porter la bonne nouvelle à travers des nuisances sonores quasi intempestives.

5 heures 30 du matin, l’éclairage public distille sa lumière, alors que certaines personnes sont encore au lit ou méditent déjà sur une journée qui peut-être s’annonce pleine d’incertitudes, qu’au dehors, des prêches ardentes et stridentes, criées dans un porte-voix électrique appellent à la conversion des esprits et à la prière. À coté de cela, l’appel du muezzin de la mosquée est un chuchotement.

« Bien-aimé réveille-toi. Dieu m’a envoyé en ce jour vers toi, afin que ton esprit se transforme car Satan en a pris possession depuis bien longtemps. Maintenant, Dieu te prouve sa bonté infinie et veut te libérer de tes mauvaises pratiques. De la sorcellerie dans laquelle tu t’es empêtré au long des ans. Viens bien-aimé ! Ne paresse pas dans ton lit cela est un signe de Satan qui veut te garder captif… »

Puis, comme pour justifier de la justesse de ses dires, le prédicateur rend témoignage des prouesses et miracles réalisées dans son église dont il donne l’adresse, conviant ceux qu’il a forcé à son prêche intempestif à le suivre.

Entre grogne pour les uns et incrédulité pour les autres, parfois, ledit prédicateur draine quelques ‘’adeptes’’ de circonstances, ceux dont la vie s’inscrit en pointillés, eu-égard aux difficultés qu’ils éprouvent au quotidien, voyant dans les dires du ‘’prédicateurs’’, une planche de salut.

Au moment où les autorités dénoncent et prennent des mesures visant à réduire les nuisances de toutes sortes, d’autres citoyens continuent de n’en faire qu’à leur tête, bravant les textes, en s’abritant derrière un pseudo devoir sacré, objet de toutes les dérives.

Bertrand BOUKAKA/Envoyé spécial à Brazzaville