Congo : Les déplacées du conflit oublié du Pool ne sont pas du tout contentes

Les déplacées du conflit oublié du Pool ne sont pas du tout contentes. Les femmes l'ont signifié vendredi au cours d'une assemblée générale, au collège Angola Libre de Makélékélé dans le premier arrondissement de Brazzaville.

Selon leur représentante Sylvie Loubayi, les victimes de guerre en général et les femmes en particulier sont les grandes oubliées du processus de réconciliation en cours.

Pour elle, les femmes ont payé le plus lourd tribut à la crise du Pool (sud).

« C'est nous qui avions été violées, qui avions vu nos maris et nos enfants tués », nous a confié Mme Loubayi.

Elle estime que leur douleur devait être la préoccupation du gouvernement congolais de réconciliation nationale, mais malheureusement, soutient l'oratrice, « nous sommes ignorées ».

C'est donc fort de ce constat que Sylvie Loubayi , victime de guerre et enseignante de carrière demande à ses " sœurs " de s'unir en vue de constituer un groupe de pression pour exiger du gouvernement Clément Mouamba l'indemnisation immédiate de toutes les victimes sans exclusive.

Toutefois, les femmes se disent prêtes et s'inscrivent dans le processus de réconciliation et à pardonner à leurs bourreaux, au nom de la nation, à la seule condition que leurs revendications soient totalement satisfaites.

Villages et civils bombardées par des hélicoptères de l'armée, civils en fuite obligés de manger ce qu'ils trouvaient dans la forêt, sans aucune aide humanitaire... tel est le constat de l'agence de presse humanitaire IrinNews qui a été parmi les premières à se rendre sur les lieux du conflit en décembre 2017.

Au moins 138.000 déplacés pour un pays de cinq millions d'habitants. Des déplacés invisibles comme le conflit, qui n'ont pas rempli des camps à la périphérie de la capitale mais se sont fondus dans des familles d'accueil à Brazzaville et dans la Bouenza, le département voisin du Pool.

Un accord de paix conclu le 23 décembre 2017 à Kinkala (sud) entre les deux camps prévoit « la réinstallation des populations dans leurs localités d'origine ».

Cette clause n'est pas encore appliquée.

Une commission mixte paritaire gouvernement/rebelle y travaille. Son prochain dossier : la levée du mandat d'arrêt contre le chef rebelle, le pasteur Ntumi.

Dernière étape avant le retour des déplacés dans leur village ? Pour le moment, tous sont totalement dans l’expectative.

Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville