SNE : Des poursuites judiciaires contre les personnes bénéficiaires de branchements illicites

Après analyse du message du président de la République, Denis Sassou Nguesso sur l'état de la nation, prononcé le 30 décembre dernier, devant le parlement réuni en congrès à Brazzaville, le collège syndical de la Société nationale d'électricité (SNE) a invité la direction générale à poursuivre en justice toutes les personnes bénéficiaires de branchements illicites au Congo-Brazzaville.

Cette décision qui vise à renflouer les caisses de l’entreprise et rompre avec des comportements déviants a été prise lors de la réunion des syndicalistes tenue récemment dans la capitale congolaise.

Entre procédures amiables et judiciaires qui n'aboutissent quasiment pas, la SNE a des difficultés énormes aujourd’hui de recouvrement de ses créances dans des zones qu’elle estime difficile d’accès.

Il s’agit entre autres, des quartiers périphériques dans les grandes villes du pays, les zones de sinistres (le cas de la zone de Mpila, frappée par le drame du 4 mars 2012), mais aussi la gratuité accordée aux «plus grands » consommateurs exonérés des quittances du fait des fonctions qu’ils occupent au niveau des institutions de la République.

Des pertes colossales qui se répercutent sur le rendement de la SNE et accentuent ses difficultés financières.

Le fléau de la fraude ruine efficacement les finances de la société. De plus en plus, les fraudeurs se font plus inventifs sur toute l’étendue du territoire national et ont même créé des pages Facebook pour échanger les nouvelles techniques de fraude.

Les zones «à fort flux de fraudeurs» sont : Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Madingou, Owando qui regroupent la moitié de la population congolaise estimée à 4 millions d’habitants. Dans la plupart des quartiers de ces villes congolaises, la pratique de branchements anarchiques de fils électriques pour recevoir du courant à son domicile ne cesse de prendre de l’ampleur au fil des années. A hauteur d’hommes ou trainant complètement sur le sol, ces installations sont un véritable danger pour les populations.

Les images parlent d’elles-mêmes lorsque l’on fait le tour des quartiers populeux. Les fils de courant qui devraient normalement être à la hauteur des poteaux électriques et installés par les agents de la SNE, sont malheureusement le fait de tierces personnes, les habitants eux-mêmes. Ces bricoleurs réalisent des branchements amenant l’électricité soit par un câble aérien ou un câble souterrain et parfois sorti en pleine surface du sol, soutenu par des poteaux de fortune sur plusieurs mètres de distance. Bien entendu, les risques d’électrocution sont réels.

Avec des dominos parfois ouverts, de l’eau y pénètre, un enfant pourrait passer par là et ramasser un de ces fils trainant à même le sol, inconscient du danger, et l’irréparable se produit.

Ces branchements que l’on appelle aussi « installations araignées », du fait des fils qui se croisent et s’entrecroisent, sont le résultat de plusieurs facteurs, notamment le phénomène de l’exode rural favorisant l’habitation de zones non loties.

Depuis, sont apparues dans toutes les maisons, des stabilisateurs de tension, pour se prémunir des charges intempestives d'un courant parfois mal calibré, acheminé par des câbles de diverses sections qui s'enchevêtrent en toile d'araignée, au point qu'ils sont souvent cause d'incendie. Climatiseurs, réfrigérateurs ou autres congélateurs, très sensibles, ont désormais une durée de vie plus courte que celle de l'obsolescence programmée par le constructeur. Les téléphones portables perdent régulièrement leurs batteries rendus hors d'usage du fait de la qualité du courant.

Germaine Mapanga / Les Echos du Congo Brazzaville