Le phénomène du commerce informel des produits exotiques est devenu la seule rentabilité pour une certaine catégorie des congolais en France. Ils n’ont d’autre choix que d’installer leurs chariots et leurs tables dans les rues de Château Rouge dans le 18ème arrondissement de Paris, afin de gagner leur journée. Le lieu grouille de toute la communauté congolaise de la région parisienne. La police constamment présente, reste impassible devant ce spectacle d’un autre monde.
Ce fléau s’est enraciné, bien que les autorités aient annoncé que toutes les mesures ont été prises pour mettre fin au commerce informel. Plusieurs opérations ont été menées par les services de police, mobilisant des dispositifs sécuritaires sur les lieux, mais les commerçants congolais reviennent toujours à la charge.
C’est le jeu permanent du chat et de la souris entre la police et ces commerçants.
Impossible de faire un pas sans se faire bousculer ou apostrophé, par ces commerçants qui se faufilent dans la masse dense et bigarrée pour fuir la présence policière, et qui s’imaginent le temps d’un instant « être à Brazzaville ou à Kinshasa ».
Dans certaines rues de Château Rouge, devenues trop étroites, les opérations visant à éradiquer ce phénomène n’ont pas réussi. Chassés par la police, ils finissent toujours par revenir à leur place.
«Dès que les policiers se présentent, on s’enfuit. Mais on revient toujours, car on n’a pas d’autre choix», dénoncent-ils. Et d’ajouter : «On se moque de la saisie de notre marchandise, on risque toujours la prison, mais on est obligé de travailler».
Richard Louvouenzo, un commerçant originaire de Brazzaville et rencontré sur place, a affirmé qu’il n’a pas d’autre choix, et est prêt à prendre le risque. «Je suis obligé de m’installer et de vendre ma marchandise. Je suis père de deux enfants et c’est la seule ressource pour ma petite famille ».
Véritable caverne d’Ali Baba, Château Rouge regorge aujourd’hui de petits commerces ou l’on trouve toutes sortes de produits afro-antillais.
Pendant longtemps ce marché a été l’affaire des asiatiques, qui bien qu’encore présent sont en minorité. Aujourd’hui la tendance s’est inversée et la majorité des grossistes, détaillants et fournisseurs sont africains. Ce sont principalement des congolais de Brazzaville et de Kinshasa, les togolais, les sénégalais, les ivoiriens et les camerounais.
Si vous visitez ce marché pour la première fois vous aurez l’impression d’avoir fait un véritable voyage dans la culture culinaire congolaise et africaine.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo Brazzaville