Congo – Circulation routière : De nombreux congolais méconnaissent les gestes d'urgence

Témoins d'un grave accident de la route, des usagers des smartphones se sont livrés impassibles à la chasse à l'image, au mépris de la vie humaine, en dépit des appels à l'aide. 

Un bus couché, ses passagers éjectés et dispersés de partout, gisant et appelant à l'aide, d'autres suppliant d'être secouru, alors qu'ils n'ont pour toute assistance qu'une prise vidéo.

Ces images de l'accident survenu à quelques encablures de Mayama ont choqué plus d'un sur le manque d'humanité de certains congolais désormais porté vers le scoop.

Depuis que ces usagers du téléphone se sont convertis en paparazzis, pour alimenter en photos et vidéos les réseaux sociaux, plus aucune morale ni un soupçon de citoyenneté, voire d'humanisme n'habite certains d'entre eux.

Désormais pour eux, seule l'image compte, au mépris de l'intimité des personnes filmées, du choc psychologique ou des appels à l'aide qui montent de leur source de reportage.

Comment être insensible à la douleur d'une personne qui crie à l'aide, face à une vie à sauver et privilégier cyniquement quelques clichés dont la valeur marchande n'est nullement proportionnelle à celle de la personne que l'on peut secourir. Pourtant, ils agissent comme si quelque chose dépassait en valeur la vie humaine.

Nombreux sont les risques dans notre vie quotidienne. Face à une personne en danger, avoir les bons réflexes peut parfois sauver une vie. Hélas, de nombreux congolais n'ont aucune connaissance des premiers secours civiques, ceux que tout citoyen peut apporter à un accidenté ou une personne en détresse : les gestes d'urgence. Des gestes simples qui, s'ils sont pratiqués rapidement et correctement, peuvent sauver des vies.

À défaut de la maîtrise des gestes de premiers secours à proprement parler, on devrait au moins savoir donner l'alerte, protéger le lieu de l'accident par des signaux visuels dans les deux sens, pour en éviter d'autres. Venir en aide aux accidentés en posant soit un garrot que l'on relâchera à fréquence régulière, pour des saignements dangereux, ou simplement, maintenir les accidentés en éveil en leur parlant, pour éviter qu'ils ne s'endorment et ne s'évanouissent, au point d'en mourir.

Or dans le cas de l'accident de Mayama, même les éléments de la Force publique arrivés sur les lieux semblaient méconnaître les gestes qui sauvent.

Le maillage du pays en infrastructures routières appelle les usagers à de nouveaux comportements et des connaissances qui se rapportent à l'attitude à adopter en cas d'accident. Il est temps que les pouvoirs publics s'emploient à vulgariser ces connaissances, car la vie d'un accidenté tient parfois à un geste, loin, bien loin d'un cliché ou d'une vidéo.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville