Elles n’avaient aucune intention de tomber dans la prostitution. Mais au Congo-Brazzaville, la vie devient plus chère aujourd’hui. Pour joindre les deux bouts, des jeunes filles se lancent dans une activité parallèle : le plus vieux métier du monde. Nous sommes allés à leur rencontre vendredi 31 janvier 2025. Nous les avons côtoyées et chercher à les connaitre.
Les endroits de prostitution à Brazzaville, la capitale congolaise, sont multiples et les lieux célèbres ne sont que la face visible des sites où s’exerce le plus vieux métier du monde.
Le Plateau des 15 ans a désormais son couloir de l’envoûtement et de la mort
Des gamines, des fillettes de 14, 15, 16, 17 ans sont devenues expertes dans le plus vieux métier du monde au croisement rue Madzia et l’avenue qui débouche sur l’Armée du Salut et le marché plateau jusqu’à la pharmacie Jagger.
Si l’offre est difficile à chiffrer, les observateurs locaux constatent que ce point chaud de Brazzaville compte toujours plus de nouveaux profils qui pratiquent le plus vieux métier du monde dans un univers de violences, de maladies sexuellement transmissibles.
Pour rencontrer des prostituées, il suffit d’y faire un tour, aux environs de 21 h. Ces jeunes filles mineures errent à la recherche de clients.
Elles sont à l’affut, près de bars, des vendeurs des brochettes, des restaurants et hôtel, surgissent de nulle part et courent vers le taxi, la moto ou la voiture personnelle qui s’arrête dans leur pré-carré.
« Je suis disponible pour vous. Quand et comment vous voulez. Une nuit c’est 25.000 FCFA, un coup, c’est 10.000 FCFA. Sans préliminaires, c’est 5000 FCFA, la pipe c’est 10.000 FCFA. Et avec la crise économique, vous pouvez débattre », lâchent-elles aux potentiels clients.
Ces mineures appelées « Mbappé », non seulement pour leur efficacité au lit, nous apprend-on, mais aussi « leurs services » qui mettent à mal la paix dans les ménages.
« Je les déteste ces enfants-là !» lâche Josiane M., la trentaine environ. « A cause d’elles, mon père à un moment donné avait déserté le domicile. Il louait un appartement pour une dans la rue Loufou au plateau des 15 ans qui avait presque la moitié de mon âge. Elle devait avoir 15 ans. Ce sont des briseuses de foyers. »
Mineures ou parfois très jeunes, certaines filles choisissent davantage ce métier, poussées en général par la misère.
Enfermées dans cette course au gain, elles ont du mal à s’arrêter.
Le commerce du sexe ou la prostitution à Brazzaville prend une proportion importante. Elle inquiète aussi bien au sommet du pouvoir que dans les foyers.
Le Ministère congolais de la Promotion de la femme, de l’intégration de la femme au développement et de l’Economie informelle saisi de cette pratique qui n’honore pas la femme, doit voler au secours de ces jeunes filles obligées de se prostituer afin de subvenir à leurs besoins quotidiens pour certaines et d’autres pour s’occuper de toute une famille qui vit la misère totale.
Aujourd’hui quand on parle de Brazzaville, on ne voit que le couloir de l’envoûtement et de la mort au plateau des 15 ans. C’est un lieu mythique.
Chaque jour que Dieu fait, des curieux d’ici ou d’ailleurs arrivent pour voir ce qui se fait ici.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville