Usagers de la route à Brazzaville : Anarchie en périmètre urbain

La circulation automobile dans nos villes n’est pas une mince affaire. Entre voieries nécessitant une mise à niveau en profondeur et comportements empreints d’incivilité ou d’irresponsabilité, les usagers «corrects» de la voie se retrouvent pris entre le marteau et l’enclume à Brazzaville, la capitale congolaise.

La ville de Brazzaville avec un nombre toujours grandissant de véhicules, est un exemple édifiant en termes d’anarchie sur la voie : taxis motos et conducteurs de taxis roulant là où ça leur chante, ne respectant ni feux de stop ni sens interdit, garant leurs véhicules n’importe où et n’importe comment. Les exemples ne manquent pas, suscitant un ras-le-bol général.

Cependant, le capharnaüm qui caractérise la circulation n’est pas le propre de la capitale congolaise. C’est une mentalité, un comportement structurel qui existe dans toutes les villes du pays, quelle que soit leur taille.

La ville de Brazzaville se trouve confrontée à moult problèmes liés à la circulation routière et aux parkings qui font défaut dans cette ville capitale. Ces problèmes se posent pratiquement tous les jours et surtout aux heures de pointe.

Des milliers de voitures et d’autocars qui bloquent la circulation à plusieurs niveaux de la ville.

Ainsi, au niveau des marchés de la capitale congolaise, souvent pris d’assaut par les milliers de personnes pour faire leurs courses, il n’y a qu’un petit parking parfois de moins de 50 places. Dans le centre-ville qui connaît des embouteillages énormes, on ne compte aussi moins de parkings de plus de 100 places.

Les points noirs qui enregistrent des embouteillages et des difficultés de circulation lors des pics d’affluence sont les giratoires au niveau du centre-ville, Moungali, Poto-Poto, avenue Maya-Maya...

Conduire à Brazzaville est considéré comme un véritable parcours du combattant. Les embouteillages et les télescopages ne se comptent plus et les altercations entre conducteurs sont devenues monnaie courante.

Certaines mauvaises langues comparent la circulation à Brazzaville à une scène foraine de voitures tamponneuses. L’incivisme grandissant n’en est pas l’unique cause.

À cet égard, les artères et rues de la ville n’arrivent plus à accueillir le nombre croissant de véhicules. L’expansion urbaine et l’attractivité économique ont exercé une forte pression sur le réseau routier de Brazzaville. D’un autre côté, trouver une place pour stationner relève désormais de l’exploit, notamment durant les horaires de travail.

En effet, l’ex capitale de la France libre souffre d’un manque criant de parkings et des voix s’élèvent appelant à la création d’espaces de stationnement. Des efforts importants ont certes été consentis en vue de soulager cette situation insoutenable. De nouveaux axes routiers ont été créés et d’autres ont été élargis. Des panneaux et des feux de signalisation, dernière génération, ont été mis en place. Il a été procédé, par ailleurs, à la création de nouvelles voies de contournement.

Cependant, la situation reste préoccupante.

À signaler, à cet effet, que les ronds-points giratoires présentent aux heures de pointe un spectacle de désolation, avec des véhicules qui s’imbriquent à cause de certains conducteurs qui ne veulent pas céder le passage par entêtement ou par égoïsme.

La police de circulation fait de son mieux pour pallier cette situation, mais comme dit l’adage, «Chassez le naturel, il revient au galop».

Certains chauffards dont le respect du Code de la route est le dernier des soucis, oublient que la conduite est à la fois un art et un comportement civique.

Piétons sous l’épée de Damoclès

À Brazzaville, les piétons souffrent le martyre à cause de l’occupation illégale des trottoirs par certains propriétaires de bistrots, restaurants et autres commerces, ainsi que par le rétrécissement et l’inadaptabilité de plusieurs passages-piétons.

Le vaillant passant désarçonné n’a d’autre alternative que de quitter l’accotement et de marcher sur la chaussée, à ses risques et périls, à proximité de véhicules et taxis motos circulant à vive allure.

Faut-il rappeler que la majorité des victimes des accidents de la circulation sont des piétons ?

Capharnaüm sur la chaussée

Les problèmes de la circulation dans la ville de Brazzaville se multiplient d’une année à l’autre. La situation est devenue alarmante et rien n’est pris en considération pour que la circulation soit aisée, garantissant la sécurité des piétons et des taxis motos, et évitant le ralentissement et l’encombrement du trafic.

Des éléments primordiaux sont à respecter tels que la largeur des rues, l’état des chaussées et des trottoirs, la vitesse, la signalisation lumineuse, etc.

En fonction de ces éléments, des solutions doivent être apportées, à savoir la création de sens uniques, l’interdiction de tourner soit à gauche soit à droite, l’attribution de couloirs de circulation aux véhicules de transport en commun et des passages réservés aux piétons. À cela, s’ajoute le stationnement des véhicules. L’interdire reviendrait à paralyser la vie de certaines rues et même des quartiers.

La création de parkings à proximité des établissements scolaires, des hôpitaux, des centres commerciaux, des administrations…est vitale. Le stationnement le long des trottoirs dans certaines parties de la ville doit être examiné et autorisé pendant un temps limité.

Actuellement, on ne sait plus quoi faire, les trottoirs sont occupés par les différents commerces, une grande partie de la chaussée est envahie par les piétons, les deux roues circulent dans tous les sens sans aucun respect des règles de la circulation. Les utilisateurs de bicyclettes et de vélomoteurs se faufilent partout, ignorant les feux de stop et les plaques de signalisation et circulant même sur les trottoirs.

Certains commerces, notamment les marchands ambulants qui occupent tous les espaces, ne se contentent plus des trottoirs, mais ils étalent leurs marchandises sur la chaussée même, en interdisant le stationnement, malgré la création d’un bon nombre de marchés pilotes où ils peuvent exercer.

Il est temps de se pencher sur ce problème épineux, car il ne suffit pas d’installer le maximum de plaques de signalisation pour pénaliser uniquement les utilisateurs des véhicules, mais d’offrir à ces derniers un environnement adéquat en passant dans un premier temps par l’état de la chaussée, des trottoirs et des installations des feux de signalisation et d’éclairage public, de poser soigneusement les couvercles des regards, d’organiser des campagnes de sensibilisation.

Ces goulots d’étranglement, dus à la croissance démographique et à l’augmentation du parc auto, constituent une cause d’impatience, de stress et de désagréments, doublés d’une perte non négligeable de temps, tant les conducteurs que pour les piétons.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville