"Mavimpi Ya Mboté", un projet axé sur le renforcement des systèmes de santé locaux et l’accélération rapide des résultats de santé en faveur de la mère et de l’enfant

Le Ministère congolais de la Santé et de la Population, en partenariat avec l’UNICEF ont procédé à la restitution des résultats de la première année de mise en œuvre du projet MYB, Radisson Blu était choisi pour abriter l’activité y relative. Ce projet visant à l’amélioration de la qualité des soins au couple mère et enfant est une approche certaine pour une gestion stratégique des districts sanitaires. La restitution a porté essentiellement sur une année de mise en œuvre dans les districts sanitaires de Loandjili à Pointe- Noire et de Makélékélé à Brazzaville, dans la période allant de juillet 2022 à juillet 2023. Ainsi, objectif de ladite restitution a été, de présenter le modèle « district sanitaire champion de la qualité des soins » à travers l’approche Mavimpi Ya Mboté et son impact sur le renforcement des systèmes de santé locaux et l’accélération rapide des résultats de santé en faveur de la mère et de l’enfant.

En effet, selon le rapport de l’OMS sur la performance des systèmes de santé en Afrique en dépit des nombreux financements qui y sont injectés, la performance des systèmes de santé de la région africaine reste très faible 52.9 % avec une variation allant de 34,4 % à 75,8 %. A cette faible performance s’ajoutent les multi crises (épidémies, catastrophes naturelles, changement climatique, pauvreté et les questions de gouvernance) qui affectent la résilience de ces systèmes dans un contexte où l’échéance des ODD (Objectifs Durables de Développement) arrive à grands pas.

Suivant le Rapport ONDMNI 2021, la République du Congo a enregistré 445 décès maternels pour 100.000 NV (dont 23% sont des jeunes et des adolescents). 47% des décès des enfants de moins de 5 ans surviennent avant l’âge de 28 jours. C’est dans ce contexte que l’approche District Sanitaire Champion de la Qualité a été conçue pour être un « Game changer » pour l’accélération vers les objectifs durables de développement et la résilience des systèmes locaux de santé. Cette approche a été testée pour la première fois au Bénin (de septembre 2018 à février 2019) dans le district sanitaire de Zogbodomey-Bohicon Zakpota puis sur la base des leçons apprises. Ensuite, elle a été restructurée pour la phase 2 au niveau du Congo, où elle est en cours d’extension.

Par ailleurs, les principales phases méthodologiques qui ont conduit à la mise en place de ce modèle se présentent comme suit : le ciblage d’un paquet d’intervention, tant clinique que managérial, délivré tant au niveau du management du district sanitaire qu’au niveau des centres de santé et de la communauté ; le développement d’une solution digitale intégrée à partir de laquelle les gaps de compétences individuelles, le gap des intrants nécessaires et le gap de matériel pour l’offre des services de qualité des interventions à haut impact sur la réduction des mortalités maternelles, néonatales et infantile ; la co-création d’une part au sein des équipes des prestataires facilitée par les superviseurs facilitants formés sur l’approche et la technique de mentoring qui permet d’identifier avec précision les besoins effectives individuels, mais aussi collectifs à partir des scores générés lors de la phase précédente, afin d’élaborer des contrats d’objectifs centrés sur les gaps de compétence ; le Monitorage décentralisé semestriel transformationnel de la qualité de six interventions à haut impact, susceptible d’améliorer la morbidité chez la mère, le nouveau-né et les enfants et d’avoir un impact significatif sur la réduction des décès évitables ; une enquête ménage de type LQAS, qui nous a permis de mesurer l’impact de l’ensemble des mesures ci-dessus sur la couverture effective des cibles est réalisée ; le benchmarking a consisté, à définir des normes et standards avec des seuils de performance qui ont servir à comparer les différentes entités mais aussi à comparer les performances de chacune d’entre elles avec les normes et ceci dans une approche de collaboratif et de co-création pour renforcer la performance collective ; la mise en place d’un processus de certification des centres de santé engagés dans le modèle. Aussi pour être certifiée, une performance globale minimum de 80% symbolisée par quatre étoiles est requise.

Au cours des 12 mois de mise en œuvre en République du Congo, l’offre et la demande se sont nettement améliorées en même temps que la qualité des interventions clés ayant un impact sur la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Les résultats obtenus parmi tant d’autres sont les suivants :

Sur le plan de la gestion des districts : le niveau de performance globale du district sanitaire est passé de 48.48% à 69% contre 52,43% à la même période dans le district sanitaire contrôle (Makélékélé) ; 28% des centres de santé ont pu atteindre la performance de 80% et recevront leur certification en présence des autorités et de leurs communautés respectives ; le niveau de connaissance des prestataires pour l’offre des soins au nouveau-né est passé de 30.56% à 75.69% au cours de la période contre 41,67% au niveau de Makélékélé ; la disponibilité des intrants pour offrir les soins obstétricaux et néonataux de base est passée de 38,94% à 86.96% et celle des intrants pour l’offre des soins essentiels aux nouveau-nés est passée de 29,17% à 88.89% contre 61,11% à Makélékélé.

Sur les indicateurs de santé de la femme enceinte : la proportion des mères d’enfants de 0 à 5 mois ayant fait au moins 4 consultations prénatales avant l’accouchement s’est améliorée de 19,5, passant de 54,6% à 74,1% contre 69,4% au niveau du district sanitaire de Makélékélé ; le pourcentage des femmes enceintes ayant fait le test de dépistage du VIH et à qui le résultat est communiqué est passé de 61,3% à 69,6%.

Sur les indicateurs de santé de l’enfant, au moins 35,4% des nouveau-nés sont mis au sein dans les 24h après l’accouchement contre 25,5% en début du processus ; 71% des enfants de moins d’un an ont pu être vaccinés au Pentavalent avec les trois doses requises en juillet 2023 contre 41% en début du processus ; la proportion de mères d’enfants de 0 à 5 ans ayant cité au moins un signe de danger pour diarrhée, fièvre ou toux s’est accrue, passant de 68.1% à 76,4% contre 69% au niveau du district sanitaire contrôle. La connaissance du calendrier vaccinal par les mères ou gardiennes d’enfants est passé de 53% contre 45% initialement ; la qualité des accouchements assistés par du personnel qualifié s’est améliorée de 1% à 16% contre 9% au niveau du district sanitaire contrôle ; la qualité de la prise en charge de la malnutrition aigüe est passée de 66% à 78% contre 31% au niveau du district sanitaire de Makélékélé.

L’objectif de cette restitution a été de partager les informations auprès de l’ensemble des cadres du ministère de la santé et de la population et des autres partenaires techniques et financiers, soutenant les secteurs de la santé afin que ces expériences réussies soient intégrées dans les solutions du programme de revitalisation des districts sanitaires, en vue de sa mise à l’échelle, dans la perspective de l’accélération des résultats en faveur de l’amélioration des indicateurs de la santé de la mère et de l’enfant. Sur la base de ces résultats satisfaisants, l’approche est en cours d’extension dans 9 autres districts sanitaires du pays.

VALDA SAINT-VAL, Correspondant des Echos du Congo-Brazzaville