Insécurité, quand tu nous tiens !

Toujours ce sempiternel problème d’insécurité qui pèse de plus en plus sur la population, et il n’y a pas de différenciation, que ce soit en zone rurale ou en zone urbaine, la plupart des gens ne dorment plus que d’un seul œil tellement la nuit s’est drapée depuis longtemps d’une cape d’angoisse indescriptible. «La nuit n’est pas un bon compagnon », ça on le savait depuis longtemps, mais force est de constater que cette assertion se conforte de plus en plus dans les villes congolaises, avec des rues désertes dès le soir tombé, même les rues des quartiers réputés être « populaires » se vident rapidement le soir. Ces dernières décennies sont un enfer pour les habitants du Congo qui vivent une psychose. Les villes congolaises se transforment petit à petit en de véritables jungles urbaines où le plus fort ‘’mange’’ le plus faible.

Brazzaville et Pointe-Noire, les deux capitales sont un bel échantillon de cette insécurité qui, chaque jour, explose de partout. Personne n’est épargné par l’insécurité, même les fonctionnaires ne se sentent pas en « sécurité » dans leurs baskets. Ils ne se sentent plus à l’aise dans leurs portefeuilles.

Telle une invasion acridienne, les gangs écument nos rues et font irruption dans nos domiciles sous le regard impuissant des individus pourtant payés pour assurer notre sécurité.

Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a rappelé que ces actes odieux qui portent atteinte à la sécurité publique sont commis par des jeunes gens dont l’âge varie entre 14 et 16 ans voir plus. Il s’agit, selon lui, d’un phénomène qui touche l’art collectif du peuple et qui contribue à dégrader la qualité de vie par l’entretien d’un sentiment d’insécurité permanent.

Ce qui écœure souvent la population, pour le député de Gamboma I, Paul Carroph Etou, c’est qu’une fois ces bandits de grand chemin interpellés ou arrêtés par la force publique et mis à la disposition des services de correction sinon des maisons de détention, une semaine plus tard ils sont souvent relâchés et se retrouvent dans les mêmes quartiers où ils ont commis des forfaits tout en narguant, par-dessus-tout, la même population.

Selon le député de Gamboma I, Paul Carroph Etou, ces jeunes délinquants sont souvent relâchés avec la complicité des éléments des forces de l’ordre ou des responsables des maisons de détention moyennant quelques billets de banque, notamment par l’achat de leur conscience. C’est ce qui fait qu’actuellement dans nos grandes agglomérations, la population a commencé à faire vengeance elle-même avec le nouveau phénomène qu’elle appelle "barbecues".

Il suffit de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux et vous verrez comment ils sont en train d’être brulés. Un problème dans un autre problème.

Sans donner dans l’exagération, dans une vingtaine d’années, si rien n’est fait, le Congo court le risque de caracoler au sommet du top 10 des pays où les courbes statistiques en matière de criminalité grimpent chaque jour de façon exponentielle.

Ainsi, le Congo pourrait jouer dans le pool des pays comme Haïti, les Etats-Unis, l’Afrique du Sud et le Nigéria qui ont atteint un taux de criminalité record. A moins de faire la politique de l’autruche, pour ne pas l’admettre.

Les crimes de sang, braquages armés ébranlent notre confort social et nous donnent l’insomnie. Il ne se passe pas un jour sans que la presse ne relaye des cas de forfaits commis par cette pépinière de brigands.

Les stupéfiants, barbituriques et drogues dures, sont désormais vendus à flux tendu. Ils en consomment ouvertement comme si le Congo avait déjà acté la légalisation de la consommation de ces substances prohibées.

Après s’être shootés à la drogue, ils s’arment de leurs ‘’outils de travail’’ et se lancent, comme des fauves, à la recherche des proies.

L’on assiste désormais à un boom des braquages. Mettre son nez dehors dès la nuit tombée est un suicide programmé.

Aujourd’hui on a besoin d’une entité spécialisée dans le nettoyage de la racaille de la pire espèce.

Parler de sécurité en politique n’est pas anodin. La philosophie politique contractualiste – Hobbes au premier plan – a fait de la protection des personnes le rôle premier de l’État. Dès lors, chaque agression fait vaciller le contrat social, fait vaciller la confiance dans l’État et ses corollaires. Plus prosaïquement, chaque agression porte atteinte, au-delà des dégâts physiques ou matériels, au bien-être quotidien des citoyennes et citoyens.

Aujourd’hui, selon des indiscrétions, les forces de l’ordre seraient face à un problème de moyens. Ceux à eux alloués sont très insignifiants à côté des lourdes missions qui sont les leurs.

Au gouvernement de s’y pencher sérieusement car la sécurité des habitants et des biens du Congo en dépend.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville