Congo – Réinsertion des Ex combattants : Démarrage effectif des opérations courant janvier 2024

À l’issue de la table ronde des partenaires techniques et financiers du programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration pour le Département du Pool tenue en mars dernier, il était acté que le programme semestriel s’exécuterait de juillet à décembre 2023. Pari tenu. Désormais tout est fin prêt pour le démarrage effectif des opérations courant janvier 2024.

Le lancement du programme DDR avec ses composantes de développement qui l’accompagnent est très attendu par les populations du Pool ainsi que les ex combattants qui y voient l’opportunité d’un nouveau départ pour le département.

Respectant le chronogramme fixé, l’heure est aux dernières touches censées impulser l’opérationnalité du processus qui, tel un cadeau du nouvel an, sera mis en chantier en début d’année 2024.

Déjà, afin de mieux agencer les choses, depuis bientôt six mois, un expert des Nations-Unies en planification a été commis au Haut-Commissariat, afin de booster les activités du programme de désarmement démobilisation réintégration. La tenue régulière de réunions techniques entre le Haut-Commissariat et le PNUD, la tenue de l’atelier d’imprégnation sur le programme DDR et la mission de sensibilisation sur le programme DDR actent le fait que les choses se peaufinent et s’affinent. Preuve de la bonne et étroite collaboration entre le PNUD et le Haut-Commissariat.

D’un coût global de 8 milliards 300 millions de Francs CFA dont 2 milliards de contrepartie du gouvernement congolais, le programme de Désarmement, démobilisation et réintégration des ex combattants dans le département du Pool, a été mis sur pied le 31 août 2018 à travers la signature du document programme entre le Gouvernement congolais et les Nations-Unies.

Le programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration pour le Département du Pool a trois (3) grandes composantes à savoir :

1- Désarmement,

2-Démobilisation/Réinsertion,

3-Réintégration.

Les composantes 1 et 2 concernent exclusivement les ex-combattants, notamment, :

7.500 ex-combattants à désarmer et profiler (5.665 ex-combattants ont été profilés lors de l’opération Ramassage des armes réalisée en août 2018 et le reste le sera au cours des opérations de ramassage par des unités mobile) ;

7.500 ex-combattants et 2.500 associés seront démobilisés et réinsérés.

À ce jour, le programme n’a pas encore démarré et on ne peut parler ni de la poursuite du désarmement, ni de la démobilisation/réinsertion.

Les fonds de ce programme sont gérés par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à travers un compte appelé Basket-Fund. Tous les aspects fudiciaires de ces fonds incombent au PNUD.

Par ailleurs, le Haut-Commissariat à la Réinsertion des Ex-Combattants prépare les conditions idéales de démarrage de ce programme en collaboration avec le PNUD à travers une feuille de route, notamment, un plan de travail semestriel conjoint (juillet – décembre 2023).

Conformément à ce plan, le travail a été réalisé : Une réunion du comité technique ; l’atelier d’imprégnation du PDDR par les parties prenantes ; la mission de sensibilisation des parties prenantes de terrain et l’identification des opportunités économiques dans le Département du Pool.

Les cartographies des opportunités économiques, de management des risques sont en cours de finalisation.

À toutes les étapes de l’exécution dudit programme, toutes les parties prenantes sont associées et les décisions sont prises de façon consensuelle.

Quant à la troisième composante du programme, à savoir le volet Réintégration, celui-ci concerne tout autant les ex-combattants que les populations civiles qui ont soufferts des conflits et dont l’essentiel de ce qui fonde la vie humaine est à refaire.

Mais il y a aussi l’environnement communautaire à doter des éléments de base. École, dispensaire et autres.

En décembre dernier, le gouvernement congolais avait concrétisé son engagement, en mettant 500 millions de Francs CFA dans le ‘’basket-fund’’ du PNUD, spécialement créé pour le programme DDR.

Lors de la table ronde des partenaires organisée à cet effet, le Haut-Commissaire Euloge Landry Kolelas relevait : « Je peux affirmer que le gouvernement congolais vient d’honorer son engagement, mais comme cela ne suffit pas, la communauté internationale est sollicitée pour nous accompagner dans la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre de ce programme, dont la présente table ronde en est le point de départ. »

Le PNUD de son coté, insistait sur la cohésion sociale, le développement économique et la prévention des conflits dans le cadre de la mise en œuvre du programme DDR. À cela, s’ajoute bien-sûr le relèvement communautaire pour une population estimée à plus de trois cent mille personnes.

Le représentant du pasteur Ntoumi à la table ronde, Ané Philippe Bibi, avait salué l’engagement des différents acteurs dans ce processus. Il avait également interpellé la conscience collective, notamment celle du peuple congolais sur l’impérieuse nécessité de prendre son destin en main, son respect de la personne humaine ainsi que son engagement à mobiliser les énergies et de les mettre au service du développement, de la paix et de la justice sociale.

« Notre volonté de paix est irréversible. L’état d’avancement du processus de paix dans le département du Pool commande qu’on redouble les efforts en vue de réparer les équilibres rompus au cours des différentes turbulences qu'il a connues. Le relèvement communautaire mérite d’être mis en épingle et susciter massivement l’adhésion de toutes les énergies pour une paix durable dont notre pays a besoin », déclarait Ané Philippe Bibi.

Ce programme qui est d’une durée de quatre ans, a pour but d’assurer le désarmement, la démobilisation et la réinsertion d’au moins vingt mille bénéficiaires dont 7500 ex-combattants, 2500 associés et 10 000 membres de leurs communautés d’accueil. Il s’agit d’une opportunité offerte aux communautés du Pool en matière de relèvement communautaire et de relance des activités économiques et agropastorales pour un département qui fut un des principaux greniers du pays.

Rappelons que depuis la signature de l’accord, beaucoup d’actions ont été menées, parmi lesquelles, le ramassage des armes et le profilage de près de 6000 ex combattants. La mise en place des comités de dialogue et de réconciliation dans les 13 districts et les 2 communes du département du Pool. La libre circulation des biens et services et des personnes. La relance des activités génératrices de revenus ou encore l’exécution des projets pilotes.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville