Congo – Obsèques : La République a rendu hommage à Henri Lopes

Décédé le 2 novembre 2023 à Suresnes en France, l’écrivain et homme politique congolais Henri Lopes a été inhumé le 14 novembre au cimetière du Montparnasse à Paris, après la messe d’absoute en l’Église Saint François Xavier. Représentant le Président Denis Sassou N’Guesso aux obsèques, le Premier Ministre Anatole Collinet Makosso a accompagné l’illustre disparu jusqu’à sa dernière demeure.

Un hommage solennel, que celui rendu à Henri Lopes. Digne, plein d’amour, mais également chargé d’une vive émotion au travers des témoignages.

En ce 14 novembre, le cortège funéraire, aux sons d’un chant de la chorale congolaise de Paris, est arrivé peu avant 15 h à l’Église Saint-François Xavier, située dans le septième arrondissement de Paris, aussi remplie qu’à l’heure de l’affluence des fêtes de la nativité ou de la fête pascale, pour rendre un dernier hommage à l'écrivain, homme politique congolais, Henri Lopes, décédé douze jours auparavant à l'hôpital de Suresnes.

Le silence absolu établi, Mgr Éric Seviguidi, assisté par Mgr Hervé Itoua, évêque émérite de Ouesso, a débuté l’office par ces mots d’accueil : « Nous sommes réunis autour de l’illustre écrivain, politicien et diplomate, Henri Lopes. Originaire du Congo Brazzaville, il est né dans l’autre Congo, soulignant déjà dès sa naissance que les frontières ne devraient jamais nous séparer, et encore moins nous diviser ».

Et de constater que « cet homme brillant nous a quittés ; il est pourtant évident que c’est lui qui nous rassemble : du Congo, de la République démocratique du Congo, des différents pays d’Afrique, de différentes régions de France, de l’Unesco, du Canada et d’ailleurs ».

Dans l’église, autour de son épouse Christine Lopes et des enfants Lopes, se sont côtoyés près d’Anatole Collinet Makosso, dans le carré constitué pour la circonstance, les ministres Jean-Claude Gakosso, Jean Baptiste Ondaye, Hugues Ngouélondélé, Édith Delphine Emmanuel, Jean Luc Mouthou et Ludovic Ngatsé ; la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay ; Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie; les ambassadeurs congolais de l’espace Schengen; l’ancien ambassadeur de France au Congo, Jean-Pierre Vidon; Hébert Kakoula Kady, président de l'Association des anciens ministres de la République du Congo; les anciens ministres Pierre Damien Boussoukou Boumba et Maxime Ndebeka; Jean-Paul Pigasse, directeur général des Dépêches de Brazzaville ; les écrivains et artistes Gabriel Okoundji, Emmanuel Dongala et Loko Massengo.

Au cours de son homélie, Mgr Éric Seviguidi a commencé par la devise des moines trappistes "Momento mori" littéralement "souvenez-vous que vous mourrez". De ce point de vue, Henri Lopes confiait à propos de la mort : « Ce dont j’ai peur, c’est du passage de la vie à la mort parce que, arrivé au grand âge qui est le mien, on sait que c’est une question très proche. Donc, on s’arme pour ne plus avoir peur. Mais on se demande, au moment du passage, quelle tête on va faire ! ».

Une semaine environ avant le passage, il a annoncé à son épouse Christine Lopes, à ses filles et à son fils, qu’il sentait qu’il allait bientôt partir. Et, à chacun, ces mots qui étaient certainement pour lui les plus importants : "Je t’aime". « Il quitte ce monde le visage serein, tandis que tous pleurent autour de lui », a constaté l’archevêque, se rassurant que, fort heureusement, bien qu’il quitte ce monde, sa mort n’est pas comparable à une bibliothèque qui brûle.

En dernière partie de la messe, le cœur lourd de douleur, mais aussi rempli de beaux souvenirs, de tout ce qu’il y a eu de vrai, de beau, de grand dans la vie d’Henri Lopes, les petits-fils, les enfants, Christine Lopes, une des collaboratrices à l’Unesco et Jean-Claude Gakosso, ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l’étranger, ont tour à tour pris la parole.

Les trémolos de la peine dans la voix, Thomas Lopes a décrit son père comme un amoureux du travail, qualité qu’il a transmise à tous ses enfants. Avec beaucoup d’émotion, un de ses petits-fils l’a présenté comme étant un Être assidu, sérieux, avec le sens de l'analyse, sachant surmonter les épreuves. « C'était un artiste, un penseur, avec une dose de féminisme en avance sur son temps pour appliquer la parité du genre dans le travail », a renchéri sa directrice des arts lors de son passage à l’Unesco.

Pour sa veuve, « tu es arrivé par amour, tu as vécu dans l’amour, tu repars dans l’amour absolu, inconditionnel … », « Le Congo t’habite. Le Congo est présent à travers son président, Denis Sassou N'Guesso, ton ami, ton frère, à travers la première dame, ton amie, ta sœur Antoinette Sassou N'Guesso, à travers son gouvernement, le Premier ministre, ses ministres, à travers ton neveu Hugues Ngouélondélé …» et, terminant son éloge à son mari en lingala : « Kende na kimia moninga na nga / pars en paix mon ami ; kende bolingo na nga / vas mon amour, mboka na yo Congo eza ko zela yo / ton pays le Congo t’attend ; zonga na mabele ya ba koko na yo / retourne vers la terre de tes ancêtres ».

Des paroles fort significatives et empreintes de symboles entendues jusqu’aux Pays millénaires de la Nkéni, et, avec eux, le village Ossio ainsi que la cité de Gamboma, dans le département des Plateaux.

Dans son éloge funèbre, le ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l’étranger, au nom du gouvernement de la République, du président et du Premier ministre, chef du gouvernement, a retracé le parcours d’Henri Lopes depuis la période où il était membre de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (cette FEANF fameuse qui fut en réalité le creuset des premières élites africaines) en passant par son œuvre littéraire portant la trace indélébile de ce goût du monde et de ses métamorphoses perpétuelles. « Ecrivain à la plume féconde, orateur à la verve inspirée des grands orateurs antiques, auteur de poésies, de nouvelles, de romans, d’essais et de mémoires ».

« Mais, Henri Lopes fut aussi un acteur politique de premier plan dans les années révolutionnaires que connut le Congo, sous le régime de la République populaire », ce grand homme auquel la République du Congo; son président, Denis Sassou N'Guesso; et son Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, présent à cette cérémonie, tenaient à rendre un hommage solennel. Jean Claude Gakosso a terminé son éloge en ces termes : « Je suis persuadé que ses œuvres témoigneront à tout jamais de la richesse de son talent et de la puissance de son génie ».

Au tour de Mgr Éric Seviguidi maintenant, après avoir donné la bénédiction, de prononcer la prière concluant la liturgie des funérailles : « Allez dans la paix du Christ ! ».

Pendant la procession de sortie, tandis que le cercueil en bois clair d’Henri Lopes est transporté vers la sortie de Saint-François Xavier, la chorale entonne une chanson d’adieu, avant que les agents des Pompes funèbres ne prennent le relais pour la direction du cimetière du Montparnasse où Henri Lopes, chaleureux homme aimé de tous, reposera pour l’éternité.

C'est au cimetière du Montparnasse à Paris qu'Henri Lopes a définitivement rangé sa plume. Une plume dont l'Oeuvre survivra par delà les générations. Cette Oeuvre, Sublimes Messages tracés en lettres d'Amour, pour ce Congo et cette Humanité qu'il a tant aimés et pour lesquels il aura donné un sens à sa vie.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville et Marie Alfred Ngoma/Adiac