C’est aux décideurs politiques africains de se réinventer (Par Michel Mboungou-Kiongo)

L’assassinat confirmé, pour la majorité des opinions publiques du monde ou encore dubitatif, pour quelques anti-Poutine irréductibles, conduit à une redistribution des cartes dans les états-majors des nations du globe sur les stratégies à proposer aux QG des décideurs politiques de la planète afin d’affiner leur réflexion sur les enjeux des relations internationales.

Ce qui se passe en Russie, ces dernières 72 heures avec la décapitation de l’essentiel de la « tête pensante » de Wagner, la milice supplétive de l’État russe, donne à porter, à court terme, un regard analytique sur les indicateurs diplomatique, politique, militaire et économique, à moyen terme. Car quelles que soient les tensions politico-diplomatiques entre les nations, l’économie n’a jamais dérogé à la sacro-sainte règle de laisser le champ libre aux affaires entre les pays, fussent-ils « déclarés en guerre ».

Or l’Afrique, n’a cessé d’être le théâtre des guerres géostratégiques (par procuration) des puissances militaires et économiques du monde. C’est maintenant ou jamais que l’Afrique (du Maghreb à l’Afrique du Sud) devra se réinventer géostratégiquement pour redéfinir les nouveaux termes de référence de sa coopération, surtout militaire, avec le reste du monde. Car il va de soi que l’homme fort du Kremlin, Vladimir Poutine, va inéluctablement restructurer le commandement de la compagnie (de sous-traitance militaire russe) Wagner en Afrique et sur tous les théâtres d’opérations à travers le monde.

Vu la manière de marquer son empreinte en Russie comme sur la scène internationale, « l’Ours de Sibérie », ne va-t-il pas se débarrasser de sa fourrure des steppes glacées pour se muter en redoutable félin prédateur des espaces d’influence politique et économique en Afrique subsaharienne ? Car le cheval de Troie, Wagner, n’aura probablement plus à sa tête un homme de la trempe de Prigojine. En effet, Poutine ne se laisserait probablement plus prendre au piège d’un homme lige (placé derrière les fourneaux des mets du chef du Kremlin) qu’il a amené à la lumière (en le faisant devenir un milliardaire à travers les marchés de catering à l’armée russe) et qui a fini par se prendre pour Icare en déployant des ailes politiques armées pour titiller « l’astre brûlant ».

C’est maintenant ou jamais que les décideurs politiques africains devront se réinventer géostratégiquement pour redéfinir les termes de références des accords passés avec Prejigovine (qui avait Poutine en arrière-plan) pour ne pas tomber dans le « piège à pigeon » d’un néocolonialisme d’Europe de l’Ouest orchestré par les Yankees d’un côté, et dans un colonialisme d’Europe de l’Est et asiatique de l’autre côté.

Michel Mboungou-Kiongo ancien DG de Télé Congo (1994-1997)