Congo-Angola : Denis Sassou N’Guesso et Joâo Lourenço condamnent le coup d’Etat militaire au Gabon

En visite de travail à Oyo (nord), ce jeudi 31 Août 2023, le Président angolais, João Joâo Lourenço a eu un` entretien avec son homologue congolais, Denis Sassou N’Guesso, au cours duquel les deux chefs d’État ont échangé sur les derniers événements relatifs au changement inconstitutionnel survenu en République Gabonaise le 30 août 2023. Les deux chefs d’État ont condamné sans équivoque la prise du pouvoir par la force et en appellent au respect de l’intégrité physique du Président Ali Bongo-Ondimba, celle de sa famille et de ses proches, ainsi que celle des hauts responsables des institutions de l'Etat.

Les deux dirigeants ont par ailleurs exhorté « tous les acteurs à privilégier les voies politiques pour préserver la paix, l’unité et la sérénité du peuple gabonais ».

Tenant compte de ce que l’éviction du chef de l’Etat gabonais qui présidait aux destinées de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) est susceptible d’affecter le leadership de l’organisation, Denis Sassou N’Guesso et son hôte se sont concertés avec leurs homologues de la sous-région pour la tenue en urgence, par visioconférence, d’un sommet extraordinaire de la CEEAC. Il est destiné à « assurer la continuité des activités » de celle-ci au regard de la situation en cours au Gabon, précise le communiqué.

Mercredi dernier, un groupe d'une douzaine de militaires est apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24 pour annoncer mettre "fin au régime en place" alors que les autorités venaient d'annoncer la réélection d'Ali Bongo.

Le président déchu du Gabon, Ali Bongo est en résidence surveillée, indiquent les militaires putschistes à la télévision d’État, alors que son sort était jusqu’alors incertain. Il serait «entouré de sa famille et de ses médecins».

Un des fils du président, Noureddin Bongo Valentin a été arrêté pour « haute trahison contre les institutions de la République, détournement massif, malversation financière internationale en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du Président de la République, corruption active, trafic de stupéfiant » avec ses amis (Yann Ghislain Ngoulou, Mohamed Ali Saliou, Abdoule Oceni, Jessye Ella Ekogha, Steeve Nzegho Diecko et Cyriaque Mvourandjiami), ont également précisé les putschistes.

Depuis sa résidence surveillée où il a été placé par les putschistes, le Président du Gabon, Ali Bongo Ondimba a appelé, dans une vidéo, "ses amis" du "monde entier" à "faire du bruit".

On l'y voit, sans pouvoir déterminer le moment où la vidéo a été tournée, assis dans un fauteuil, et il assure être dans sa "résidence".

Manifestement inquiet, il dit en anglais: "Je suis Ali Bongo Ondimba, président du Gabon", "j'envoie un message à tous nos amis dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit" à propos "des gens qui m'ont arrêté, moi et ma famille".

Ali Bongo, qui dirige, à 64 ans, le Gabon depuis plus de 14 ans, avait été proclamé, quelques instants avant le putsch, vainqueur de l'élection de  samedi dernier.

"Mon fils est quelque part, ma femme est dans un autre endroit, et moi je suis à la résidence et rien ne se passe, je ne sais pas ce qui se passe", poursuit le président déchu. "Je vous appelle pour faire du bruit", répète-t-il trois fois.

Les militaires n'ont rien dit du sort de son épouse franco-gabonaise Sylvia Bongo Ondimba.

Le président a quant à lui dit que sa femme "était ailleurs".

Les coups d’État se sont multipliés ces dernières années sur le continent, qui connaît sa situation la plus instable depuis 30 ans.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville