Ceux qui ont lu l’ouvrage ‘’Entre le bon sens et l’alternance absolue, l’Afrique à la croisée des chemins’’ de Michel Innocent Peya, ont cru rêver, en lisant les propos de Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, publiés dimanche dans Le Figaro, proposant de modifier la constitution pour permettre un troisième mandat à Emmanuel Macron.
Même si ces propos ont beaucoup fait réagir, ils ont le mérite de poser une question de bon sens, ainsi que le soulevait déjà l’écrivain chercheur Michel Innocent Peya.
À la question de savoir s'il regrettait qu'Emmanuel Macron ne puisse pas se représenter à la présidence de la République en 2027, Richard Ferrand a formulé une réponse laissant supposer qu'il aimerait changer la Constitution pour revenir sur la limitation à deux mandats présidentiels consécutifs d'ici la prochaine échéance nationale.
« À titre personnel, je regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire. La limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc. », déclarait-il dimanche dans Le Figaro.
« Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive. Changeons tout cela en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publique », ajoutait l'ancien député breton.
Même si ces propos lui ont valu une levée de bouclier de la part de certains, Richard Ferrand a le mérite de dire haut ce que bon nombre de politiques français n’oseraient dire.
«Mon propos consiste à dire qu'il faut permettre à notre démocratie, à mon avis, de respirer mieux, en laissant en toutes circonstances, le dernier mot aux électrices et aux électeurs», s'est-il justifié.
Cette logique croise, point pour point, celle défendue par Michel Innocent Peya en son temps, à travers son livre ‘’Entre le bon sens et l’alternance absolue, l’Afrique à la croisée des chemins’’, paru fin 2013, bien avant le changement de la constitution au Congo, en 2015.
Dès la sortie de son livre, Michel innocent Peya a été taxé de tous les maux. Pourtant, en écrivain chercheur, confiant dans ses idées, il assume et fait le tour de la planète pour expliquer aux congolais de la nécessité de changer la constitution congolaise pour permettre à Denis Sassou N’Guesso de rempiler afin de consolider la paix chèrement acquise, de permettre au Congo et à sa jeunesse de s’appuyer sur son expérience à la tête de l’État, gage de stabilité.
Incompris dans un premier temps, à la Sorbonne il a été plusieurs fois pris à partie, mais l’homme crût au bon sens pour s’afficher clairement en faveur du changement de la constitution.
Un changement de constitution pour lequel d’autres figures politiques telles Pierre Mabiala s’impliquèrent contre vent et marrée, car farouchement combattus par ceux qui n’y voyaient que l’occasion pour Denis Sassou N’Guesso de briguer à nouveau la présidentielle, sans entrevoir les retombées positives de paix et de stabilité.
Il est courant qu’au moment dit de l’alternance, la jeune démocratie africaine, atrophiée par le mimétisme et le complexe pour ce qui est occidental, laisse souvent des escalades de violence.
C’est ce même complexe qui amène les africains à accepter la culture de la démocratie pour la démocratie, de l’opposition pour l’opposition, de l’alternance pour l’alternance, constate Michel Innocent Peya dans son livre.
Parlant du bon sens et de l’alternance absolue, l’auteur notifie que plus la maturité économico-politique est grande, plus l’agent choisit le bon sens ; plus ces qualités sont moindres, plus il choisit l’alternance absolue qui engendre les guerres. « L’alternance absolue est une alternance subie ; tandis que le bon sens est une alternance choisie ».
L’alternance absolue, est suicidaire, « elle constitue une épée de Damoclès sur le peuple africain. Elle est préjudiciable pour les gouvernements ; elle est à bannir » avise l’écrivain.
Pour en revenir à Richard Ferrand, depuis 2008, le nombre de mandats successifs pour un président de la République français, est limité à deux. Selon Richard Ferrand, qui estime que c’est aux Français de décider, cette limitation n’est pas une bonne chose.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron pourrait-il effectuer un troisième mandat ? L’idée divise certes, elle à au moins le mérite d’être lancée, sur fond de « bon sens et d’alternance absolue », comme aurait dit Michel Innocent Peya.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo Brazzaville