Au Gabon, Emmanuel Macron siffle la fin de la « Françafrique »

Le Président français, Emmanuel Macron, a affirmé jeudi 2 mars 2023 à Libreville, au Gabon, que l’ère de la « Françafrique » était « révolue » et que la France était désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent.

«Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus », a-t-il dit devant la communauté française.

« On semble encore aussi attendre d’elle des positionnements qu’elle se refuse à prendre, et je l’assume totalement. Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n’est pas d’interférer dans des échanges [sur la] politique intérieure », a-t-il martelé.

Emmanuel Macron avait déjà esquissé lundi dernier dans un discours à Paris la fin du « pré carré » français en Afrique de l’Ouest et appelé à de nouveaux partenariats sur le continent, loin des liens opaques et du soutien aux dirigeants en place hérités de la période coloniale et inhérents à la « Françafrique ».

Mais derrière les beaux mots, les promesses gonflées de figures de style, y a-t-il une once de sincérité chez Emmanuel Macron ? Car au niveau des annonces concrètes, c’est le désert de Gobi.

En effet, le Président français n’a pas annoncé la fermeture des quatre bases militaires permanentes en Afrique (Dakar, Abidjan, Libreville et Djibouti), comme cela avait été un temps envisagé. Macron a simplement promis une réduction d’effectifs dans ces bases, et une plus grande implication des armées africaines. Il n’a également pas fait d’annonce sur les soldats français encore présents au Sahel, qui sont appelés à rester au Niger ou Tchad.

Emmanuel Macron, à peine élu en 2017, affirmait que ce concept appartenait d'ores et déjà au passé, ce que la réalité sur le terrain durant ses cinq années de mandat a néanmoins démenti.

Un discours qui restera sans doute sans lendemains concrets.

« L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant », disait Omar Bongo Ondimba.

La France, restée la puissance tutélaire dans ses anciennes colonies, et militairement impliquée au Sahel depuis près de dix ans, apparaît désormais en Afrique comme une puissance illégitime, débordée par la concurrence d'autres influences exogènes (Chine, Russie...).

Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville