Pascal Tsaty-Mabiala face à la presse pour exiger la réalisation d’un audit de tous les projets relevant des Grands travaux

Le Premier Secrétaire de l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (U.PA.D.S) et chef de fil de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty-Mabiala, a tenu une conférence de presse mardi 14 décembre 2022 dans la salle Professeur Pascal Lissouba, au siège du Parti à Brazzaville. Dans son mot liminaire le Premier Secrétaire de l’UPADS a échangé avec les chevaliers du micro, de la plume et du Net sur les préoccupations majeures des congolais, surtout après le dernier message du Président de la République, sur l’état de la Nation, devant le Parlement réuni en Congrès, le 28 novembre dernier au Palais des congrès.

En effet, après la tenue récente de la 2e Session extraordinaire du Conseil national du Parti, l’occasion était toute indiquée à Pascal Tsaty-Mabiala de revenir sur les grandes décisions prises par l’instance suprême de son Parti dans l’intervalle des Congrès, à mi-parcours du renouvellement du mandat des parlements locaux.

« Conformément à la Constitution, le Président de la République procède à la reddition des comptes devant le Parlement réuni en Congrès une fois l’an. Cet impératif constitutionnel colle désormais à l’hommage rendu à la République depuis le 28 novembre 2010, selon la nouvelle vision des autorités », a souligné M. Pascal Tsaty-Mabiala.

Sur le message du Président de la République, le Premier Secrétaire, chef de fil de l’opposition a évoqué l’appel que le chef de l’Etat lance à la génération actuelle. « Situant son allocution dans le temps et l’espace, le Président Denis Sassou N’Guesso a invité la nouvelle génération à un regard rétrospectif, lui demandant de s’approprier les évolutions consécutives à la modernisation du Congo, en relevant à la dérobée que notre pays aurait réalisé un succès notable quasiment dans tous les secteurs : éducation ; santé ; défense nationale ; infrastructures routières et sportives ; banques et transport aérien ». Il a d’ailleurs illustré son propos en s’appuyant sur des faits qu’il estime probants, en comparaison avec l’héritage colonial.

« Dans son rôle de premier Parti de l’opposition, l’U.PA.D.S ne se contentera pas du superficiel et ne se lancera pas dans la critique vaine et facile sans proposition concrètes. C’est pourquoi, les thématiques abordées ici sont assorties de suggestions, à charge pour les gouvernants de s’en approprier le contenu ou d’en juger la pertinence », a précisé le chef de fil de l’opposition.

Concernant l’unité et l’hommage rendu par l’Etat aux Pères fondateurs de la République, M. Tsaty-Mabiala estime que « la question de l’unité nationale est plutôt cruciale, en ce qu’elle constitue l’âme qui fonde toute Nation. Or, depuis la fin des événements tragiques de 1997, le pays est divisé, nonobstant le constat objectif qui offre à chaque citoyen la liberté de se placer géographiquement ou de s’installer dans la localité de son choix. A la vérité, des rigidités sociopolitiques et psychologiques sont, entre autres, des stéréotypes qui maintiennent les Congolais dans les chaînes du sous-développement, surtout avec l’affirmation du phénomène ethnique pris comme base subjective de la gestion publique ».

« Les Pères fondateurs de la République, auxquels nous nous référons si souvent, sont malheureusement effacés de l’imaginaire collectif et de la conscience patriotique. Il nous faut réhabiliter leur mémoires », a-t-il martelé.

Ainsi, pour la consolidation cette Unité nationale, l’U.PA.D.S fait des suggestions suivantes : la construction d’un mausolée dédié aux Pères fondateurs afin de reconstituer objectivement l’histoire de notre pays en restituant son passé ; la prises des mesures d’apaisement en faveur de tous les protagonistes des conflits politiques de 1997 à nos jours (une amnistie générale) ; le lancement d’un débat national sur le phénomène ethnique et ses conséquences dans la gestion du pouvoir politique et même dans les relations humaines.

Sur la transformation et la modernisation, « en 64 ans d’existence en tant que République, le progrès réalisé dans notre pays est mitigé. Les avancées constatées au cours de ces deux dernières décennies posent non seulement le problème de la qualité des infrastructures, en termes de dualité, mais surtout de leur financement. En effet, l’opacité sciemment entretenue dans ce domaine ne permet pas d’accéder aux coûts réels de réalisation de ces importants investissements », s’est interrogé M. Tsaty-Mabiala. « De surcroit, ces travaux réalisés essentiellement sur emprunt placent le Congo sous curatelle économique des puissances étrangères, la Chine en particulier. Ce qui, au demeurant, nous a valu le statut moins valorisant de pays pauvre très endetté (PPTE), alors qu’avant la survenue de la crise économique et financière en 2014, nous connaissions une embellie financière du fait de l’envolée des cours mondiaux du pétrole », a-t-il dévoilé.

Cependant, en comparaison avec le travail titanesque accompli par le Président Alphonse Massamba-Débat entre 1963 et 1968, avec son Premier ministre Pascal Lissouba (jusqu’en 1966), sur fonds propres et avec pour principale ressource le bois, dont le budget annuel ne dépassait pas 19 milliards de francs CFA, le progrès réalisé aujourd’hui dans le domaine des infrastructures se devrait d’être relativisé », a dévoilé le Premier Secrétaire, chef de fil de l’opposition congolaise.

« En cinq (5) ans d’exercice du pouvoir, le Président Massamba-Débat a réussi l’exploit de doter le Congo d’un tissu industriel performant composé à la fois d’entreprises publiques et mixtes, ainsi que des projets porteurs dans plusieurs secteurs qui ont fait la fierté de notre pays, le plaçant en tête des pays de l’espace U.D.E.A.C. Signalons qu’à cette époque, le Congo était un pays à revenu intermédiaire selon le classement de la Banque mondiale qui s’effectue en fonction du revenu national brut par habitant », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, le Premier Secrétaire de l’U.PA.D.S. M. Tsaty-Mabiala, chef de fil de l’opposition indique aussi que : « Tout en reconnaissant les efforts réalisés dans la construction des infrastructures nécessaires pour booster le développement du pays, comment ne pas s’interroger sur l’opportunité de certaines réalisations dispendieuses à faible impact sur le développement, et qui apparaissent comme des investissements de prestige. On peut citer dans ce cas la construction tous azimuts des stades dans les départements où il n’existe aucune ligue de sport, ou des aéroports dont le trafic aérien ne peut en justifier la nécessité, ou encore des palais présidentiels dans les chefs-lieux de département où le Président de la République ne s’y séjourne tout au plus qu’une fois tous les cinq ans ». « Devant un tel gâchis, l’U.PA.D.S exige la réalisation d’un audit de tous les projets relevant des Grands travaux, exécutés ou en voie d’achèvement, ou encore purement et simplement abandonnés. De même, mon Parti suggère une meilleure gestion des logements sociaux auxquels la classe moyenne au Congo ne peut accéder en raison des coûts prohibitif », a-t-il déclaré.

En outre, abordant l’aspect de la lutte contre la corruption et les antivaleurs, le camarade Tsaty-Mabiala estime que ce phénomène devient un véritable fléau dans notre société. Cette corruption et la pratique des antivaleurs ont atteint des proportions exponentielles et inquiétantes qui méritent qu’on s’y attarde. « A l’issue de l’élection présidentielle de juillet 2009, et à l’occasion de sa prestation de serment le 14 août de la même année, le Président Denis Sassou N’Guesso réélu avait fait de la lutte contre les antivaleurs, l’un des piliers du ’’Chemin d’avenir’’, son projet de société d’alors ». Eradiquer la corruption est avant tout une question de volonté politique et de liberté d’exercice du pouvoir judiciaire et non des commissions parlementaires », a-t-il renchéri. Néanmoins, son Parti propose quelques pistes de solutions : renforcer l’éthique des magistrats et l’application des sanctions disciplinaires à l’encontre des juges corrompus ; autosaisir par le Parquet de tout fait lié à la corruption, la concussion, la fraude et le trafic d’influence ; créer un pôle financier indépendant auprès de la direction générale de la police judiciaire formé de cadres rompus aux techniques financières, lequel pôle bénéficiera du pouvoir de s’autosaisir et de déférer au Parquet tout contrevenant à la loi sur la corruption, la concussion, la fraude et l’enrichissement illicite.

« S’agissant du volet économique, et sans vouloir énumérer tous les scandales financiers que notre pays a connus et qui l’ont fragilisé sur tous les plans, la principale problématique de notre économie demeure sa nature, précisément sa dépendance aux marchés et aux échanges extérieurs soumis aux fluctuations monétaires. Malgré les atouts que nous offre la nature, le niveau de production agropastorale et halieutique de notre pays est de plus en plus bas. Après le projet ’’Nouveaux villages agricoles’’ que le gouvernement n’a pas pu faire aboutir, nous sommes passés à un autre concept, à savoir les ’’Zones agricoles protégées’’, sans en donner un vrai contenu ou même faire le point des échecs précédents », s’est-il exclamé.

« En ce qui concerne le bien que nous avons de commun, c’est-à-dire le Congo, votre rôle combien important exige de vous un engagement patriotique. Au fond, nous sommes tous emportés par ce rêve de voir notre pays briller dans le concert des Nations. Le développement et le bien-être ne connaissent ni les Partis politiques, ni rivalité Opposition-Majorité. C’est un souci partagé pour le bonheur de tous », a conclu le Premier Secrétaire, en interpelant la presse.

VALDA SAINT-VAL / Les Echos du Congo-Brazzaville