Congo – Nécrologie : Camille Bongou s’en est allé

Il s’était retiré de la vie politique congolaise et vivait une retraite paisible. Camille Bongou est décédé le vendredi 16 décembre 2022, à Poitiers en France, à l'âge de 78 ans.

Homme calme et pondéré, Camille Bongou est une des Grandes figures politiques congolaises, de la décennie 80, après la réhabilitation des personnalités naguère épurées de tous les corps de l’État et du Parti, pour leur participation à la tentative de coup d'état du 22 février 1972 conduite par le lieutenant Ange Diawara sous le label du M22.

Revenu au devant de la scène politique, cet idéologue du parti reprend du galon.

Au sein du Parti Congolais du Travail qu’il a réintégré, Camille Bongou accède au comité central puis au bureau politique. Il devient le numéro 2 du PCT à l’issu des travaux du troisième Congrès du Parti Congolais du Travail.

Son ascension coïncide avec le retour en grâce de ses compagnons du « M22 » qui occuperont autant les postes ministériels que ceux des autres secteurs de l’appareil de l’État, en assumant les fonctions de préfet, de maire d’arrondissement, voire de directeurs généraux d’entreprises d’État.

Après avoir quitté le parti, en 1989, Camille Bongou s’était reconverti dans la culture. Licencié en philosophie de l’université de Brazzaville en 1974, ce natif de Bokouélé fut le premier licencié sorti du département de Philosophie de l'université de Brazzaville (actuelle Université Marien Ngouabi). Aussi animait-il des mouvements philosophiques.

À 78 ans, Camille Bongou s’en est allé rejoindre ses compagnons du « M 22 », qui représentaient en leur temps, l’aile gauche au sein du PCT ou de l’APN, parmi lesquels Ange Diawara, Ambroise Edouard Noumazalaye, Franklin Boukaka, Élie-Théophile Itsouhou, Prosper Matoumpa Mpolo, Jean-Baptiste Ikoko, Jean-Pierre Olouka et bien d'autres.

Acteur politique de convictions, Camille Bongou restera cet homme intègre qui privilégiait le débat d'idées, la conciliation des contraires et l'intérêt général.

Son décès ferme davantage le banc sur cette génération du PCT de la première heure, qui disparaît et se meurt peu à peu.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville