Congo : L’UPADS joue-t-elle au jeu du pouvoir et/ou du PCT ?

L’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (U.P.A.D.S), Parti leader de l’opposition congolaise a toujours participé aux différentes assises nationales, lorsqu’il s’agit des problèmes qui concernent la Nation. Sauf la concertation de Sibiti où elle n’y avait pas été, puisque le but de celle-ci fut a eu pour objet, le changement de la Constitution de 2002. Ayant opté pour la politique de la chaise vide à la présidentielle de mars 2021, le Parti fondé par le Professeur Pascal Lissouba a décidé de prendre part aux prochaines élections législatives et locales de juillet 2022. L’U.P.A.D.S a d’ailleurs investi ses prétendants candidats aux élections, lors de la dernière session ordinaire du Parti. Sur la vie du Parti et de l’actualité, votre média en ligne s’est rapproché des hautes instances du Parti et M. Sidoine Romaric Moukoukou, son porte-parole, a bien voulu répondre à nos questions.

Les Echos du Congo-Brazzaville (L.E.C.B) : Vous avez pris part à la Concertation politique d’Owando de mars dernier, votre Parti, l’U.P.A.D.S a bel et bien participé. Vous ne pensez pas que vous êtes cette fois-ci tombé dans le piège du pouvoir ?

Sidoine Romaric Moukoukou (S.R.M) : A la vérité, l’U.P.A.D.S, sans gêne, en toute responsabilité a effectivement pris part à la Concertation politique d’Owando de mars 2022. Non ! Nous ne sommes pas tombé dans le piège, soit-il ! Simplement parce que, nous y avons participé pour débattre des questions qui concerne la Nation, des questions d’intérêt général. Donc, celle liée à la gouvernance électorale. Subséquemment, nous ne sommes pas du tout tombés dans un piège quelconque.

L.E.C.B : Ainsi, qu’avez-vous reçu en retour de positif ? C’est comme si c’est toujours du pareil au même ou plutôt, blanc bonnet, bonnet blanc ?

S.R.M. : C’est difficile de tout avoir ! En matière de négociations, on ne perd pas tout, on ne gagne pas tout non plus. Et, parmi les avancées significatives, nous avons eu quand même des promesses sur les prochaines échéances électorales, notamment le découpage électoral, qui sera accès avec le recensement général de la population et de l’habitat. Nous avons également la caution électorale qui sera revu à la baisse, ceci concerne bien entendu les futures échéances. En ce qui concerne les échéances proches, celles de juillet 2022, qui pointent à l’horizon, il faut dire que nous avons pu obtenir l’élargissement des membres des participants aux élections locales au niveau de tous les bureaux, au niveau de la centralisation des résultats. Pour nous, c’est quelque chose de gagné. Hier, tout le monde n’avait pas accès au niveau de la compilation des résultats. Aujourd’hui, on a la possibilité de participer activement. Chaque candidat a le droit d’avoir au moins un représentant, pour prendre part à cette activité liée à la compilation des résultats, ceci pour une transparence garantie.

L.E.C.B : La question de la biométrie ! Ce sempiternel problème, toujours renvoyé aux calendes grecques. Une certaine opinion pense ou dit que, vous jouez au jeu du pouvoir ?

S.R.M. : Je pense qu’en toute responsabilité, il n’est pas question de jouer au jeu du pouvoir ou P.C.T et sa majorité présidentielle. La question de la biométrie, elle est liée au recensement général de la population, donc, il est difficile de dissocier le recensement d’avec la biométrie. Les deux questions sont liées intimement, parce que, pendant que le recensement doit se faire, on doit aussi procéder à l’enrôlement des gens à travers la biométrie de sorte que, les cartes d’électeurs seront maintenant ou désormais des cartes biométriques. Donc, nous ne voyons pas comment on a été roulé ou on fait le jeu du pouvoir.C’est une affaire qui concerne la Nation, ça concerne les forces vives de la Nation congolaise.

L.E.C.B : La révision extraordinaire des listes électorales, l’un des points que vous avez pu arracher du pouvoir à cette Concertation d’Owando, la énième du genre, a été prolongé jusqu’au 5 mai 2022, soit une rallonge d’une semaine seulement, pensez-vous que cela aura été suffisant ? l’U.P.A.D.S, votre parti est-elle confiante pour la fiabilité de l’opération ? Fallait-il réviser ou faire un recensement général, afin de mieux nettoyer ledit fichier électoral ?

S.R.M. : D’abord, au sein de notre Parti, nous avions eu un débat là-dessus. De façon consensuelle, Owando a décidé qu’on fasse la révision, comme cela a toujours été le cas. Sur le plan du recensement, le gouvernement n’est pas prêt. C’est pourquoi, cela avait été renvoyé au futur. Maintenant, quant à cette révision, il s’agit ici de retrancher certains noms concernant les déplacés, les décédés, et aussi, ajouter, les nouveaux inscrits, ceux qui ont atteint leur majorité, l’âge de voter, 18 ans. Est-ce que nous avons apprécié l’opération ? Je dirais qu’elle est plus ou moins acceptable, parce que, nous avons relevé un certain nombre de disfonctionnement, dans l’exécution de cette opération au niveau de certaines commissions locales. Selon les informations en notre possession, et d’ailleurs, nous avons fait un rapport au Ministère en charge des élections. Il y a dans certaines localités, des responsables ou des présidents de commissions ont carrément supprimé les bureaux d’enrôlement. Dans d’autres, les bureaux d’enrôlement existent, on en a eu plusieurs cas, et nous avons envoyé des rapports à qui de droit ! Aujourd’hui, est-ce que mon Parti est-il satisfait ? A la vérité, nous avons envoyé des délégués, qui ont pris part à ces activités ; nous avons aussi demandé à nos militants de se faire recenser. Voilà ce que nous pouvons donner comme appréciation, à propos de la révision des listes électorales.

L.E.C.B : Lors de la 4e session ordinaire de votre Parti, l’U.P.A.D.S a eu à réhabilité l’un de vos camarades, Honoré Sayi, suspendu après son entrée dans le gouvernement Collinet Makosso, n’est-ce pas un acte d’impunité que vous reprocher souvent au sommet de l’Etat ?

S.R.M. : L’U.P.A.D.S est un Parti de gouvernement, un Parti responsable et un Parti qui sait respecter les textes en vigueur. Chez nous à l’U.P.A.D.S, nous nous appuyons sur les textes fondamentaux, lesquels sont : les statuts et le règlement intérieur du Parti. Que disent nos textes ? Lorsqu’un camarade commet une faute, tout naturellement, il doit être sanctionné. C’est l’article 188, qui stipule et fixe la durée de la sanction à six (6) mois. Mais dans l’intervalle, il faut que le Conseil national ou le Bureau politique se tiennent. S’il n’y a pas les sessions du bureau politique ou du conseil national, la sanction tombe d’elle-même. Nos textes le disent clairement. Notre camarade, le ministre Sayi a été certes sanctionné depuis sa nomination au gouvernement, aujourd’hui, une année après, lorsque la session s’est tenue, en mars dernier, la commission nationale chargée d’examiner les questions de discipline et d’éthique, a simplement fait constater que la sanction est tombée d’elle-même. Et que le camarade Honoré Sayi devrait automatiquement être réhabilité. Et c’est ce qui a été proposé au Conseil national et à l’unanimité, le Conseil national a décidé,à l’unanimité, de réhabiliter le camarade Honoré Sayi, en application des dispositions des statuts et règlement intérieur du Parti. C’est l’article 188, du règlement intérieur qui le dit. Et, pour prouver la bonne volonté des militants de l’U.P.A.D.S, un vote avait été organisé, plus de 80% se sont exprimés pour la levée de la sanction. Voilà comment les choses s’étaient passées. Ça n’est pas une façon d’encourager l’impunité, mais c’est parce que, nous savons respecter et appliquer nos textes. Lesquels textes, nous avons-nous même adoptés au Congrès.

L.E.C.B : Monsieur le porte-parole, est-ce quele Parti, a-t-il déjà investi ses candidats aux prochaines échéances ? Votre Parti est-il partant pour ces échéances de juillet ? Etant donné que vous étiez non-partant, tout au moins, votre candidat, Pascal Tsaty-Mabiala, le premier Secrétaire du Parti avait boycotté la présidentielle dernière, en 2021 ? La Commission Electorale et Indépendante et toutes ses instances n’ont point changés ?

S.R.M. : Il faut avouer que conformément aux conclusions de notre dernier Congrès de juin 2013, il avait été décidé que l’U.P.A.D.S devrait participer à toutes les échéances électorales, à l’exception de la présidentielle de mars 2021.

L.E.C.B : Pourquoi cette exception Monsieur le porte-parole ?

S.R.M. : Parce que, nous avions eu des raisons de ne pas participer à cette élection présidentielle, simplement pour diverses raisons dont je ne vais pas faire état ici. A la vérité, nous avons pensé que, au départ, les choses n’étaient pas bien organisées. Simplement, la présidentielle est une élection à un seul siège. Et nous nous sommes rendu compte que le Parti n’était pas prêt à prendre part à cette échéance. Par contre, les élections législatives, locales et sénatoriales, des élections à multiples sièges, les réalités n’étant pas les mêmes, parce que : à chaque district, à chaque circonscription, son fichier électoral, son corps électoral, donc les réalités de l’organisation ne sont plus les mêmes. C’est la raison pour laquelle, nous n’avons pas pris part à cette élection présidentielle de 2021. Maintenant, qu’en est-il des élections futures ? Bien sûr que oui ! L’U.P.A.D.S prendra en toute responsabilité part aux élections, législatives, locales et sénatoriales, parce que, c’est le seul moyen pour nous, de faire vivre le Parti. C’est l’unique moyen pour nous de montrer notre force de frappe, quelle est la capacité de mobilisation de l’U.P.A.D.S. Quant à la question de savoir si nous avons déjà investi nos candidats, le Parti a tenu au mois de mars dernier une session où le Bureau politique a investi à titre provisoire, les candidats qui prendront part aux élections législatives et locales de juillet 2022. Il a été décidé parmi les conclusions arrêtées que les camarades qui ont bien voulu accepter de réintégrer les rangs du Parti, ils étaient libres d’exprimer leurs ambitions électorales. S’ils le souhaitent bien sûr ! Donc, c’est le travail qui est en train de se faire présentement, dans les prochains jours, il sera boucler et on pourra publier officiellement notre liste.

L.E.C.B : Il me semble que le problème de parité reste en suspens ! Parité veut dire, parts égales. Le problème est-il résolu à l’U.P.A.D.S ? Quel est le pourcentage de la participation féminine à ces élections à venir ?

S.R.M. : D’abord, la loi électorale prévoit 30% de la participation, de la question du genre. Ça, c’est ce que prévoit la loi. En ce qui concerne la parité, l’exemple serait venu du gouvernement ! Aujourd’hui, le Président de la République ou le Premier ministre devrait nommer une équipe gouvernementale à part égale. C’est-à-dire, s’il y a 36 ou 38 membres du gouvernement, on devrait diviser par deux : une moitié des femmes et une autre des hommes. Donc, l’exemple partirait du gouvernement lui-même. En ce qui concerne mon Parti, nous n’avons pas pu faire l’égalité, par contre, nous appliquons le principe de la loi, la question du genre. Le quota de 30 % est toujours respecté à l’U.P.A.D.S, est-ce que nous avons des candidatures féminines, oui, nous en avons, aux législatives et aux locales. Au-delà de cela, c’est d’abord une décision personnelle et volontaire. La question de candidature est un engagement personnel, strictement personnel.

L.E.C.B : Monsieur le porte-parole, récemment, du 30 avril au 1er mai dernier, votre Parti a tenu un Forum pour l’unité et le rassemblement, qui a fait revenir à ’’la maison’’ certains de vos camarades partis. On a noté la présence très remarquée de l’un des pionniers, Martin Kimpo. Et les autres ? Songuissa Moulangou, Martin Mberri, Martial de Paul Ikounga, Bongouandza, Pascal Gamassa, Benoît Koukébéné…Les uns pourront également revenir non ? Même s’ils ont leur propre Parti. Le cas de Mme Claudine Munari et Kignoumbi-Kia-Mboungou, Jean Itadi. Le P.C.T. l’a fait en son temps. S’unir, se mettre ensemble pour être plus fort ?

S.R.M. : Je pense que c’est un processus et se poursuit. L’unité, le rassemblement de l’U.P.A.D.S, a commencé d’abord en 2010, sous l’initiative de Mme l’épouse de notre président-fondateur, Jocelyne Lissouba. C’était la première tentative et nous sommes allés au Congrès ensemble en 2013, c’était le Congrès unitaire. Il y a eu quelques mouvements, ce sont des problèmes internes. Il y en a qui n’ont pas voulu prendre part à ce Congrès pour diverses raisons. Ce qui a fait que bon nombre de camarades qui ont créé leur Parti, ils n’ont certainement pas eu tort, et aujourd’hui, nous avons constaté que certains camarades dont le cœur continue à battre la chamade pour le professeur Pascal Lissouba, pour l’U.P.A.D.S, caressaient les ambitions de réintégrer les rangs du Parti. Finalement, c’est en 2021, au Conseil national de janvier à Brazzaville, que le Premier Secrétaire a lancé cet appel, a demandé aux camarades de réintégrer le Parti. Et, à cette occasion, un organe – quoique informel- a été mis en place. On a créé le C.C.U.R (le Comité de Conciliation pour l’Unité et le Rassemblement) de l’U.P.A.D.S, organe dirigé par le camarade Joseph Adam Boussou-Diangou. C’est à lui qu’on a assigné un certain nombre de missions. Il a travaillé plus d’une année. Donc, après 16 mois, il nous a ramené ces conclusions. Les conclusions, sont les résultats du travail abattu qui a donné naissance à ce Forum sur l’unité et le rassemblement du Parti. Certes, tous les camarades ne peuvent pas revenir, évidemment ! Mais, c’est un processus. Les missions assignées au C.C.U.R vont se poursuivre, jusqu’à ce que, nous allons avoir le Congrès. Certains peuvent encore hésiter, d’autres nonchalants, dubitatifs, ils reviendront quoi qu’il en soit. C’est un retour volontaire, et non obligatoire.Parmi les conclusions auxquelles nous sommes convenus, les camarades qui viennent de réintégrer la « Maison », doivent être dans les instances nationales intermédiaires du Parti : au Conseil National ; au Bureau politique et pourquoi pas au Secrétariat National. Il a été aussi décidé que ses camarades, pour ceux qui auraient des ambitions électorales, de participer aux élections, ensemble avec nous et enfin, ensemble, nous préparerons le Congrès qui se tiendra après les élections sénatoriales, en 2023.

L.E.C.B : Concernant la guerre en Ukraine. Pensez-vous que l’O.N.U a-t-elle failli ? Quelle est la position de votre Parti par rapport à cette crise militaire ?

S.R.M. : L’U.P.A.D.S étant un Parti de paix, Parti de gouvernement, je pense que notre souci est de demander aux belligérants de cesser le feu. Parce que, les gens meurent. La guerre n’est pas du tout une bonne chose. Il y a non seulement des pertes en vie humaine, il y a aussi des grosses pertes matérielles. Des cités entières sont détruites, c’est impensable en ce premier quart du vingt-et-unième siècle. Inconcevable et insoutenable, vue les pertes matérielles et humaines quotidiennes très élevées. L’Organisation des Nations-Unies doit mettre tout en œuvre pour stopper cette guerre entre deux Etats indépendants et souverains. Le dialogue doit être le maître mot afin que cesse cette escalade destructrice et meurtrière. Ça devient inquiétant ! Très inquiétant avec des armements les plus modernes et sophistiquées que détiennent les uns, les autres. Ça donne froid au dos. Les conséquences sont immenses, accentuant ainsi cette crise économique qui sévit dans le monde.

L.E.C.B : Votre mot de la fin ?

S.R.M. : Mon mot de la fin, c’est de demander aux membres et sympathisants de notre Parti, l’U.P.A.D.S du Président-fondateur, le professeur Pascal Lissouba de nous faire confiance. Nous nous préparons aux futures batailles électorales avec beaucoup de déterminisme, d’abnégation, d’optimisme et espérons que les militants de notre cher Parti ne vont pas nous décevoir et ne ferons pas honte à leur Parti. « U.P.A.D.S ! Ya ba colères véé ! »

Propos recueillis par Valda Saint-Val le Frangin / Les Echos du Congo-Brazzaville