Législatives 2022 : le parti de Denis Sassou N’Guesso veut ratisser large, mais à quel prix ?

À peine la publication des listes des candidats, que la campagne électorale pour les législatives de juillet prochain débute. Le premier à l'avoir initié est le parti congolais du travail (PCT, parti au pouvoir), en demandant aux congolais de s’inscrire massivement sur les listes électorales afin de donner la majorité au Président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Sur le terrain et même sur les réseaux sociaux, les candidats et militants du parti de masse se battent pour voir advenir ce projet et faire barrage à l’opposition de plus en plus poussive, divisée et boiteuse.

 Les opérations de révision des listes électorales se déroulent du 4 au 30 avril 2022 sur toute l’étendue du territoire national.

Au PCT, nombreux sont conscients que le processus de vote commence par l’enrôlement des électeurs. Pour élire son candidat, il faut être inscrit sur la liste électorale. Il faut que les gens aillent vérifier leurs noms pour prétendre gagner. Le contraire sera se mordre le doigt.

Le PCT s’organise et se prépare donc comme des fourmis pour prendre la majorité des sièges au parlement et invite ses sympathisants et militants à œuvrer inlassablement pour la préservation de la paix, condition sine qua non pour un développement durable.

En décembre 2021, le porte-parole du PCT, Parfait Romuald Iloki, avait déclaré, lors d’un point de presse à Brazzaville : « En ce qui concerne notre plan d’activités, nos objectifs ont été atteints, avec la réélection du Président de la République, Denis Sassou N’Guesso, avec plus de 88% des suffrages exprimés. Cela a été le plus grand objectif de l’année 2021. Pour l’année 2022, notre objectif principal sera de gagner les élections législatives et locales » en vue de contrôler la majorité nécessaire à l’opérationnalisation du projet de société du Chef de l’Etat.

Le parti au pouvoir va-t-il conservé son leadership et raflé des victoires dans tous les départements, même là où il avait fait de mauvais scores pendant la présidentielle de mars 2021 ?

L’abstention est le premier parti chez les jeunes congolais

Les inégalités sont grandes selon leur milieu d'origine, leur trajectoire sociale ou leur niveau de diplôme.

Non que la chose politique ne les intéresse, Ils savent situer les enjeux actuels. L'environnement est hyper important et recouvre toutes les classes sociales chez les générations les plus récentes. Mais ils ne vont pas forcément adhérer à un parti politique de la majorité ou de l’opposition. Les jeunes congolais ont leurs propres modes d'actions : le boycott loin devant le partage sur les réseaux sociaux, la manifestation ou la réunion publique.

Le vote n'en fait pas partie. Contrairement aux générations précédentes, cette génération, bachelière à 80%, qui a des compétences, qui est capable de se renseigner, d'avoir un avis sur la question et qui pourra sanctionner un candidat pour ne pas avoir fait ce qu'il avait promis, ne se retrouvent pas dans le vote de devoir. Ils sont de la génération "on ne me la fait pas". Dans les rangs de ceux qui se déplacent à contrecœur figurent des partisans du vote blanc.

Les élections législatives servent-elles encore vraiment à quelque chose au Congo ?

La mobilisation électorale connaît une érosion régulière depuis plusieurs années : l’attention portée sur la présidentielle ne doit pourtant pas éclipser le scrutin législatif qui pourrait bien créer la surprise en juillet prochain.

Passées au second plan de l'élection présidentielle, les élections législatives auront lieu dans deux mois. Rien n'a jusqu'ici laissé paraître de l'imminence et l'importance de ce scrutin, ni dans les médias ni dans les conversations.

Alors qu'elles sont partout le moment clé de la vie politique, les législatives passent en général au Congo à l'arrière-plan de l'élection présidentielle. Le peu d'intérêt qu'elles suscitent se traduit très nettement dans la faiblesse de la participation.

Lors du dernier scrutin, moins d'un inscrit sur deux s'était déplacé pour voter au premier tour sur toute l’étendue du territoire national.

Mais si les électeurs boudent les élections législatives, ce n'est pas seulement en raison du calendrier électoral, c'est aussi et avant tout parce qu'ils perçoivent que l'Assemblée nationale produit une représentation très déformée des opinions politiques et qu'elle n'est pas (ou n'est plus) le lieu de pouvoir le plus décisif dans la vie politique congolaise.

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville