Burkina-Faso – Ouverture du Procès Thomas Sankara : Blaise Compaoré principal accusé absent du tribunal

Le procès des quatorze accusés de l’assassinat de Thomas Sankara s’est ouvert le lundi 11 octobre à Ouagadougou, au Burkina Faso. À peine ouvert, le procès a été renvoyé au 25 octobre pour permettre aux avocats de la défense de consulter davantage le dossier.

Deux avocates de la défense, commises d’office, avaient demandé un report du procès d’un mois «au nom de la manifestation de la vérité », arguant avoir eu trop peu de temps pour étudier « les 20.000 pièces du dossier ».

Les autres avocats de la défense et ceux de la partie civile avaient soutenu cette demande, estimant qu’elle était « fondée dans son principe ».

Le président du tribunal militaire de Ouagadougou, Urbain Méda, a accepté leur requête, mais a suspendu les débats pour seulement deux semaines, comme l’avait souhaité la procureure. Il a en revanche rejeté une demande d’enregistrer les débats comme le réclamait la partie civile au nom « de la mémoire ».

Ils sont au total, quatorze personnes dans le box, sur la soixantaine d’accusés cités dans ce procès. On note cependant l’absence des deux principaux accusés notamment Hyacinthe Kafando, soupçonné d’avoir dirigé le commando qui a tué Thomas Sankara, et Blaise Compaoré, l’ancien président, accusé d’avoir commandité le crime.

Pour se soustraire à la justice du pays qu’il a pourtant dirigé et ne pas rendre des comptes alors que tout l’accuse, Blaise Compaoré s’est montré bien poltron, au point de changer de nationalité.

La première audience a été essentiellement consacrée à la composition de la cour et au tirage au sort des assesseurs militaires. Ils sont au nombre de trois, avec trois suppléants choisis selon l’ascendant au grade. Théoriquement, au moins deux officiers généraux plus gradés ou plus âgés que le plus haut gradé des accusés, à savoir le général Diendéré, devraient pouvoir siéger.

Dès le début de l’audience, la plupart des officiers ont demandé à être récusés. Certains pour des raisons de santé, d’autres pour des raisons professionnelles, certains encore parce qu’ils entretenaient des relations professionnelles ou personnelles avec les accusés.

Des centaines de personnes ont fait le déplacement de Ouagadougou. Parmi elles, les familles des victimes, dont Mariam Sankara, l’épouse de Thomas Sankara, des camarades de lutte du révolutionnaire, et de nombreux Burkinabé.

Le chef de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, avait été tué le 15 octobre 1987, puis enterré dans la foulée avec ses douze compagnons de lutte.

Jean Hubert Bazié, le directeur de la presse présidentielle de Thomas Sankara, a fait part de son émotion. « Cela fait trente-quatre ans qu’on attend ce moment. Le Burkina écrit aujourd’hui son histoire », a-t-il déclaré.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville