Sommet Afrique-France : Grégoire Lefouoba flingue Emmanuel Macron

La charge est puissante, réfléchie, ciblée. Sans doute pas sans conséquences, car Grégoire Lefouoba, enseignant de Philosophie à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville et ancien ministre de Pascal Lissouba, a publié un texte aux allures de peloton d'exécution cette semaine intitulé « Macron et la Révolution suggérée en Afrique ». Principal condamné : le président français, Emmanuel Macron. Déterminé à crever l'abcès, « Mwana Mboka » a fait feu de tout bois pour mettre le numéro un français devant ses responsabilités. Dans son texte «Macron et la Révolution suggérée en Afrique », il s'est livré sans retenue. Parfaitement conscient de la bombe lâchée, Grégoire Lefouoba rebondit sur le dernier Sommet Afrique-France inédit qui s’est tenu le vendredi 8 octobre dernier à l’Arena de Montpellier. Inédit car, pour la première fois depuis 1973, aucun chef d’État africain n’a été convié pour éviter des photos gênantes pour Emmanuel Macron avec des présidents au pedigree démocratique parfois contestable. Cette fois, pour cette 28e édition, ce sont des jeunes entrepreneurs ou issus de la société civile, du secteur associatif, du sport, de la culture… qui ont été les invités de ce sommet nouvelle formule. La rédaction des Echos du Congo-Brazzaville diffuse l’intégralité de ce texte :

«Je demande à ceux qui peuvent, de réfléchir sur ce qu'a dit le Président de la République Française au sujet des dirigeants vieux, ayant passé beaucoup de temps, trop de temps au pouvoir.

Ces propos ne sont anodins que pour les naïfs ou les plaisantins, lorsqu'on est en responsabilité en Afrique noire francophone...disons même en Afrique noire "française". (sic).

Car, c'est bien le cas ici... Bref ! Devant les assauts extérieurs de ce genre, il faut une élite soudée, un apaisement politique en profondeur pour faire l'autopsie de notre longue route pour un mieux- être humain, collectif.

1• Le Président Macron est entrain d'asphyxier la réflexion sur l'état de la société française et préfère lancer une fatya sur l'Afrique en qualifiant ses dirigeants de vieux et avoir mis du temps, trop de temps au pouvoir.

2• Dans une indigence argumentative sans limite et jamais observée par un Président Français, il préfère se faire nouvel empereur devant une élite soumise, venue d'Afrique. Quelle est sa légitimité de réunir les jeunes africains sur le sol français ? Quelle est sa compétence pour parler du développement de l'Afrique ? et Quelle est son autorité ? Pourquoi la jeunesse africaine et les intellectuels africains et non la jeunesse russe, américaine ou asiatique ?

Au total, ceux des intellectuels accommodants qui ont accepté cette forme de cooptation, ils risquent de regretter cette servitude volontaire dont parlait au 16ème siècle la Boétie, cet ami de Montaigne. Dommage pour l'Afrique.

3• Comme les jeunes africains veulent des raccourcis, ils vont commencer à créer de l'a-peu- près dans la pensée et s'engouffrer dans une voie sans issue.

4• En effet, le Président français oublie qu'en 1981, Mitterrand était élu Président à 65 ans pour la première fois.

5• De tous les présidents de la cinquième république, c'est lui a laissé une image puissante de la France...plus que De Gaulle en comparant sa dissimulation de la présence des Noirs au défilé de la victoire sur les champs Élysées contre le Nazisme.

6• Si le philosophe et ancien Ministre de Mitterrand, Mélenchon gagnait, il sera président à 70 ans et un peu plus.

7• Au lieu de véhiculer des idées, il véhicule la veulerie, au lieu de dire qu'il est le représentant de la finance la plus abjecte de l'histoire de France, il transpose ses fantasmes pour se faire dans une histoire mal assumée.

8• De Gaulle (décolonisation), Mitterrand (la Conférence de la Baule comme condition pour une aide active de la France en vue de la démocratie.

9• Vous êtes donc prévenus, car on vient de recruter des nouveaux agents à travers le sommet Afrique-France pour servir la France et se légitimer en se fondant sur la reconnaissance argumentée par le Président Macron.

10• Des nouveaux serviteurs de la France sont en route pour la deuxième ou la troisième vague des valets locaux ou des agents au service pour anéantir la lutte des forces populaires issues du collectif démocratique.

11• C'est le moment pour le parti au pouvoir de réfléchir simplement en se basant sur une étude stratégique comme nous le recommande vertueusement et précieusement mon ami et frère Julien Francis. Comme pour conclure, la nouvelle lutte contre le nouvel impérialisme plus subtil sera rude. Aujourd'hui, la France est à la recherche d'une élite accommodante et privilégiée à sa domination.

Pour penser le Congo vertueux de demain. Pensez-vous qu'elle peut inviter des intellectuels africains qui les contestent ?

Ma réponse est non et j'ai les preuves théorique et pratique. Maintenant, réfléchissons, nous sommes prévenus au lieu de faire des débats faibles avec arguties indigentes, l'Afrique doit se munir de l'excellence et de la science jusqu'aux dents pour réagir (Cheik Anta Diop) et écrire sa propre histoire (Lumumba) ».

Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville