Congo – Institutions : Le gouvernement Mouamba vivrait-il ses derniers instants ?

Longtemps évoqué mais jamais réalisé, le remaniement gouvernemental ou plutôt le changement d’équipe, serait bien inscrit à l’agenda de Denis Sassou N’guesso. Cette éventualité serait de pure logique, au regard des enjeux économiques et sociopolitiques en perspective.

De nombreux indices observés ces jours derniers, par les analystes de la vie politique congolaise, semblent indiquer que le changement d’équipe gouvernementale est imminent, très imminent même et cela ne serait plus qu’une question de temps, même si en la matière, hormis Denis Sassou N’Guesso, « personne ne connaît ni le jour, ni l’heure.»

Pourtant, de nombreux mouvements observés sont autant d’indices de ce que, même si rien ne laisse filtrer quoi que ce soit, ces deux dernières semaines ont sans doute scellé le sort du gouvernement Mouamba dont le chef rendra à coup-sûr son tablier, mettant fin par la même occasion, aux fonctions de ses ministres.

Notre attention a été éveillée, quand il y a quelques jours, le président de la République a reçu les présidents du sénat et de l’assemblée nationale à savoir, Pierre Ngolo et Isidore Mvouba.

La réception de ces présidents des deux chambres du parlement, appartenant de surcroît à la même famille politique, fut sans doute de la plus haute importance, tant elle n’était pas inscrite à l’agenda présidentiel et que les deux personnalités ont dû être conviées toutes affaires cessantes, à rejoindre le président.

Le président du Sénat Pierre Ngolo qui assistait aux obsèques du haut conseiller à la communication, Jean Pascal Mongo Slim fut même obligé de faire interrompre la lecture de l’oraison funèbre, le temps de déposer sa gerbe de fleur, puis rallier en toute hate le palais du Plateau.

Depuis, les rencontres de haut niveau se sont accélérées telles de ‘’tractations’’ ou plutôt des ‘’accommodements’’ pour la prochaine équipe gouvernementale.

Deux jours après après avoir été reçus par le président de la République, les présidents des deux chambres du parlement s’entretenaient avec le premier ministre, sans doute pour une mise au point sur ce qui avait été évoqué entre eux avec le chef de l'État, même si le communiqué officiel publié par la primature n'en faisait nullement mention.

Du coté du Parti congolais du travail ou plutôt de la majorité, une réunion informelle a évoqué en filigrane la question du changement de l’équipe gouvernementale, comme pour acter le fait.

À presque six mois de la présidentielle, l’hypothèse d’une nouvelle équipe gouvernementale est presque la règle dans tous les pays du monde.

Cette équipe qui est le tremplin entre deux mandatures présidentielles est bien souvent composée d’hommes et de femmes qui comme on dit, se doivent d'être au « four et au moulin », car outre leur mission régalienne, ils sont également impliqués dans la campagne électorale. Un exercice qui demande autant de l’ardeur, qu’une disponibilité tout azimut.

Depuis quelques temps, de nombreux ministres, parfois compagnons politiques de longues dates du président de la République, ont émis le souhait d’être déchargés de leur fonction ministérielle, pour diverses raisons qui leurs sont personnelles. Il est de bon alois pour Denis Sassou N’Guesso, d’agréer à leur demande, à un moment où les choses vont à l’évidence se mener au pas de course.

Mais, il y a aussi que le gouvernement Mouamba a tout de même montré ses limites dans nombre d’espoirs qui étaient placés en lui. À l’heure du bilan, c’est presque « la soupe à la grimace » et la pandémie de covid-19 est venue comme pour porter l’estocade.

Alors, un « changement de logiciel » s’impose pour Denis Sassou N’Guesso, au regard de ce qu’il y a à faire, en appelant à la tâche des cadres d’expérience, outillés dans le management des hommes, avisés dans la conduite des affaires de l’État, et politiquement conséquents car les défis à relever sont immenses.

Ce faisant, il ne ferait pas de doute, de retrouver une figure emblématique du microcosme politique congolais, à la tête du nouveau gouvernement. Après tout, l’État utilise ses ressources humaines partout où la nécessité l’impose.

Vendredi 25 septembre à 16 heures, le gouvernement se réuni en conseil des ministres. Même si cette réunion intervient après celle de la coordination nationale de gestion de la pandémie de Coronavirus dont elle va à l’évidence entériner les décisions, d’aucuns se demandent, si ce conseil des ministres ne sera pas également celui des adieux pour nombre de ministre – et on en évoque un bon paquet – qui seront recalés pour le prochain gouvernement.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville