Congo : Le PCT est la seule formation politique qui privilégie le caractère national du militant (Brice Itoua)

Des propos d'une interview très étendue réalisée dimanche dernier font le bonheur des adeptes des réseaux sociaux. Brice Itoua, jeune entrepreneur de la ville océane , militant de base du Parti congolais du travail (PCT, parti au pouvoir), a choisi la toile pour parler de « l’interdépendance jeunes-vieux : conflits de générations, les attentes et désespoirs », « Doit-on ignorer les aspirations politiques des jeunes » et « Comment préserver l’harmonie entre la vieille garde et la jeunesse montante » avec des milliers d’internautes congolais. À en croire les congolais de la diaspora qui ont salué une suite d’un niveau supérieur, « c'est assez impressionnant ». « Ça va secouer », prévient-on au bord de la Seine et à Brazzaville. Nous avons sélectionné les temps forts de ce grand débat pour le bonheur de nos lecteurs.

Internaute : Que pensez-vous de l’interdépendance entre la classe juvénile et la vieille classe ?

Brice Itoua : À mon entendement, l’interdépendance jeunes-vieux est une interactivité entre jeunes et vieux, une forme d’interpénétration entre les deux couches générationnelles.

Ne constatez vous pas un conflit de générations entre ces deux couches ?

Conflit de génération non, plutôt une montée des enchères des jeunes qui deviennent de plus en plus exigeants face aux anciens.

Qu’est-ce que les anciens peuvent attendre des jeunes d’un côté, et de l’autre, il y a la jeunesse qui est entrain de perdre espoir pour ne pas être utilisée et responsabilisée ?

Je crois que le monde d’aujourd’hui évolue d’une manière vertigineuse. À présent, nous constatons un changement des mentalités du côté des jeunes dans la façon de concevoir la gestion de la cité. Nos anciens doivent capitaliser cet atout pour mettre une nouvelle touche dans la gouvernance de la chose publique.

Le Congo compte plusieurs partis politiques. Pourquoi aviez-vous choisi le PCT ? Est-ce parce que vous-vous appelez Itoua ?

Non pas parce que je m’appelle Itoua. Historiquement, le PCT est à mon avis la seule formation politique qui privilégie le caractère national du militant. Contrairement à un discours véhiculé, le PCT est une machine à connotation politique nationale. Aujourd’hui, les jeunes représentent une force très active que plus personne ne doit ignorer. Les aspirations des jeunes sont à prendre à bras le corps pour une société plus ouverte sur le monde, en harmonie avec elle-même.

La vieille classe politique pense que la jeunesse n’est pas prête à la remplacer. Êtes-vous de cet avis ?

Je ne sais sur quelle base les anciens affirment-ils cela. Je constate de plus en plus que nous sommes une jeunesse certes souvent vindicative et exigeante. Il faut plutôt voir en cela une soif de s’exprimer. Cette volonté qu'a la jeunesse de s’affirmer doit bien au contraire être canalisée par nos aînés qui bénéficient d’une forte et grande expérience.

Vous êtes très actif sur la toile en train de défendre le pouvoir, le président de la République, sa famille et les autorités du pays. D’où vous vient cette motivation. Recevez-vous des primes pour ce job ?

C’est une question d’objectivité. J’appartiens à une famille politique, je me dois d’être solidaire de son combat comme de sa gloire. Pas besoin d’être financé pour exprimer ma solidarité à ma famille politique.

Comment peut-on préservez l’harmonie entre la vieille garde et la génération montante ?

Je crois que nos aînés doivent faire une certaine place à la génération montante dans les sphères politiques et administratives afin que cette jeunesse apporte son savoir-faire. Sa vision de ce monte en mutation, auquel elle s'identifie d'ailleurs. 

Le général Jean-Marie Michel Mokoko venait de perdre sa mère. Il a sollicité 5 jours de liberté provisoire afin d’organiser les obsèques de celle-ci. Le juge d'application des peinesne lui en a autorisé que deux, soit vendredi et samedi de 9hà15h. Hélas, Mokoko a refusé, donc il ne s’est pas rendu à la veillée de sa mère. Entre les deux camps qui est dans la légalité ?

Vous dites bien que le juge d’application des peines lui a accordé deux jours. Donc il n’y a pas eu de refus. Pour le reste, seul le général Mokoko pourra nous donner les raisons de son refus. Je pense qu’il a oublié qu’il était prisonnier. Je ne suis malheureusement pas magistrat pour épiloguer longtemps sur le sujet.

Qu’est-ce que le peuple peut attendre de la FMC et du CCJ ? Les jeunes qui y sont inspirent-ils confiance ?

Dans l’esprit du concepteur, ces organes sont d’une certaine importance. Mais dans la pratique, nous attendons de voir l’opérationnalité du CCJ avant d’émettre toute hypothèse. En ce qui concerne la FMC, je reste encore sur ma soif. Je veux davantage qu’elle soit à l’avant-garde du combat pour défendre le régime que de se perdre dans une guerre d’égo entre jeunes leaders.

Le PCT célébrera ses 50 ans d’existence en décembre prochain, peu avant d'organiser son congrès ordinaire. Certains membres ont été exclus de la commission préparatoire pour ne pas avoir contribué financièrement. D’autres pensent que c’est parce qu’ils ont mené la révolution rouge, donc un règlement de comptes. Croyez-vous en à cela ?

Vous dites bien commission préparatoire. On ne peut malheureusement pas y insérer tout le monde. Si certains camarades de la fameuse révolution rouge sont membres du bureau exécutif de la FMC, ils auront la chance de participer au congrès. Pour ceux des camarades exclus parce que n’étant pas à jour dans leurs cotisations statutaires, c’est la discipline du parti. Ils doivent s’y conformer.

Ne pensez-vous pas qu’un parti à 50 ans a vieilli, donc il ne peut plus rendre ?

Bien au contraire, plus un parti vieillit, plus il a de l'expérience. Je prends des exemples tout autour de nous : L’ANC en Afrique du Sud, le MPLA en Angola, le PDCI en Côte d’Ivoire, la ZANU PF au Zimbabwe qui demeurent des formations politiques aguerries. Le PCT est comme un bon vin, il bonifie en vieillissant.

Pensez-vous qu’à l’issue de ce congrès, un jeune pourra prendre la tête de ce grand parti, ou ce sera toujours la vieille classe ?

Attendons de voir pour aviser. Ne faisons pas des projections hâtives. 

Que diriez-vous de ceux qui pensent que le PCT n’a plus d’alternance crédible à proposer ?

Ils doivent savoir faire un distinguo entre le PCT entant qu’appareil politique qui a élu un président de la République sur la base d’un programme crédible et certains dirigeants membres du PCT qui n’apportent plus des solutions idoines aux ententes des congolais. Le PCT a encore du grain à moudre pourvu que nos aînés fassent appel à la couche juvénile pour corriger certains stéréotypes.

Que pensez-vous de certains membres supposés du PCT qui dit-on s’activeraient en coulisse pour une alternance au sommet de l’État ?

Cela relève d’une indiscipline. On ne peut pas faire partie d’un navire avec un capitaine à bord et vouloir faire un saut vers l’inconnu. Si c’étaient des jeunes, on leur imposerait la discipline du parti.

Le président Denis Sassou N’Guesso est-il en mesure d’assurer une transition générationnelle au stade actuel ?

N’ayons pas la mémoire courte. Pour la première fois dans notre histoire, le Congo a connu une alternance démocratique facilitée par le président Denis Sassou N’Guesso, quand bien même des milliers de ses partisans avaient été exclus du vote. Malgré cela, il a accepté le verdict des urnes. Il aurait pu dire non et crier à la fraude électorale. Mesurez bien la dimension et la grandeur de la personne.

Enfin, pensez-vous que Denis Christel Sassou N’Guesso pourra accepter un jour de quitter le PCT, de créer et réussir de gérer un parti politique si la jeunesse congolaise le lui demandait ?

Rappelez-vous que Denis Christel Sassou N’Guesso a été dans le passé président du Pôle des Jeunes Républicains (PJR) qui était la deuxième formation politique de la majorité en termes d’élus après le PCT. Le PJR a été dissout pour répondre à l’appel d’ouverture du PCT. Denis Christel Sassou N’Guesso est donc à présent membre du bureau politique du PCT, mais n’oublions pas qu’il a été leader d’un grand parti par le passé.

Jack de MAÏSSA / Les Échos du Congo Brazzaville