Congo – Train de vie de l’État : Un décret présidentiel revoit les effectifs du personnel des représentations diplomatiques à la baisse

Un décret présidentiel signé en date du 10 octobre 2019 et publié à Brazzaville, fixe les effectifs du personnel diplomatique, consulaire et du personnel assimilé des ambassades, les missions permanentes, les consulats généraux et services techniques. Partout, les effectifs sont revus à la baisse.

Une véritable cure d’amaigrissement, c’est à tout le moins ce qui se dessine à travers le décret présidentiel qui fixe à un nombre précis, les effectifs de diplomates et personnels assimilés ou de service, dans les représentations diplomatiques ou consulaires du Congo à l’étranger. Les effectifs sont réduits au strict nécessaire, avec à l’évidence la suppression de certains postes budgétaires.

Le nombre d’agents varie entre 3 pour les consulats et 8 pour les ambassades. Seule Paris en France s’en tire avec un effectif de 16 agents, ambassadeur compris.

Toutefois, selon que les nécessités pratiques exigeraient du personnel additionnel, possibilité a été offerte aux représentations diplomatiques, notamment le chef de mission, après s’en être référées au ministre des Affaires étrangères qui le cas échéant prendra un arrêté y relatif, de recruter le personnel de certaines catégories, ceci ne devant pas excéder 20% des effectifs nommés et affectés dans les services extérieurs du ministère des affaires étrangères. Le décret précise que dans ces cas précis, le recrutement des agents locaux est réservé en priorité aux conjoints non fonctionnaires des agents faisant partie du personnel de l’ambassade, de la mission permanente ou du consulat général, aux ressortissants congolais titulaires d’un titre régulier de séjour.

Ce décret présidentiel a de quoi rappeler le vœu émis il y a deux ans de cela déjà, par Roger Ndokolo, un congolais de la diaspora, qui en son temps, parlant de l’adéquation entre les effectifs des représentations diplomatiques et les dividendes réelles pour le Congo, en terme de bénéfices multiformes, soulignait, évoquant la nécessité de « repenser le réseau des représentations diplomatiques du Congo », que : « Point n’est besoin d’une longue réflexion pour comprendre que les mêmes règles d’une bonne gestion de l’État s’appliquent mutatis mutandis à celle de la gestion des affaires internationales. Il s’agit d’atteindre l’efficacité optimum avec le minimum de moyens indispensables à cette fin.

Apparemment simple dans sa formulation, cette règle ne manque pas de complexité dans sa mise en pratique. Elle oblige à approfondir un certain nombre de questions pertinentes : d’abord quel intérêt concret et précis, présenterait pour un pays comme le Congo l’entrée en relation diplomatique avec tel autre pays ? Ensuite : cet intérêt justifierait-il l’ouverture d’une ambassade (ou d’un consulat), compte tenu des ressources nécessairement limitées du Congo et de ses priorités de développement ?

Question subsidiaire : n’y aurait-il pas d’alternatives crédibles à une représentation diplomatique permanente ? Les réponses à ces questions doivent soutenir la réflexion de nos responsables à l’heure où très justement ils ressentent la nécessité de repenser notre réseau actuel de représentations diplomatiques afin de lui donner davantage de rationalité, de consistance et de crédibilité, en relevant donc sa note d’efficacité. Avons-nous besoin d’avoir tant de représentations diplomatiques dans le monde comme cela est le cas actuellement ? Les chiffres correspondants sont bien connus des autorités, et la presse en a fait état récemment. Mais qu’en est-il du coût global de ces missions diplomatiques ? En outre, pouvons-nous évaluer le bénéfice qu’en a tiré le pays jusqu’ici par rapport aux moyens mis en œuvre et aux sacrifices consentis ? Quel est le bon profil d’un personnel diplomatique qualifié ? Nos diplomates passent-ils par un « moule institutionnel commun » qui les prépare à cette fonction ? Et combien faut-il de diplomates pour qu’une ambassade puisse fonctionner ? Leur mobilité d’un poste à un autre fait-il l’objet d’un système de rotation précis et obligatoire pour tous ? Enfin, le système d’inspection des représentations diplomatiques est-il en place et fonctionne-t-il réellement ? Que nous apprend-il sur le « rendement » de nos coûteuses ambassades ? »

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville