Congo – Sécurité : L’arme, unité de production pour des ex-ninjas reconvertis au grand banditisme

La psychose est permanente dans les quartiers périphériques de Brazzaville-sud, notamment à Mayanga où on signale de plus en plus des attaques et autres braquages à mains armées, perpétrés il va s’en dire, par des ex ninjas. La Force publique qui jusque-là usait de retenue par souci d’apaisement, met en garde : « désormais, qui s’y frotte, s’y pique ».

S’il se targuait d’être sincère et de croire en l’irréversibilité de la dynamique de la paix retrouvée dans le département du Pool, force est de constater que le ‘’pasteur Ntumi’’ aurait fait les choses à moitié, dans la recherche de cette paix.

Naguère chef de guerre, le ‘’pasteur Ntumi’’ a armé et instrumentalisé pour sa cause, de nombreux hommes et femmes qui sur fond d’une allégeance messianique, lui obéissaient au doigt et à l’œil, jurant par lui et faisant sa volonté, celle de ‘’tâta’’, le ‘’père’’, qu’il représentait à leurs yeux. Pourtant le désarmement semble avoir échappé à l’obéissance que lui vouaient ses hommes car beaucoup gardent encore des armes par devers eux.

On se souvient que le ramassage ou plutôt l’achat des armes détenues par les ex combattants, a été une action collégiale, qui a impliqué les chefs de l’ex rébellion. Aujourd’hui, force est de constater, que toutes les armes n’ont pas été rendues.

À défaut de faire la guerre contre la Force publique qui n’est plus en belligérance avec eux, des ex-ninjas du premier cercle du ‘’pasteur Ntumi’’ qui en ont fait des ‘’unités de production’’, les retournent désormais contre les paisibles populations qu’ils détroussent sous la menace de ces armes.

L’arrestation et la relaxe de Vacaro, chef du protocole du ‘’pasteur Ntumi’’, impliqué dans un braquage au quartier Mayanga, avec un butin de 4 millions de Francs CFA retrouvé chez lui, a suscité l’ire des populations qui y ont vu une faiblesse de la Force publique. Bien au contraire, le commissaire Morgan et sa hiérarchie nous affirme t-on, ont face à ce flagrant délit pour lequel force était à la loi dans la répression, voulu se donner ‘’bonne science’’ et prendre le peuple à témoin, mettant comme dans un ultime avertissement, le ‘’pasteur Ntumi’’, face à ses responsabilités, dans la gestion de ses hommes qui assurent-on, « n’auront pas une autre chance, face à des actes similaires. Face à des hommes armées dont l’attitude est imprévisible, qui s’y frotte, s’y pique », prévient-on, en guise d’ultimatum.

Là, est également engagée toute la responsabilité du ‘’pasteur Ntumi’’ à qui des populations rappellent le proverbe Kongo : « seul le propriétaire d’un chien peu en écourter la queue ».

À propos d’une éventuelle action violente de la police vis-à-vis de récidivistes ninjas qui se feraient prendre, les mêmes populations se demandent pourquoi alors que les armes avaient été rendues, certains ex ninjas en garderaient-ils encore par devers eux ? Et d’exhiber cet autre proverbe kongo : « le caïman mange celui qui plonge son pied dans le marigot ». Tout est dit.

Pour les populations, la recherche de la paix ne doit pas s’apparenter à une impunité permanente pour les ninjas en délicatesse avec la loi, surtout que beaucoup ont encore en travers de la gorge, le fait que ceux-ci n’aient pas répondu devant la justice, de leurs méfaits pendant les évènements du Pool.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville