Congo – Gouvernement : Le conseil des ministres du 26 novembre serait-il celui des adieux ?

Les membres du Gouvernement se réuniront en Conseil des ministres le lundi 26 novembre 2018, sous l'autorité du Président de la République, Chef de l'État, Son Excellence Denis Sassou N'Guesso. Cette réunion non inscrite à l’agenda gouvernemental ne manque pas d’alimenter les conversations sur l’imminence d’un remaniement du gouvernement.

Toujours annoncé dans l’opinion depuis plus d'un an, pourtant jamais opéré, le changement de l’équipe gouvernementale s’est invité soudain dans les conversations des congolais, avec l’annonce ce week-end, d’un conseil des ministres devant se tenir le lundi 26 novembre, soit 5 jours après le conseil des ministres du mercredi 21 novembre dernier.

Qu’est ce qui justifierait ce second conseil des ministres en moins d’une semaine, là est toute la question et de nombreux congolais se la posent, surtout que l’ordre du jour dudit conseil n’a nullement été précisé. Seul Denis Sassou N’Guesso qui redisons-le, en ’’ Maître du temps et des horloges’’ détient la clé de l’énigme.

Dire que le week-end sera long pour les congolais, mais surtout les ministres quelque peu pris de court. Des indiscrétions font ressortir qu’en cas de remaniement, personne d’entre eux ne sait s’il sort ou il reste, surtout que lors du conseil des ministres du 21 novembre, le président de la république aurait vertement sermonné certains ministres mis devant le fait accompli dans la gestion calamiteuse de leurs départements ministériels. Ceux-là, qui se savent à coup-sûr sur un siège éjectable passeront à l’évidence un week-end d’angoisse.

Alors, au cas où ce conseil des ministres de lundi serait-il celui des adieux, et que dans la foulée, le premier ministre Clément Mouamba rendrait son tablier, qui partirait, et qui resterait?

Il va s'en dire que le nouveau gouvernement, dont le volume reflétera celui du moule des institutions de Breton-Woods, sera une équipe resserrée, faite davantage de technocrates que de « politiques ». La particularité en sera, la concentration des portefeuilles par pôles d’intérêts.

Ainsi, de nombreux membres de l'équipe actuelle ne seront pas reconduits dans la nouvelle dont la première différence se lira aux émoluments qui seront quasiment divisés de moitié.

Alors qui partira du gouvernement ?

Un renouvellement en profondeur s'impose, selon les congolais, afin de ne pas toujours voir les mêmes personnes en pane d'imagination et de créativité aux mêmes places.

Des indiscrétions font ressortir le fait que de nombreux ministres, compagnons de route de longue date du président de la république aimeraient prendre leur retraite et ils le lui ont fait savoir. Ils sont cinq ou six et parmi eux on citerait le ministre Pierre Oba des Mines et de la géologie, bien décidé à prendre du repos.

D'autres dont les noms sont régulièrement cités dans des enquêtes en cours vont à l'évidence partir du gouvernement. Leur présence qui y perdure est déjà contre-productive, du point de vue de l'image dont ils lestent désormais l'équipe gouvernementale, notamment dans la lutte contre les antivaleurs.

À leur corps défendant, leur sortie du gouvernement leur permettra plus de liberté devant la justice pour le cas échéant, défendre leur honneur jeté en pâture, sinon répondre des faits dans lesquels ils sont cités. Sur ce plan, les plus indexés sont les ministres Jean Jacques Bouya, Gilbert Ondongo ou Emile Ouosso. Depuis quelques semaines, les noms des ministres Alphonse Nsilou et Rosalie Matondo s’y sont ajoutés en filigrane.

L'élagage du gouvernement concernera également ceux et celles qui se seront simplement illustrés par la médiocrité dans la tenue de leur ministère. Dans de nombreux secteurs les résultats parlent d'eux mêmes.

Puis, il y a ceux dont l'inexpérience et les tâtonnements, voire le manque d’ingéniosité, ont conduit à une perte de temps qui se résume à une absence de résultats.

Pour les entrants, aux cotés de ceux qui resteront, et qui sans doute se compteront cette fois-ci du bout des doigts, il faudra adjoindre d'autres à l'évidence très outillés dans leur domaine de compétence et engagés dans l'action, avec une probité et un sens de l'état irréprochables.

Il n'est pas exclu que des personnalités qui avaient quitté le gouvernement y reviennent, tout comme seraient pressentis des cadres issus de la diaspora pour y entrer.

Quant au premier ministre, la crise économique en cours et les moyens de la résorber conduiront à l'évidence à la prise de mesures et de décisions impopulaires que le nouveau chef du gouvernement devra assumer, comme une thérapie de choc, douloureuse mais indispensable et au final salutaire.

Les qualités managériales de cet homme devront se refléter dans sa capacité à conduire une équipe d’hommes et de femmes rompus à la tâche et animés de l’idéal de la reconstruction du pays, le tout sous l’action éclairée du chef de l’État.

Quoi qu'il en soit, bien malin celui qui sait ce que Denis Sassou N'Guesso entend dire aux ministres, qui eux-mêmes semblent déboussolés.

Alors, on attend. Et vivement lundi !

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville