Congo – Mausolée Marien Ngouabi : Serait-ce le cimetière privé du PCT ?

Depuis quelques années, les cadres-dirigeants du PCT décédés à Brazzaville sont inhumés au Mausolée Marien Ngouabi. Même si la pratique ne suscite pas de polémique, elle traduit tout de même une injustice républicaine, car les lieux sont jusqu'à preuve de contraire, propriété de l'État, non ceux d'un parti politique, en occurrence le Parti Congolais du Travail.

En choisissant d'inhumer le président Marien Ngouabi sur les lieux où il avait vécu et en en faisant un musée, les autorités de l'époque pensaient par ce geste, perpétuer la « gloire immortelle au président Marien Ngouabi ».

L'oraison funèbre justifiait ce choix par le fait que les jeunes générations devaient en ces lieux, avoir le témoignage de ce que « le Président Marien Ngouabi a su vivre et mourir pour un idéal. Le hasard a tenu très peu de place dans la vie de ce grand révolutionnaire».

Ce faisant, ces lieux chargés de symboles, traduisaient aux générations futures, une partie du cadre de vie du président Marien Ngouabi. Un lieu qui raconte l'histoire, si ce n'est qu'il est une des facettes « de l'histoire moderne du Congo ».

En transformant le Mausolée Marien Ngouabi, depuis quelques années, en « Carré des responsables du PCT », celui-ci cesse à l'évidence d'être ce qu'il est, « un lieu de mémoire et d'histoire » où repose le président fondateur du PCT, mais aussi de la République populaire du Congo, pour devenir un vulgaire cimetière privé.

Si tant est-il que par cette pratique, le PCT entend honorer ses cadres-dirigeants décédés, le Mausolée Marien Ngouabi devrait alors faire l'objet d'une délibération du conseil municipal de la ville de Brazzaville, le reconnaissant comme cimetière privé, pour les membres du Parti Congolais du Travail.

D'autre part, ces lieux appartenant à l'État, une régularisation foncière s'impose afin de rendre la pratique conforme aux lois en la matière.

Depuis la fermeture du cimetière du centre-ville où étaient naguère enterrés entre autres défunts, ceux qui avaient reçu les honneurs de la Nation reconnaissante, toutes obédiences politiques confondues, seul le PCT s'est fabriqué un cimetière privé pour ses défunts, « spoliant » sans le dire, le Mausolée Marien Ngouabi.

C'est ici le lieux de se demander, où est le « carré des illustres serviteurs de l'État, non membres du PCT ? » Une espèce de Panthéon à la congolaise.

Peut-être est-il temps de corriger ce qui aux yeux de beaucoup de congolais, apparaît comme une « injustice républicaine » même dans la mort, envers ceux à qui la Nation doit traduire une marque de reconnaissance, à travers le lieu où ils reposent pour l'éternité.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville