Congo – Justice : La « jurisprudence Ntoumi » induirait-elle d'élargir Jean Marie Michel Mokoko et Okombi Salissa ?

Dans une interview diffusée sur les antennes de Radio-Congo dimanche, Alain Akouala Atipo a plaidé pour une clémence présidentielle en faveur de Jean Marie-Michel Mokoko et André Okombi Salissa.

Lors du message du président Denis Sassou N'Guesso devant le parlement réuni en congrès, le 30 décembre dernier à Brazzaville, de nombreux congolais espéraient l'annonce de mesures de clémence de la part du chef de l'État congolais, à l'endroit de certains compatriotes incarcérées pour divers motifs, notamment liés à l'atteinte à la sûreté de l'État.

Abordant la question, Denis Sassou N'Guesso avait émis le vœux que la justice passe, déclarant en substance : «  Puisqu’il est question de la justice, tout en respectant le principe intangible de la séparation des pouvoirs prescrit par la Constitution, j’émets le vœu, en tant que garant des institutions, que s’ouvre, courant premier trimestre de l’année 2018, le procès des citoyens actuellement en garde à vue prolongée, accusés d’avoir troublé l’ordre public ou porté atteinte à la sûreté de l’État, au terme des scrutins référendaires et présidentiel de 2016. »

Même si les mesures de clémence présidentielle, en l’occurrence la grâce qu'il peut accorder à des tiers déjà condamnés, relèvent d'un pouvoir discrétionnaire, l'ancien ministre des Zones économiques spéciales Alain Akouala fonde son argumentaire sur « le sens de l'apaisement et de la consolidation politique », des leviers dont dispose le chef de l'État.

Les propos d'un ancien ministre et qui plus est, sur la radio nationale n'ont pas manqué de mettre en parallèle le sentiment de « deux poids, deux mesures » entre les cas Mokoko et Okombi par rapport au pasteur Ntoumi, dont les poursuites, au regard de l'accord de Kinkala, sont à l'évidence abandonnées, même si celui-ci a entre autres revendications, demandé la libération des personnes précitées.

Reste que s'inscrivant sur l'esprit du message du Président de la république qui semble « gêné » de « la garde à vue prolongée de certains citoyens », le procureur de la république, à défaut d'abandonner les charges et les poursuites, ordonne une liberté provisoire pour ces détenus qui le cas échéant resteront à la disposition de la justice, pour un procès devant s'ouvrir courant le premier trimestre 2018.

Détenu depuis  janvier 2017, André Okombi Salissa est poursuivi pour « détention d'armes et tentative d'atteinte à la sécurité intérieure de l’État».

Le général à la retraite Jean-Marie Michel Mokoko a été inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État »,  et est détenu depuis plus d'un an déjà. Avec lui, sont également détenus des proches tels, l’ancien président du Conseil supérieur de la liberté de communication, Jacques Banangandzala, Anatole Limbogo Ngoka, Jean Ngouabi.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville