Crise postélectorale au Congo : Macron a-t-il cautionné Sassou Nguesso ?

On peut se le demander au regard des signes de rapprochement formel ou informel entre le président français, Emmanuel Macron et son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso. Que ce soit à la 72e Assemblée générale des Nations Unies, en septembre dernier, ou au dernier sommet Union africaine-Union européenne, les images des Chefs d’Etat français et congolais, circulant partout sur la toile et dans les journaux ne manquent pas d’alimenter les passions en cette fin d’année 2017.

Les militants du régime les brandissent ostentatoirement comme un trophée, une preuve de caution de l’élection de Denis Sassou Nguesso par la France. Pourtant les poignées de mains et autres photos d’Emmanuel Macron, posant avec Denis Sassou Nguesso sont présentées par l’opposition qui écume de rage comme de vrais montages destinés à tromper l’opinion. Et la colère de l’opposition est telle que l’idée d’un complot international ourdi par l’ancienne puissance colonisatrice au nom de la défense des intérêts français n’est pas exclue.

Pourtant, à y regarder de près, on s’aperçoit que malgré la politique attentiste de la France, évitant de frustrer les deux parties en conflits à Brazzaville, on peut remarquer qu’Emmanuel Macron joue avec extrême habileté dans la reconnaissance de Denis Sassou Nguesso comme Président élu du Congo.

Les poignées de mains et autres rencontres informelles entre les deux présidents participent plus de la reconnaissance de Sassou Nguesso que de sa mise à l’écart comme l’a toujours prétendu l’opposition congolaise. Laquelle opposition refuse de voir la réalité pourtant trop crue à ces yeux.

Surtout que le président congolais se pose en véritable Porte-parole des Chefs d’Etats africains dans les politiques d’adaptation climatique. Et au nom justement de cette lutte contre les changements climatiques qui propulse Denis Sassou Nguesso au-devant de la scène, ce que craint désormais l’opposition c’est sa mise en quarantaine à Brazzaville. Car la France semble avoir déjà reconnu le pouvoir en place au Congo, la realpolitik faisant loi.

Edwige KISSINGER / Les Echos du Congo Brazzaville