Le président congolais, Denis Sassou Nguesso a lancé vendredi à Brazzaville, un appel à « la retenue » aux Kenyans, leur demandant de s’abstenir de verser dans la violence en vue de préserver « l’intérêt supérieur de leur pays ».
«En ma qualité de président de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et au nom de tous les pays membres de cette institution, je lance un vibrant appel à l’ensemble des forces vives de la République du Kenya, principalement au gouvernement, aux partis politiques, aux organisations de la société civile, à la force publique, aux jeunes, aux candidats et à la commission indépendante des élections, pour que soit sauvegardé, dans la retenue, l’intérêt supérieur de leur Nation », a déclaré le numéro un congolais dans une déclaration dont une copie est parvenue à notre rédaction ce samedi.
Cette déclaration du chef de l’Etat congolais intervient au lendemain d’une élection présidentielle émaillée de violences et d’affrontements entre forces de l’ordre et opposants qui se sont soldés par au moins quatre morts, selon des sources hospitalières et policières.
Ravivées par l’appel au boycott lancé par le principal opposant, Raila Odinga, les tensions ont été telles que le scrutin a été reporté pour ce samedi dans quatre comptés (Homa Bay, Kisumu, Migori et Siaya) . Situés tous à l’ouest du pays, ils sont des bastions de l’opposition et celle-ci est parvenue à y empêcher le vote.
Déplorant « les tentatives insurrectionnelles de déstabilisation des institutions républicaines établies » orchestrées par certains Kenyans, Denis Sassou Nguesso avertit qu’un « mode opératoire qui exploite et instrumentalise, de manière éhontée et irresponsable, les peurs injustifiées de l’autre, les clivages ethniques et les insatisfactions conjoncturelles ne conduit, le plus souvent, qu’à la guerre civile et au chaos ».
«L’alternance au pouvoir doit progressivement constituer des grands moments d’expression démocratique dans la région des Grands Lacs. L’accession à la magistrature suprême relève de la souveraineté des peuples », a-t-il souligné avant de relever « la nécessité de tenir des élections crédibles et apaisées dans les Etats membres de la Conférence internationale sur les Grands lacs» dont le Kenya fait partie.
Le protocole de cette organisation sous-régionale signé justement à Nairobi au Kenya le 15 décembre 2006 « encourage, rappelle Sassou Nguesso, l’ensemble des Etats membres de la CIRGL à observer les principes démocratiques, y compris l’accession au pouvoir par des élections périodiques, libres et transparentes. »
Le président congolais avait été désigné par ses pairs africains, au terme des travaux de la 7e session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CIRGL tenue la semaine dernière à Brazzaville, médiateur dans la crise kenyane avec invitation de « rendre rapidement » dans ce pays. Pour des raisons d’agenda, il n’a pas pu le faire.
Germaine Mapanga