Congo – Passeports diplomatiques : Le trafic qui dérange

Des cadres et agents du ministère des affaires étrangères arrêtés ou entendus à la Direction de la Sécurité du Territoire, l'affaire dite du trafic des passeports diplomatiques prend des proportions dérangeantes pour la diplomatie congolaise.

Pour une diplomatie agissante et réactive, et afin d'en fluidifier les rapports avec les autres pays, le Congo a signé avec de nombreux États, notamment de l'espace Schengen, des accords de dispense de visas pour les personnalités détentrices du passeport diplomatique.

Cette dispense de visas pour se rendre dans certains pays telle la France, a donné des idées à certains esprits véreux qui dans les dos du ministre des Affaires étrangères, auraient monté un réseau de trafic de passeports diplomatiques, délivrés à des personnes n’entrant absolument pas dans le cadre de la réglementation en vigueur. Même des étrangers en seraient détenteurs.

Selon un décret présidentiel de 2008, les passeports diplomatiques doivent être "attribués sous la seule responsabilité du ministère des Affaires étrangères qui en assure le contrôle et la conservation".

Le même décret précise également que ce passeport doit être attribué aux personnes congolaises ayant la qualité de diplomate ainsi qu’à leur conjoint et enfants tant qu’ils sont mineurs.

Toutefois,  l’article 7 dudit décret, autorise le ministre, "pour des raisons d’État, à accorder le passeport diplomatique à toute personne discrétionnairement. C'est ainsi que des anciens chefs d'État ou anciens ministres, voire de hauts fonctionnaires en sont souvent dotés. 

Face aux proportions prises par cette affaire, notamment auprès de certaines représentations consulaires au Congo, les services de renseignements congolais sont montés au créneau.

De nombreux cadres et agents du Ministère des Affaires étrangères et de la coopération, chargé des congolais de l'étranger seraient arrêtés, d'autres seraient entendus en garde-à-vue.

Moyennant finances, ils accordaient des passeports diplomatiques à des tiers. Un business juteux.

Bertrand BOUKAKA