Le Président français n'a pas mâché ses mots. Interrogé dans une émission spéciale sur la Francophonie diffusée samedi sur France Inter, Emmanuel Macron a livré un plaidoyer pour l’immigration. Et répondu à distance à son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a estimé qu’elle n’était « pas une chance » et une bonne chose pour la France.
C’est «résolument en contradiction (...) avec la réalité», a dit le président de la République française.
«On peut décider qu'on aurait beaucoup mieux fait de la physique nucléaire sans la polonaise Marie Curie (...), que l'on aurait pu danser beaucoup mieux sans Charles Aznavour, etc.», a-t-il argué.
«Les binationaux sont des millions dans notre pays, les Français issus de l'immigration au moins autant, ceux qui sont issus d'immigration au moins autant. C’est notre richesse, c'est une force», a dit le président.
«La difficulté du moment, c'est comment on arrive à lutter contre les trafiquants d'êtres humains, ces filières d'immigration clandestine.» Pour le chef de l'État, qui faisait notamment référence au droit d'asile, il faut que «le pays qui accueille garde son hospitalité et que ceux qui sont accueillis (soient) bien accueillis, c'est-à-dire qu'ils (puissent) avoir des conditions matérielles, éducatives qui font qu'ils peuvent bâtir leur vie».
«Est-ce que l'immigration c'est mauvais ? La réponse est non. Ça dépend. Est-ce que l'immigration du continent africain, elle est mauvaise en général ? En vrai, pas totalement», a résumé Emmanuel Macron, dont les propos ont été enregistrés le 1er octobre dernier.
«Le continent africain, honte à nous, touche aujourd'hui plus par les retours privés des immigrés en Europe que par l'aide publique au développement des Européens», a-t-il souligné.
«Tout cela est beaucoup plus complexe qu'on ne veut le dire», a encore fait observer le président, en notant la «tension éthique et politique» permanente sur le sujet.
On rappelle que le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale sa priorité, a annoncé récemment son intention de rétablir un délit de séjour irrégulier, d'étendre le délai en centre de rétention des étrangers en situation irrégulière jusqu'à sept mois ou encore de renforcer les contrôles aux frontières, «notamment sur des points névralgiques».
Le nouveau locataire de la place Beauvau a aussi annoncé vouloir diminuer les droits sociaux des migrants afin «d'être moins attractif».
Des mesures qui semblent répondre à la volonté du Premier ministre français, Michel Barnier de «maîtriser» l'immigration, même si le successeur de Gabriel Attal est resté plus vague lors de son discours de politique générale mardi dernier.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville