Quand ils se découvrent atteints du sida, de nombreux africains vivant en France se ruinent auprès des pasteurs, espérant une guérison-miracle. Les statistiques actualisées relèvent une progression de l'épidémie auprès des africains venant du Cameroun, de Côte d'Ivoire, des deux Congo et du Mali.
Les populations étrangères vivant en France sont trop longtemps restées absentes des programmes de recherche sur le sida et des politiques de prévention. Cette absence avait ses justifications. La crainte de voir stigmatisées ces populations. Depuis, les choses ont changé.
Au cours des dernières années, les institutions publiques françaises, comme les associations de lutte contre le sida ont accepté d’affronter une réalité mettant en évidence le poids croissant des populations étrangères – notamment celles provenant du continent africain – dans l’épidémie de VIH/sida.
Parmi les personnes diagnostiquées séropositives sur l’ensemble du territoire français, 48,3 % sont domiciliées en Ile‑de‑France. Le nombre de cas rapporté à la population est quatre fois plus élevé dans la région francilienne qu’en province, soit 46,6 cas pour 100000 habitants en Ile‑de‑France contre 11,5 en province.
Les personnes qui découvrent leur séropositivité plus de quatre personnes sur dix (41,5 %) sont originaires d’Afrique subsaharienne contre à peine plus d’une sur cinq (22,4 %) en province. Dans cinq départements franciliens, à savoir Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Essonne et Val-d’Oise –, plus de la moitié des cas de VIH diagnostiqués depuis 2003, l’ont été chez des personnes originaires d’un pays du sud du Sahara.
Auprès de nombreux africains originaires de sud du Sahara, l’activité sexuelle est très intense et les comportements de prévention quasi aléatoires, en dépit des connaissances relatives au dispositif de dépistage du VIH, ainsi que la fréquence du recours aux tests et aux circonstances qui les motivent.
Les africains qui ont découvert leur séropositivité entre 2003 et 2016 étaient principalement originaires du Cameroun et de Côte‑d’Ivoire, qui sont, par ailleurs, les deux pays d’émigration qui enregistrent les niveaux de prévalence les plus élevés (respectivement 5,4 % et 7,1 %), suivis des deux Congo et du Mali, la RD Congo volant d'une courte tête, la vedette à son voisin le Congo-Brazzaville.
La publication des résultats des enquêtes permet de mieux connaître les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH/sida, des populations africaines vivant en France et permet de franchir une étape supplémentaire vers une meilleure prise en compte de leurs réalités.
Le principe d’égalité républicaine cher à la France qui reconnaît les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion, commande la prise en charge de toute personne diagnostiquée malade.
Au cours des dernières années, les choses ont évolué, les institutions publiques, comme les associations de lutte contre le sida ont accepté d’affronter une réalité mettant en évidence le poids croissant des populations étrangères – notamment celles provenant du continent africain – dans l’épidémie de VIH/sida.
Déjà, de nombreux pays intègrent la dimension santé dans les critères d'immigration, notamment dans l'octroie ou pas aux demandeurs de visas, pour les maladies tels le VIH-Sida.
Entre 10 et 15% des migrants originaires d’Afrique subsaharienne dont le dossier d’étranger malade est accepté par l’Office de l’immigration et de l’intégration de Toulouse (OFII), sont atteints par le virus du Sida, selon le Dr Ferjani, rapporte la "Dépêche du Midi". Ainsi, une soixantaine de cas seraient détectés chaque année dans la seule région de Toulouse.
Cela a de quoi faire réfléchir et inciter aux changements de comportements qui se résument au triptyque Abstinence, fidélité ou port du préservatif.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville