France - « Pénélope-Gate » : Mais d’où peut bien venir le coup contre François Fillon?

Suite à la révélation du "Pénélope-Gate", le camp Républicain s'interroge sur la provenance de l'attaque, tout en formulant de nombreuses hypothèses, certaines jugées "farfelues", d'autres étant considérées comme plus crédibles.

À qui profite le crime, ainsi raisonnent les enquêteurs chargés d'élucider une affaire, dans le cas de celle dans laquelle sont empêtrés François Fillon et son épouse.

Pour ceux qui veulent s'adonner à ce jeu de polars, le coupable serait un parent ou un proche ami de la famille. C'est là que mènent les indices, si tant est-ils qu'ils sont crédibles. Alors, on procèdent par élimination, partant du coupable potentiel au probable, voire à l'improbable.

Rachida Dati, tout comme Henri Guaino, ont été privés de l'investiture de leur parti pour les prochaines législatives. Ils pourraient avoir intérêt de voir chuter François Fillon.

L'hypothèse de l'intervention de l'une ou l'autre de ces deux personnalités peut être crédible. Pourtant, ceux qui connaissent Henri Guaino ne croient pas que ce genre d'attaque soit dans son caractère même s'il pourrait nourrir l'espoir de remplacer au pied levé un Fillon déstabilisé.

Quant à Rachida Dati, n'a-t-elle pas dit elle-même qu'elle ferait "la guerre à François Fillon", furieuse d'avoir été éjectée de la 2e circonscription de Paris que François Fillon a décidé, on se demande pourquoi d'ailleurs, de laisser, s'il est élu, à Nathalie Kosciusko -Morizet ?

En bref, l'hypothèse Guaino semble peu crédible, tandis que l'hypothèse Dati paraît crédible. 

Le calendrier des révélations n'est pas lui non plus fortuit. Dans les présidentielles françaises, c'est entre le 20 et le 30 janvier précédant l'élection que se font les mauvais coups : c'est dans cette fenêtre de tir que Chirac avait éliminé Raymond Barre en 1988 puis Édouard Balladur en 1995. D'autre part, cela tombait comme par hasard, juste avant le grand discours que François Fillon devait prononcer à la porte de la Villette le 29 janvier.

Il y a aussi les différents vaincus de la primaire. Auraient-ils réellement un intérêt à voir chuter François Fillon? Une chute ou un empêchement de ce dernier pourrait-il leur profiter? Ici, le « premier dauphin » Alain Juppé, potentiel successeur du « mister » Fillon a récusé cette éventualité, balayant du même coup les éventuelles suspicions, même s'il lui est toujours resté en travers de la gorge le fait que ses partenaires à la primaire lui aient rappelé ses démêles judiciaires qu'il a toujours traînés comme un boulet.

Et si le coup venait de l’Élysée ? Ici, Jean Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Élysée, proche d'Emmanuel Macron, nourrit des rancœurs à l'égard de François Fillon, notamment suite à ce qui a été appelé "l'affaire Jouyet-Fillon".

À moins que ce ne soit lui. Lui que nul enquêteur ne soupçonnerait, mais qui a la haine tenace et sait rendre coup pour coup, comme on savait le faire dans l'ancien bloc de l'Est au siècle dernier.

Lui dont les nombreuses mises en examen ont été placées dans la balance par François Fillon, en comparaison avec le général De Gaulle. Ravageur et déstabilisant le coup, pour le gaulliste qu'il se prévalait.

Lui qui a parfait la stature politique de François Fillon en le gardant 5 ans durant à la primature.

Comme Hollande pour Macron, lui, Nicolas Sarkozy a eu son Brutus en François Fillon. La référence à De Gaulle pour le couler, le mot de trop, l'insubordination impardonnable, pour l'homme qu'il a contribué à façonner, et dont il sait qu'il n'est pas aussi « clean » qu'il prétend l'être. Alors, « rira bien, qui rira le dernier ».

Mais, ce ne sont que pures hypothèses.

Benoît BIKINDOU