Les autorités de transition au Mali ont dissous mardi 13 mai, l'ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique. Une décision dénoncée par l’opposition politique. Il existe à ce jour environ 300 partis politiques recensés au Mali.
Cette décision, redoutée par l'opposition depuis plusieurs semaines, marque un tournant autoritaire dans la transition en cours au Mali.
Les autorités avaient déjà abrogé la Charte des partis, qui définissait les bases juridiques, morales et organisationnelles des formations politiques, encadrant leur création, leur fonctionnement et leur financement.
En l’absence de cadre juridique renouvelé, toute forme d’expression politique organisée devient de facto illégale.
Le décret présidentiel va plus loin en interdisant toute réunion de membres de ces formations désormais dissoutes. Il précise toutefois que les responsables politiques ou administratifs en poste peuvent continuer à exercer leurs fonctions, mais sans se prévaloir de leur appartenance partisane ou d’un quelconque statut politique.
Cette mesure s’inscrit dans la continuité des recommandations issues d’une concertation nationale tenue fin avril. Cette dernière, largement dominée par des soutiens du régime la plupart des partis d’opposition ayant boycotté l’événement, avait suggéré de durcir les conditions de création des partis, voire de les dissoudre. Elle avait aussi proposé de maintenir à la tête de l’État le général Assimi Goïta, chef de la junte, sans passer par une élection, pour un mandat de cinq ans, renouvelable.
Les militaires au pouvoir ont renoncé à leur engagement de transférer le pouvoir à un gouvernement civil élu en mars 2024.
L'opposition, déjà fragilisée par des poursuites judiciaires, des suspensions d’activités et un climat hostile à toute voix dissonante, se trouve désormais réduite au silence dans un contexte national toujours marqué par l’insécurité jihadiste et une crise économique profonde.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville