Avant même que Téhéran ne lance sur Israël un déluge de missiles mardi, l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad a fait des déclarations stupéfiantes. Une équipe d'agents doubles israéliens auraient investi les services secrets iraniens anti-Mossad, pendant plusieurs années. Ces révélations permettent de comprendre pourquoi Israël a atteint avec autant de facilité la structure de commandement du Hezbollah, jusqu’à en tuer le chef ainsi que des commandant qui prenaient part à une réunion ultrasecrète.
Il s'agit de l'une des plus grosses affaires d'espionnage de notre temps. L'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est illustré Le lundi 30 septembre par une déclaration fracassante à CNN Turk. Selon lui, le chef d'une unité des services secrets iraniens anti-Mossad (les services secrets israéliens), s'est avéré être lui-même un agent israélien.
Un rebondissement particulièrement embarrassant pour Téhéran, d'autant que 20 autres agents de l'équipe des services secrets chargés de surveiller les activités d'espionnage israéliennes se seraient également retournés contre l'Iran.
Si le chef de l'unité de contre-espionnage a été démasqué en 2021, lui et toutes les autres taupes présumées du Mossad ont pu fuir le pays et vivent maintenant en Israël, où ils ont pu fournir aux autorités juives des informations fondamentales sur le programme nucléaire iranien, selon Mahmoud Ahmadinejad.
Ainsi la petite équipe d'agents doubles serait à l'origine d'un certain nombre de succès des services israéliens en Iran, tel que le vol en 2018 de documents relatifs au programme nucléaire, portés à la connaissance du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Espionnage et contre-espionnage au cœur des tensions au Proche-Orient
Si les faits avancés par Mahmoud Ahmadinejad, qui n'a pas fourni de preuves, n'ont pas été confirmés du côté israélien où de nombreux médias ont tout de même rapporté l'affaire, la méfiance de Téhéran sur les activités d'espionnage de Tel Aviv en Iran n'est pas nouvelle.
Téhéran affirme régulièrement mettre au jour des espions israéliens.
En janvier 2024, la République islamique a exécuté par pendaison quatre hommes arrêtés en 2022 sur des soupçons d'espionnage pour le compte de l'État hébreu. Ils étaient accusés d'avoir coopéré avec les services d'espionnage israéliens dans un projet de sabotage d'un site de la défense iranienne.
En août 2023, l'Iran avait affirmé avoir déjoué un projet "très complexe" initié par le Mossad de "sabotage" de son industrie de missiles balistiques.
Quelques mois plus tôt, en février, Téhéran avait accusé Israël d'être responsable d'une attaque par drone d'un site militaire à Ispahan.
La déclaration de l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad est intervenue quelques heures après la confirmation par le Hezbollah, soutenu par Téhéran, de la mort de son leader historique Hassan Nasrallah de la main d'Israël.
Selon une source libanaise du Parisien, l'État hébreu a pu procéder à son élimination grâce aux informations d'une taupe iranienne, qui a informé les services israéliens de l'arrivée du chef de l'organisation dans son QG dans la banlieue sud de Beyrouth. Les pilotes de Tsahal ont alors lâché six bombes de 2 tonnes chacune sur le lieu indiqué.
Depuis l'assassinat par Tel Aviv d'Hassan Nasrallah, la réponse iranienne se faisait attendre, certains observateurs se questionnant même sur l'abandon du Hezbollah par Téhéran.
Lundi 30 septembre, la République islamique a d'ailleurs affirmé qu’elle ne déploierait pas de combattants au Liban et à Gaza pour affronter Israël. "Les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l’agression du régime sioniste", avait déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne.
La riposte n'a finalement attendu que quelques heures. Dans la nuit de mardi à mercredi, l'Iran a tiré environ 180 missiles en direction d'Israël.
La plupart auraient été interceptés par le système de défense aérienne israélien Dôme de fer, Tsahal ayant anticipé une attaque iranienne de grande ampleur.
L’Iran assure de son coté avoir touché de nombreuses cibles visées.
Une chose est au moins sûre, Tsahal a interdit à quiconque de diffuser des vidéos ou des images des lieux d’impact, au risque de poursuites pour atteinte à la sûreté de l’État, car ce serait donner à l’Iran des indications pour corriger ses tirs.
Les médias iraniens ont rapporté que l’armée iranienne avait utilisé pour la première fois des missiles hypersoniques Fattah contre Israël.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville