Quels engagements pour le climat ? (Par Roger Ndokolo)

Du 10 au 14 décembre 2017 à Paris, quatre jours ont été dédiés à des échanges au plus haut niveau sur le climat. Le moment décisif a été le One Planet Summit du 12 décembre. Certaines des décisions qui ont été prises sont de nature à changer les règles du jeu climatique.

 Il y aura un avant et un après One Planet Summit. Ce rendez-vous a indéniablement accéléré la mobilisation pour le climat. Début décembre, Madame Laurence Tubiana, présidente de l’European Climate Foundation, appelait à ce que ce sommet fasse entrer l’Accord de Paris dans l’économie réelle. Dans le même état d’esprit, de nombreuses ONG réclamaient plus simplement de passer des « paroles aux actes ». Elles ont été écoutées. Cinq annonces l’illustrent.

Air Liquide, Airbus, Axa, Danone, EDF, L’Oréal, SNCF, Veolia… Les grandes entreprises françaises mettent 300 milliards d’euros sur la table

91 entreprises, représentant 1 500 milliards d’euros de chiffres d’affaires et plus de 6 millions d’emplois directs, ont lancé le French Business Climate Pledge. Ensemble, elles annoncent des investissements massifs pour passer à une société bas carbone. À cela, elles ajoutent 220 milliards d’euros de financements de projets contribuant à lutter contre le changement climatique, 15 milliards d’euros dans le nucléaire et 30 milliards d’euros dans le gaz.

Après le charbon, les banques françaises mettent les sables bitumineux à l’Index

Une observatrice de la finance climat commente : "Les sables bitumineux, c’est le nouveau charbon". Portées par la COP21 de 2015, plusieurs banques avaient commencé à exclure les entreprises trop impliquées dans le charbon. A l’occasion du One Planet Summit, c’est encore le cas avec les sables bitumineux. Coup sur coup, BNP Paribas, Crédit Agricole, Société générale et Natixis ont annoncé qu'elles ne financeraient plus ces activités, ni pour certaines, les infrastructures de transport qui y sont associées. Notons que le premier assureur mondial Axa a pris le même engagement.

Pétrole et gaz, c’est fini pour la Banque mondiale

Dans l’après-midi du 12 décembre, durant le sommet mondial, la Banque mondiale a fait une annonce spectaculaire. Une annonce soigneusement conservée secrète : la plus grande banque multilatérale au monde stoppera dès 2019 le financement de la production du gaz et du pétrole. Ce n’est pas tant le volume qui est important que le symbole affiché : les financements de la Banque mondiale vers l'industrie pétrolière et gazière ont représenté environ 1,6 milliard de dollars en 2016, à comparer aux plus de 400 milliards investis dans le secteur l’année passée. C’est pourquoi l’ONG Greenpeace a pu affirmer que "la fin approche clairement pour l'industrie du gaz et du pétrole".

« Conduite accompagnée » pour les 100 plus gros émetteurs de CO2 de la planète

100 entreprises mondiales sont responsables directement ou indirectement de 80 % des émissions de CO2 de la planète. L’initiative Climate100+ a décidé de s’attaquer au problème à la racine. 225 investisseurs mondiaux, représentant 26 300 milliards de dollars d’actifs (plus de dix fois le PIB de la France), ont décidé de les mettre sous surveillance. Il s’agira d’abord de les aider à mettre en place des stratégies de baisse des émissions et de reporting transparent sur le climat. Si elles jouent le jeu, elles pourront sortir de "la liste des ennemis du climat". Dans le cas contraire, les investisseurs useront de leur pouvoir d’actionnaires pour sanctionner les « fautifs ».

Malgré le choix du Président des Etats-Unis, le reporting climat devient la règle

L’acronyme TCFD a été l’un des plus prononcés au cours des quatre jours climat de Paris. Il signifie Task Force on Climate Disclosure. Ce groupe de travail du conseil de stabilité financière du G20 propose aux entreprises des lignes directrices de reporting sur le climat. Mais ses conclusions sont rejetées par l’administration américaine, ce qui retarde leur adoption par les pays. Malgré ce rejet, 237 entreprises, représentant 6 300 milliards de dollars de capital, se sont engagées à les appliquer. Une démarche volontaire qui est attendue par de nombreux investisseurs. Parmi les entreprises engagées, on retrouve de très grandes entreprises appartenant à des secteurs différents : Coca-Cola, EDF, Deloitte, Dow Chemical, Société générale ou encore Axa.

Il est à signaler que l’Agence française de développement (ADF) a signé des accords avec l’île Maurice, les Comores, le Niger et la Tunisie pour les accompagner dans l’adaptation aux impacts du dérèglement climatique (systèmes d’alerte, de lutte contre l’érosion, etc.). Ces signatures s’inscrivent dans le cadre d’un dispositif annoncé en mai 2017, destiné à accompagner 15 pays en développement et doté de 30 millions d’euros sur quatre ans.

Roger Ndokolo Président du parti du centre UNIRR (Union pour la Refondation Républicaine)