Au Congo-Brazzaville, la production pétrolière et minière connaît un accroissement ces 5 dernières années avec une contribution significative au budget national. Ce secteur reste le pilier de l’économie du pays. Cependant, le rythme de l'exploitation pétrolière et minière inquiète tant les populations congolaises que les acteurs de la société civile. Les conséquences sur l’environnement sont de plus en plus dévastatrices. En plus d’impacts environnementaux sur l’air, le sol ou la végétation, l’activité minière menace la nappe phréatique. À chaque fois que l’exploitation arrive à une nappe, l’entreprise doit vider l'eau pour éviter que la mine ne soit noyée. Pendant ce temps, les ressources en eau s’épuisent. Devant ce paradoxe, l’Association pour le respect du droit des populations autochtones, du développement durable et du droit de l’homme (ARPA2DH) qui a publié, samedi 3 mai, une enquête qu’elle a menée, ces derniers mois, auprès de quatre entreprises, essentiellement chinoises, qui exploitent notamment le pétrole et les mines dans trois départements du sud du pays, appelle l’État congolais à rationaliser l’exploitation minière et pétrolière pour éviter que le pays ne soit avalé par ses mines et son pétrole.
L’ ARPA2DH est préoccupée par le constat qui ressort de l'enquête, à savoir le manque de consultations des populations et le manque d’études environnementales et sociales.
« Les études d’impact environnemental et social n’ont pas été faites, non plus. C’est ce que nous avons constaté sur le terrain et cela a eu beaucoup de conséquences comme la pollution de l’eau. À titre d’exemple, quand vous arrivez à Tchiminzi et Tchitondo, l’entreprise Wing Wa [société chinoise qui exploite un champ pétrolier on shore, NDRL] a des produits toxiques qu’elle pompe chaque soir et cela dégrade les toitures des populations. À partir de 18h00, ces populations ne peuvent pas rester dans les cours de leurs parcelles. Elles sont obligées de s’enfermer dans leurs maisons. Et, tous les trois mois, elles sont obligées de changer les toitures de leurs maisons. Les problèmes que nous avons constatés sont nombreux », a déclaré Blanchard Cherotti Mavoungou, président de l’Association pour le respect du droit des populations autochtones, du développement durable et du droit de l’homme, sur Rfi.
Le Congo-Brazzaville ne peut cependant pas se permettre d’arrêter l’activité pétrolière dans le département du Kouilou. Membre de l’OPEP, son pétrole représente 90% de ses exportations et 50% de ses revenus. Officiellement il produit actuellement 350.000 barils de pétrole par jour, troisième producteur d'Afrique subsaharienne, loin derrière le Nigeria et l'Angola.
Qu’il s’agisse des populations autochtones délaissées, ou des victimes des rejets de l’orpaillage dans la Sangha, dans la cuvette ouest, dans le Niari et la Bouenza, avec des cours d’eaux souillées par des sociétés chinoises, à ceux de Dimonika dans le Mayombe, où ailleurs encore où se posent des problèmes d’environnement au mépris des lois de la République, les Congolais souhaitent que ceux qui ont la moindre parcelle d’autorité dans ce domaine, agissent promptement au profit des populations et du Congo, pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui.
Dans le cadre du renforcement de la gouvernance et de l’efficacité du secteur minier au Congo-Brazzaville, il est mis en place des inspections départementales des mines et de la géologie, sur l’ensemble du territoire national pour traquer les indélicats, selon une note de service signée le 29 avril 2025, par le ministre d’Etat, ministre des Industries Minières et de la Géologie, Pierre Oba.
Ces inspections départementales, qui doivent garantir la régularité des activités minières, le respect des normes de sécurité et des réglementations environnementales, ainsi que des droits des travailleurs, auront pour missions principales de :
Organiser et participer aux inspections minières et en assurer le suivi dans les zones minières, recevoir, vérifier et informer l’inspecteur général des plaintes, irrégularités, infractions et fraudes relatives à l’activité minière, contrôler la régularité et la conformité, au code minier, des activités des artisans miniers, des sociétés de mines à petite échelle et des sociétés minières industrielles, contrôler et évaluer l’activité et le fonctionnement de la direction départementale.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville
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