Le Congo déterminé à sortir du tout-pétrole, l’agriculture pourrait être la meilleure solution

Au Congo-Brazzaville, la rente pétrolière a tendance à baisser. Dans ce contexte, les autorités congolaises entendent faire passer le message de la diversification de l’économie pour sortir du tout-pétrole. L’agriculture pourrait être une solution, mais ce secteur a été délaissé pendant des années et le pays importe plus de la moitié de l’alimentation de ses habitants.

Les conditions climatiques sont très favorables au développement de l’activité agricole au Congo. Le climat chaud et humide où alternent saisons sèches et saisons des pluies offre au pays un fort potentiel agricole. Tout pousse. Jetez une graine, le lendemain vous aurez un fruit.

Le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, a relevé, lors du Conseil des ministres qui s’est réuni, mercredi 18 septembre 2019 au Palais du peuple à Brazzaville, que notre pays, qui dispose d’environ 10 millions d’hectares de terres fertiles et bénéficie de conditions climatiques et géographiques pourtant favorables, n’exploite ces atouts que pour une part très insuffisante.

Aujourd’hui, sur les étals des commerçants, les fruits et légumes sont pour la plupart importés de l'étranger.

Le ministère de l’Agriculture, Henri Djombo a soumis à l’examen méticuleux du Conseil des ministres, la création des outils de gouvernance des sous-secteurs de l’agriculture et de l’élevage d’une part, de la pêche et de l’aquaculture d’autre part. Ces outils sont indispensables dans l’optique d’améliorer leurs performances respectives, afin qu’ils concourent de manière effective à la diversification de l’économie nationale.

Aussi, et afin de remédier à cet état de fait, le chef de l’Etat a invité le gouvernement à soumettre à l’examen et adoption du Conseil des ministres, et ce dans les meilleurs délais, un plan de relance globale de l’agriculture congolaise. Ce plan fera l’objet d’un débat d’orientation, enfin, il devra logiquement considérer les deux agences en création comme deux des instruments privilégiés de l’action publique dans ce secteur important pour la diversification économique du Congo.

Les problèmes que rencontre le Congo dans le domaine agricole sont ceux de nombreux pays africains. Ces pays sont victimes d’une faible productivité et de l’insuffisante compétitivité de leur agriculture. Faute de pouvoir résister à la concurrence des importations de produits agro-alimentaires en provenance des pays où l’agriculture est déjà grandement moto-mécanisée, de nombreux paysans quittent leurs villages d’origine et migrent vers les villes.

Certes, nos agricultures souffrent de devoir être pratiquées dans des conditions agro-écologiques très contraignantes ; mais les solutions techniques ne manquent pas cependant pour les surmonter avec succès et les paysanneries ont déjà maintes fois fait preuve d’un grand savoir-faire en la matière.

Contrairement à une idée encore très largement partagée, ce n’est pas nécessairement en ayant recours à son tour à la motorisation de leur agriculture que les paysans africains pourront facilement combler leur retard de productivité. Le risque est en effet de substituer purement et simplement des machines à la main-d’œuvre sans que celle-ci ne puisse trouver du travail rémunérateur.

Le plus important serait plutôt de faire en sorte que nos paysans aient les moyens et l’intérêt de réorienter à leur profit les cycles biochimiques de l’eau, du carbone, de l’azote et de maints éléments minéraux, dans le cadre de systèmes de culture et d’élevage étroitement associés et respectueux des grands équilibres écologiques.

Notre pays doit viser la sécurité nutritionnelle et l’autosuffisance alimentaire. Le gouvernement doit donc mettre en place les moyens pour encourager les grands investissements et pour aider les petits producteurs car le problème est d’abord celui de l’encadrement et du financement. Il faut favoriser un accès aux entrants, aux marchés et aux technologies.

Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville