Congo – Infrastructures routières : Quel suivi pour nos ouvrages d'art?

Les travaux sur d'un pont, un tunnel un viaduc ou encore une route, ne s’achèvent pas avec son ouverture au public. Des services assermentés doivent s'assurer, à fréquence convenue, que l'ouvrage obéit toujours aux normes de sécurité consécutives au trafic dont il est soumis, et apporter le cas échéant, les réparations qui s'imposent en temps et en heure.

L'accident survenu ces jours derniers à Gênes en Italie, interpelle sur la préservation de nos ouvrages d'art, ainsi que leur fréquence d'inspection. Un viaduc d'environ 45 mètres de haut s'est effondré mardi 14 août à 11h40 sous une pluie battante à Gênes dans le nord de l'Italie. Surnommé pont Morandi, du nom de son architecte, l'édifice construit dans les années 1960 avait fait l'objet de nombreux travaux en 2016.  On a enregistré une quarantaine de morts et un peu plus d'une vingtaine de disparus.

L'effondrement de ce viaduc qui de par le trafic auquel il était soumis, est sans commune mesure avec les routes, ponts et autres viaducs du Congo, interpelle tout de même.

Au Congo, la fin de chantier d'un pont ou autre ouvrage d'art, intervient après l'inauguration. Presque personne ne se préoccupe ensuite du maintien en état de l'ouvrage, ou encore de son entretien. Bien souvent, c'est lorsque les dégradations sont bien avancées, que sont conduites des missions d'État pour trouver des solutions à l'évidence onéreuses, pour sauver l'ouvrage.

Les dernières dégradations sur la route lourde Brazzaville-Pointe-Noire, par le ravinement dangereux menaçant de couper la route à hauteur du village Mayéyé dans le Mayombe, sont évocatrices de ce qu'il n'y a presque aucun suivi constant sur les ouvrages réceptionnés par l'État.

Deux cas symptomatiques illustrent ce laisser-aller des services congolais d'entretien des ouvrages d'art. Le pont sur le Kouilou et le tunnel de Nzoungou-Kibangou, jadis fleurons des infrastructures congolaises, désormais en ruines.

Si le tunnel de Nzoungou-Kibangou permet encore le trafic ferroviaire sans les commodités d'usage, à savoir ventilation et étanchéité des parois, le pont sur le Kouilou, faute d'entretien, est quant à lui voué à la démolition. Quel gâchis ?

Heureusement pour les congolais, ces dégradations sont rarement meurtrières.

Peut-être est-il temps d'inscrire au titre des grands travaux, l'entretien et l'inspection des ouvrages d'art acquis à coûts de milliards, et dont la pérennité est assujettie à une veille minutieuse, notamment le contrôle du tablier, des pylônes, des haubans, des culées ou encore des travées, pour ce qui est du pont du 15 août 1960 à Brazzaville.

Ce viaduc à haubans nécessite un entretien minutieux qui ne se limite nullement au remplacement de lampes grillées, régulièrement constaté par les usagers. Pourvu enfin que la dépréciation du pont sur le Kouilou, faute d'entretien, ne soit plus qu'un lointain souvenir.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville