Congo – Aviation civile : ECAir, que sonne l'heure des comptes !

Le tribunal de commerce de Bobigny, en France, a prononcé le 18 avril la liquidation judiciaire immédiate de la compagnie ECAir, sans maintien d’activité des établissements. Même si cette décision judiciaire ne concerne que le volet français des activités de la compagnie congolaise, il va s'en dire, qu'il est tout de même temps, pour les autorités compétentes, de demander désormais des comptes à qui de droit.

Criblée de dettes et clouée au sol depuis octobre 2016, la société ECAir, qui n’avait plus déposé ses comptes annuels depuis 2014, avait conservé dans la région parisienne des locaux commerciaux et des salariés qui n'étaient plus payés, mais tenus à disposition. C'est sur leur saisine que le tribunal du commerce de Bobigny a ouvert la procédure de liquidation judiciaire qui doit être clôturée au 18 avril 2020, en fixant provisoirement au 28 juillet 2017 la date de cessation de paiement.

Il est vrai, ainsi que l'a déclaré son avocat conseil, qu’ECAir « appartient à l’État congolais et est donc solvable », et que son siège étant au Congo, « les tribunaux congolais sont seuls compétents pour gérer son dossier ». Mais telles que se présentent les choses, ce contentieux judiciaire risque de plomber davantage tout processus de relance de cette compagnie qui se veut internationale, à moins de supprimer la déserte de Paris où ses aéronefs risqueraient une saisie conservatoire.

Le rapport d'audit commandé par le ministère des Finances, avait conclut à de graves dysfonctionnements de gestion et démontrait par la preuve, comment cette entreprise dans laquelle l’État a investi plus de 500 millions d'euros depuis 2011, soit un peu plus de 325 milliards de Francs CFA, a pu faire faillite, au point de cesser toute activité en octobre 2016.

Même si la direction générale d'ECAir accusait les auteurs de ce rapport d'avoir conduit un audit «à charge» pour «nuire à sa réputation», expliquant que l'entreprise a coulé, non pas par mauvaise gestion, mais parce que son financement n'était pas à la hauteur de son ambition à savoir, devenir une compagnie « à vocation intercontinentale » capable de concurrencer Air France et Ethiopian airlines, il n'est pas à exclure que ceux qui ont fauté devraient rendre des comptes, à commencer par sa directrice générale.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville