Au Congo-Brazzaville, la crise touche tous les secteurs d’activités partant du public au privé. Et pourtant, le pays avait 4.000 milliards de francs CFA de budget annuel, 5% de taux de croissance et 1.000 milliards d’épargne budgétaire en 2013. Comment sauver le pays de ce marasme économique ? Le président de l’Union pour la refondation républicaine, parti du centre, Roger Ndokolo dont la seule ambition a toujours été l’amélioration du bien-être du peuple congolais, propose de rompre avec « la corruption, la fraude, la concussion, le trafic d’influence et le laxisme » pour afin tirer le Congo du bourbier du désespoir.
« Nos propositions s’inscrivent dans le respect de nos institutions : du chef de l’Etat vers le chef du gouvernement. En accord avec le président Denis Sassou Nguesso, il nous faudrait rompre avec la corruption, la fraude, la concussion, le trafic d’influence, le laxisme. Ce sont des maux intrinsèquement liés aux individus et aux responsables politiques eux-mêmes. Veillons de manière à ce que les enjeux industriels, financiers et politiques étroitement liés soient placés sous le contrôle de la démocratie et des citoyens pour éviter toute dérive préjudiciable à la collectivité. Ce programme exige des pouvoirs publics d’adopter en priorité un comportement exemplaire. Ainsi, la réduction des dépenses improductives ou somptuaires de l’État s’impose pour redonner confiance à l’ensemble de notre peuple », a déclaré celui qui se dit homme de missions et non homme d’ambitions dans une interview accordée à nos confrères des Dépêches de Brazzaville.
« Faut-il continuer à engloutir les deniers publics pour certaines missions à l’étranger composées de délégations pléthoriques où, quelquefois, la présence de l’homme d’Etat n’est pas utile, par exemple ? De même, est-il vraiment nécessaire d’attribuer systématiquement des véhicules de fonction, des chauffeurs, à des élus, hauts dignitaires de l’Etat et une garde militaire, telle que pour nos parlementaires, par exemple ? Leur sécurité est- elle menacée dans un pays de paix comme le nôtre ? Ne pouvons-nous pas faire abstraction de certaines nominations, entre autres des conseillers, des hauts fonctionnaires de l’Etat, sans y adjoindre pour autant le titre ‘‘rang de ministre’’? Non ! Il nous faudrait impérativement le changement ‘‘des règles du jeu ‘’ si l’on veut faire évoluer les comportements », a martelé Roger Ndokolo lors de son voyage éclair à Brazzaville.
On rappelle que le Congo est classé au bas de l’échelle en 2017 en ce qui concerne le marqueur de perception de la corruption de Transparency International. Notre pays occupe, en effet, le 159e rang sur 177 pays, et dans l’indice Mo Ibrahim de la gouvernance en Afrique, nous sommes classés 42e sur 54 pays.
Les structures anticorruption mises en place par le Congo n’ont pas fourni des résultats escomptés, au bout de plusieurs années d’exercice.
Il est devenu de plus en plus ardu d’obtenir normalement un document administratif ou un service dans les délais normalement impartis. Tout recours à l’administration publique ou privée pour un papier ou une pièce spécifique, voire un service dont la délivrance est censée être régentée, du type passeport, carte d’identité, intervention des forces de sécurité, un poste budgétaire, une facture au Trésor public, nécessite un pot-de-vin.
A quelques exceptions près, la corruption est devenue endémique au Congo-Brazzaville et sévit à toutes les étapes de quelque processus que ce soit, particulièrement lorsque de fortes sommes sont en jeu.
La corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux constituent un obstacle à l’éradication de la pauvreté et sape la capacité du pays d’atteindre ses objectifs du développement.
Le 31 juillet 2016, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé, a accusé le Parquet de Brazzaville de ne pas engager les poursuites judiciaires contre les tierces sur certains dossiers avérés.
Les administrations tournent au ralenti. Tous les mandats émis vers le Trésor public n’aboutissent pas. L’encre et le papier sont devenus rares dans certains départements ministériels. Même les bons de carburant ne sont plus validés.
Les entreprises locales ne sont pas épargnées, beaucoup cherchent même à fermer. La situation étant catastrophique, certaines licencient le personnel et réduisent les charges. L’argent ne circule plus, et les entreprises commerciales ne vendent plus.
Les yeux des congolais sont tournés désormais vers le Fonds Monétaire International (FMI) pour qu’une solution soit trouvée à cet épineux problème.
Pour le moment, ils sont tous dans l’expectative, la crise continue de sévir et l’économie et le développement du pays en pâtissent.
Jack MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville