Congo – Crimes économiques : L'opération « lutte contre l'impunité » est désormais lancée 

L'arrestation de Jean Didier Elongo, un homme du sérail est favorablement accueillie par les congolais qui espère que le président Sassou a enfin compris leur souhait, celui de voir être sanctionnés tous ceux qui s'illustrent par les anti-valeurs qu'il a de tout temps dénoncées.

« La rupture doit se compléter de la rigueur, afin que la sanction s’impose à tous les échelons de la hiérarchie sociale, économique et administrative», disait Denis Sassou N'Guesso.

« Encore un discours, encore des mots et des paroles, toujours les mêmes et qui ne produisent rien, car le président ne dénonce pas, il agit », s'était emporté Pascal Tsaty Mabiala, commentant le message du président Denis Sassou N'Guesso, devant le parlement réuni en congrès.

Au regard des événements de ces derniers jours, le chef de l'opposition doit à coup sûr regretter le verbatim utilisé, pour constater que quelque chose bouge dans le pays. Et cela va bien dans le sens du souhait de la majorité des congolais, celui de « voir Sassou sanctionner ».

De partout, les discussions vont bon train dans l'opinion où le mot « enfin ! » est prononcé pour commenter l'interpellation de Jean Didier Elongo, un homme du sérail en matière économique.

On en espère bien d'autres, et de dire : « c'est ce que l'on attendait du président. Qu'il sanctionne ceux qui sont en faute et congratule les méritants afin que la république soit exemplaire et que cesse le vol ».

Cette république exemplaire, débarrassée des oripeaux de la corruption, de la gabegie et autres anti-valeurs, Denis Sassou l'avait appelée de tous ses vœux, le 30 décembre dernier, mettant chacun devant ses responsabilités.

À la DGST où le message a été entendu 5 sur 5, on s'est débarrassé de certains complexes d'affinités qui empêchaient parfois que des enquêtes initiées aboutissent, pour des personnes dont l'image était à l'évidence préservée.

Désormais, le pôle économique et financier de la DGST travaille sans discontinuer, sur la base des indices probants qui deviennent des dossiers dévoilant un enrichissement illicite sur lequel de nombreux congolais devront se justifier.

Beaucoup de ceux qui sont désormais dans le collimateur de la DGST, regrettent l'étalage qu'ils ont fait de leur pseudo richesse, avec des constructions évaluées à plusieurs milliards de Francs, des parcs automobiles qui se chiffrent en centaines de millions, sans compter le train de vie et la smala de foyers à gérer, aux quatre coins du pays.

Désormais, comme tous les congolais, la DGST pose les mêmes questions. « À combien s'élève votre salaire. À combien se chiffrent vos investissements. Quelles sont vos autres sources de revenus. Depuis combien de temps travaillez-vous, pour avoir amassé pareille fortune ... »

Reste que la Justice devra accompagner l'action des services de renseignement, et le conseil de la Magistrature du 20 février promet un véritable rappel à l'ordre pour l'institution devant garantir la lutte contre la corruption, la gabegie et toutes les anti-valeurs qui minent le développement national.

«Près de deux ans après l’énoncé de cette directive (rupture), je réitère mes propos pour dire que la rupture concerne la lutte contre les anti-valeurs. C’est la primauté du droit et de la justice sur l’arbitraire et l’impunité. Ce postulat tire son objectivité de l’application du principe de la sanction», disait le président de la république. Nous voici passés de la parole aux actes.

L'opération est désormais lancée. Elle sonne la fin de l'impunité pour les auteurs de crimes économiques. Pourvu qu'elle ratisse large...

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville