Brazzaville : La vente des moustiquaires imprégnées, un business florissant pour des jeunes congolais étranglés par le chômage

En cette période d’éclosion des larves à Brazzaville, les alentours des marchés, avenues et carrefours de la capitale congolaise, sont les endroits privilégiés par les vendeurs ambulants des moustiquaires imprégnées. C’est un véritable business pour les vendeurs de ce moyen de protection contre le paludisme, dans un pays où l’Etat providence est mort et enterré depuis longtemps.

A longueur de la journée, il est fréquent d’observer aussi bien des bras valides, des jeunes garçons que des hommes moyennement âgés qui, sous un soleil de plomb, arpentent la chaussée reliant les marchés, pour proposer aux passants des moustiquaires imprégnées.

Elles sont vendues à 1000 FCFA l’unité.

Ulrich Malonga, 40 ans, licencié en sciences économiques, père de famille, exerce cette activité depuis deux ans dans les rues et marchés de Brazzaville : « En une journée, je peux vendre 3 à 4 moustiquaires imprégnées, surtout en cette période pluvieuse, pour subvenir aux besoins vitaux de ma famille ».

« Notre seul problème reste le soupçon qui pèse sur cette activité. Beaucoup des gens pensent que ce sont des moustiquaires imprégnées qu’on distribue gracieusement dans les structures de santé de Brazzaville qui sont subtilisées pour se retrouver en vente sur le marché. Les clients taquins nous posent fréquemment la question », a-t-il ajouté avec un air de déception et sans nous préciser l'origine de sa marchandise.

Ulrich Malonga lance tout de même un appel aux jeunes congolais essorés par le chômage de ne pas rester les bras croisés.

Chaque année, 500 millions de cas de paludisme sont relevés dans le monde et 1,5 million personnes en meurent. La majorité de ces décès ont lieu en Afrique subsaharienne, qui abrite environ 80 % des personnes atteintes de paludisme.

Les experts en santé publique et les autorités publiques admettent depuis longtemps que la prévention par l'utilisation généralisée de moustiquaires imprégnées d'insecticides est le moyen le plus efficace pour prévenir et contrôler le paludisme.

Pourtant, le nombre de moustiquaires utilisées reste particulièrement faible au sein des groupes les plus vulnérables tels que les femmes enceintes et les enfants.

Reste que les populations congolaises devraient y mettre un peu de bonne volonté en se les procurant, - car en dépit de la chaleur que certains avancent comme prétexte pour ne pas dormir sous une moustiquaire - en matière de prix, cette moustiquaire que l’on garde longtemps est bien moins chère que le coût du traitement basic du paludisme, pris en une seule fois.

À 1000 FCFA la moustiquaire imprégnée, il y a de quoi reprendre de façon somme-toute personnelle ce slogan du Président Pascal Lissouba : « chacun aura sa part », « chacun aura sa moustiquaire » voulais-je dire.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville