Les travailleurs des Brasseries du Congo (Brasco) ont fait part vendredi à Brazzaville, de leurs préoccupations et de leur opposition au prélèvement de la Caisse Maladie Universelle (Camu) sur leurs salaires. Ils l’ont fait savoir au cours d’une assemble générale qu’a organisé leur intersyndicale pour examiner justement cette situation dont l’application est prévue cette année.
A l’issue de cette assemblée, un communiqué a été diffusé, dans lequel les travailleurs des Brasseries du Congo (Brasco) affirment catégoriquement leur refus de s’inscrire au régime d’assurance maladie universelle.
Ils ont souligné, haut et fort, qu’ils bénéficient déjà d’une couverture médicale et sociale de qualité et très fiable que leurs employeurs fournie.
Les travailleurs de Brasco ont contesté, également les déductions de 1,27% sur le salaire brut, devant être destiné à la Camu.
« Brasco offrent déjà une couverture complète à ses employés et ayants droit. Il serait plus pertinent de prioriser les personnes non ou mal couvertes, comme les populations vulnérables, les retraités, les étudiants et les acteurs du secteur informel », nous a confié un syndicaliste ayant requis l’anonymat.
« Bien que le niveau des cotisations ponctionné sur le secteur privé soit très impactant pour la trésorerie des entreprises, 6,27 % de la masse salariale brute, les seules cotisations du secteur privé ne suffiront pas à couvrir 600 000 personnes. Nous nous acheminons vers un système structurellement déficitaire, ce qui forcera les entreprises qui le font déjà à continuer la couverture de leurs salariés en plus de la cotisation à perte à la CAMU. La majorité des sociétés ne pourront pas se le permettre, et ce sont les salariés et leurs ayants droit qui en pâtiront », a-t-il ajouté.
Sur le papier l’autonomie financière de la Camu est garantie par les cotisations des employeurs des secteurs public (environ 60.000) et privé (environ 350.000), cotisations des bénéficiaires de pensions de retraite, subventions issues de la taxe spécifique, etc. De manière pratique l’équilibre financier de la Camu pourrait se heurter au versement régulier des cotisations de l’Etat en sa qualité d’employeur. Les cas des Cnss, CRF et la défunte Averda parlent d’eux-mêmes.
À y regarder de près, le mode de financement de la Camu est une copie certifiée conforme de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), Caisse de Retraite des Fonctionnaires (CRF) voire de la taxe de prélèvement sur les salaires des agents de l’Etat pour financer la défunte Averda, la société privée chargée du ramassage des ordures ménagères.
En ce qui concerne la Cnss et la CRF, force est de constater que les deux caisses sont en déséquilibre financier chronique. Et pour cause, le gouvernement congolais ne verse pas de manière régulière ses cotisations. Il en est de même de la défunte société Averda dont les factures ne sont plus payées à date échue alors que des prélèvements, d’un montant de 2000 fcfa, sont mensuellement opérés sur les salaires des agents publics.
L’Etat congolais soignera t-il sa signature pour faire fonctionner de manière optimale la Camu ? Rien n’est moins sûr.
"Dans ce pays, on nous a parlé de la gratuité de l’accouchement, du passeport et de la scolarité, on connaît la suite", a conclu le syndicaliste.
Créée par la loi n°19-2023 du 27 mai 2023, la Caisse d’assurance maladie universelle est l’organe de gestion du régime d’assurance maladie en République du Congo. C’est une entité mise en place pour contribuer à l’instauration d’un meilleur système de prise en charge sanitaire au Congo.
Elle protège durablement la santé de chacun en agissant auprès de tous les résidents congolais. Telle est sa raison d’être. Concrètement, elle accompagne les assurés tout au long de leur vie, en prenant en charge leurs soins quelles que soient leurs catégories, leurs ressources ou leurs situations.
La CAMU garantit un accès universel aux droits à la santé et elle permet l’accès aux soins. Elle fait également bien plus en agissant en amont de la maladie et de ses complications, avec une offre de prévention sans cesse enrichie.
Elle joue par ailleurs un rôle de régulateur du système de santé, cherchant en permanence à concilier la meilleure qualité des soins et le meilleur coût, à travers ses analyses, ses propositions et son action sur le terrain.
Pour améliorer l’efficacité du système, elle travaille main dans la main avec les professionnels et les établissements de santé, les entreprises et tous les acteurs concernés. Ensemble, au quotidien, ils font vivre ses valeurs d’universalité, de solidarité, de responsabilité et d’innovation.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville