Les femmes Punu de Mbinda dans le Niari (sud) enveloppent le pagne autour de la taille qu’elles nouent par l’arrière, c’est-à-dire à la partie supérieure du postérieur. L’organisation vestimentaire a pour but de mettre en valeur tous les mouvements exécutés au niveau du postérieur, ce qui, somme toute, justifie la nature érotique des prestations, voire le caractère sexuel de la danse Ikoku. L’essentiel de la danse est exécuté par le fessier, le son très saccadé et rapide des tambours entraine les danseurs à se dépasser en essayant de faire concorder leurs mouvements corporels au rythme des chants qu’accompagnent les battements de mains.
Bien qu’il ne soit guère de l’ordre de l’initiation, il n’en demeure pas moins que la danse Ikoku des Punu de la ville de Mbinda peut être perçue sous l’angle de la spiritualité, afin de déterminer le caractère sacré du cérémonial, sa dimension mystique et événementielle.
Cette danse est associée aux côtés des hommes et des femmes le masque Mukudji encore appelé le « Mbwanda », dont la fonction est justement de montrer au grand jour cet aspect mystique que peu de gens connaissent.
Ce masque est la symbolique d’un être surnaturel, un esprit, une force de la nature dont le personnage mystérieux veille sur la bonne survie du clan et des villages. Il ne danse qu’à des moments importants : veillées cultuelles, cérémonies d’initiation, naissance de jumeaux, etc.
Le Mukudji ou le Mbwanda est un masque surmontant de très longues échasses, dont la particularité est, malgré sa hauteur, de danser de façon très spectaculaire la danse Ikoku, tout en réalisant toutes sortes d’acrobaties. Les femmes ne sont, en aucune façon, autorisées de l’approcher, car autour de lui se forme toujours un cercle d’initiés essentiellement composé d’hommes, les enfants y sont éloignés.
Selon la logique Punu, autour de ce masque il peut se produire à n’importe quel moment, surtout à l’improviste, beaucoup de phénomènes inexpliqués pouvant conduire jusqu’à la mort d’un individu non averti. C’est ce qui explique la concentration du public lors de la sortie du masque Mukudji ou Mbwanda de son isoloir secret armé de chasse-mouches.
Le masque Mukudji ou Mbwanda a la particularité de représenter un visage féminin, bien que les femmes ne soient pas admises à l’approcher, et encore moins à le toucher ou à porter le camouflage.
Outre l’aspect mystique et spirituel, la sacralité du Mukudji ou du Mbwanda est due tout au plus à la plasticité de son faciès, dont tous les éléments artistiques figurés demeurent si significatives dans l’univers symbolique Punu.
On y trouve deux ou parfois trois grosses tresses nattées qu’utilisent encore les femmes Punu, neuf scarifications disposées en losanges représentant les neuf clans Punu décorent tout le visage, que la couleur blanche du kaolin domine pleinement.
Le déplacement récent de Bapunu de Mbinda de plus en plus nombreux vers les grands centres urbains entraîne une perte progressive des connaissances de cette culture qui mérite d’être perpétuée car aucune nation ne peut se développer sans les normes de sa culture.
Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville