Le film ’’Léa’’ a fait l’objet d’une projection cinématographique ce lundi 28 avril 2025 dans la salle Canal Olympia de Brazzaville. C’est dans le cadre de la sensibilisation sur le harcèlement et les violences faites à la femme, surtout en milieu scolaire et estudiantin. Un film 100% congolais, le scénario écrit par Joy Christ et Lucrèce Tairou avec la participation des acteurs du Congo et une réalisation de Joy Christ dans une production de Tina Lobondi. Après la sortie du film et la grande première qui ont eu lieu le 22 mars dernier au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, le film est aujourd’hui à sa deuxième projection. Le triptyque Amour-Harcèlement-Justice constituent la thématique et la trame de ce long métrage de plus de deux heures et 16 minutes.
En effet, c’est à l’occasion du master class gratuite effectuée pour la production de Brazzaville que le film a été projeté, avec comme objectif, partager le film mais, beaucoup plus pour la sensibilisation par rapport aux deux thèmes: le harcèlement scolaire et la violence faite aux femmes.
Longtemps absent sur la scène nationale et internationale, le cinéma congolais est à la conquête de ses lettres de noblesse, grâce à la passion, à la détermination, à la volonté et à la foi des cinéastes tels que Tina Lobondi.
De Sébastien Kamba, Alain Nkodia, Joseph Kitsoukou et Rufin Mbou Mikima à Valère Youlou Mingoley, Camille Mouyéké, David Mahoungou et Rihi Mbébélé, en passant par Annette Kouamba Matondo, Claudia Haïdara Yoka, Bruno Tsamba, Déborah Bassa, Aimé Nkounkou, Albe Diaho, Thérèse Batalamio, Roch William Ondongo, Bernard Mbounda, Julio Nzambi, Charles Ndouma ou Hassim Tall Boukambou, le cinéma congolais revient sur scène avec une autre génération des acteurs, réalisateurs, et producteurs.
Au sortir de la projection, la productrice Tina très satisfaite, a exprimé ses sentiments et espère que c’est un nouveau départ pour le cinéma congolais. « On espère que le film va sensibiliser plus d’un, notamment les jeunes filles par rapport aux violences. Mais, l’accoutrement de quelqu’un ne provoque pas la réaction d’une autre personne. C’est plutôt aux hommes de mieux se contrôler, voyez-vous ! En tout cas, pour moi, c’est la mauvaise éducation des hommes qui est la cause des harcèlements sexuels. Le vêtement ou l’accoutrement n’a rien n’à avoir avec l’agressivité de nos jours. Là, c’est une excuse pour les hommes qui sont faibles et qui prennent cette excuse pour blâmer les femmes pour dire que non, elle avait une mini-jupe, donc, c’est sa faute si j’ai pu abuser d’elle », a-t-elle expliqué.
Pour la productrice du film, « ''Léa'' est mon premier film ici au Congo, officiellement, mon premier long métrage, mais il y a un court métrage qui est en train d’être écrit, en préparation et un long également en chantier, qui seront mes prochaines productions ».
Selon Tina Lobondo, productrice du film intitulé ’’Léa’’, le cinéma congolais ou l’industrie cinématographique du Congo est en pleine reconstruction. « Il faut que chaque réalisateur puisse avoir la possibilité de produire au moins, deux à trois films par an. Si on se contente de faire un ou deux films tous les deux ans ou tous les trois ans, on ne pourra jamais avancer. Le Congo doit avoir au moins un film par mois des réalisateurs différents. Là, je suis contente, en l’espace de deux mois, j’ai vu trois à quatre premières de film, quatre films des congolais. Ça me fait deux ans au Congo, je n’ai jamais vu ça, j’en suis fière. Si vous regarder au niveau du Festival de Cannes, c’est la première fois, en plus de 40 ans qu’il y a un film Nigérian qui a été sélectionné, ce n’est jamais arrivé, alors que Nollywood, l’industrie nigériane de cinéma existe depuis des années, très longtemps. Ça vous dit un peu le temps que ça prend pour une véritable industrie de se construire. C’est seulement cette année que le Nigéria a eu à présenter un film à ce grand Festival du cinéma mondial », a-t-elle fait savoir.
Le cinéma congolais doit s’activer, il faut mettre les moyens et le soutien qu’il faut. C’est vrai, ça coûte de l’argent, ça nécessite des budgets colossaux pour y arriver. « La projection de tout à l’heure a été gratuite, nous faisons un peu du social parce que, les thèmes que nous abordons sont des thèmes sociétaux, on fait purement du social », relate Tina.
Elle rappelle en outre que pour la première du film, ils ont été accompagné par MTN, de la BCI et Burotop-Iris. Elle est très reconnaissant du reste de ce soutien et espère que dans les années avenirs, ils pourront les accompagner dans d’autres projets cinématographiques.
« Cependant, pour les prochains films, je présume que ça sera plus grand et les congolais doivent s’investir, que ce soit l’audience ou les médias et autres, tout le monde doit s’investir afin de grandir cette industrie, sinon, on ne va pas y arriver », a-t-elle souhaité avec optimisme.
Ainsi, pour être plus compétitif sur le terrain, l’équipe projette diverses activités. « Tout de même, nous avons déjà commencé à faire des applications pour les grands Festivals, en international : à Kinshasa, nous aurons deux projections dans trois semaines ; on vise également le Cameroun et la Côte d’Ivoire ; à Paris, nous aurons une projection le 14 juin 2025 », ambitionne-t-elle.
L’idéal est que le film soit vendu, mieux distribué, qu’il obtienne une audience internationale dans les Télévisions pour qu’il puisse avoir une bonne et grande visibilité à travers le monde, par rapport à nos acteurs, qui ont du talent. C’est une production entièrement congolaise, avec un financement congolais, tourné à Brazzaville exclusivement.
« Le casting, au départ, s’était drôle, on a choisi les acteurs à la volée, il n’y a pas eu de copinage ou des arrangements au préalable. Ce fut un casting ouvert, qui a donné la chance à tout le monde. C’était pure par talent pour représenter les personnages incarnés dans le film », a-t-elle conclu avec grand espoir.
A l’issue de la projection, le public (cinéphiles) a découvert les acteurs qui ont joué dans le film et un panel composé de juriste, de sociologue et d’un promoteur d’école a échangé sur quelques préoccupations de l’assistance sur le l’amour, le harcèlement sexuel en milieu scolaire et du travail et la justice.
VALDA SAINT-VAL/Les Echos du Congo-Brazzaville