Mayoko : La pêche au féminin, un métier dur et parfois à risques

La pêche artisanale dans la rivière Lipia est une activité réservée aux femmes. Près d'un millier de villageoises des alentours de cette rivière exerce ce métier dur et parfois à risques. Au péril de leur vie, elles ont investi, ce vendredi matin, la rivière Lipia, située à un jet de pierre du centre-ville, et qui constitue une niche écologique d’une grande diversité d’espèces halieutiques, pour organiser une grande partie de pêche artisanale dans l’espoir de ramener des poissons. Les pêcheuses subviennent aux besoins de leurs familles dans cette ville pauvre du département du Niari (sud).

Après beaucoup de mauvais temps, ce vendredi, enfin, le ciel est dégagé, les conditions sont réunies pour permettre aux femmes de Mayoko, de lancer les premiers essais de nasses, un piège destiné à être immergé, pour capturer le plus souvent des poissons, dans la rivière Lipia.

Les méthodes de pêche artisanale pratiquées par les femmes de Mayoko sont sensiblement les mêmes que celles rencontrées dans les autres zones rurales du Congo. L’outillage utilisé pour la capture de poisson est de type traditionnel : il se compose de filets, de lignes, de nasses, barrage pour vider l’eau de la rivière en vue de recueillir facilement les poissons…

L’utilisation des nasses est plus spécifique à la pêche à l’écrevisse dans certains cours d’eau. L’intensité de l’activité reste tributaire du nombre d’instruments dont dispose chaque pêcheuse.

Malgré les risques qu'elles en courent, de nombreuses femmes de la ville de Mayoko, se ruent de jour à la recherche des poissons d’eau douce pour nourrir leurs familles.

C'est dans la joie et la gaieté que ces femmes ou mères de familles, en majorité des congolaises, se donnent rendez-vous tous les matins à la rivière Lipia.

Pour elles, pêcher les poissons (Carpes, tilapia, crevettes, silures, crabes…) à la nasse, utilisée probablement depuis la préhistoire, presque partout dans le monde, est devenu un art, une passion, au point où elles mènent cette activité tous les jours et parfois jusqu'au soir.

Les prix record de l’alimentation, notamment des produits de première nécessité, incitent les femmes de Mayoko à pêcher davantage. Une activité qui exerce une pression supplémentaire sur les populations de poissons dans les différentes rivières de la contrée.

Si la pêche est un secteur économique important dans la contrée, c’est aussi un métier qui présente des risques et entraîne parfois des problèmes de santé : douleurs lombaires, arthrose, rhumatisme, fatigue, irritations et allergies. Ces problèmes ne concernent pas seulement les personnes âgées. Toute personne qui pratique le métier de pêcheur peut en souffrir.

À Mayoko, les populations locales vivent des ressources naturelles, avec des activités centrées sur l’agriculture, la chasse, la cueillette/ramassage, l’artisanat et la pêche, permettant de lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté qui sévit dans la zone.

De toutes ces activités, la pêche artisanale occupe une place prépondérante auprès des populations locales. Ces espèces halieutiques exploitées de façon irrationnelle jouent un rôle indéniable dans l’existence des populations riveraines, en leur procurant de la nourriture et des revenus.

Dans une ville où 90 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le poisson contribue de manière significative au développement et à la croissance de l’économie locale.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville