L’Organisation des Nations-Unies pour l’Enfance (Unicef) a procédé le 29 décembre 2023, à la présentation du Rapport de l’étude sur les violences basées sur le genre, au cours d’une conférence de presse en présence de quelques membres de la presse nationale et internationale. Cette conférence de presse a eu pour modératrice, Mariusca Moukengué, slameuse (championne Unicef) avec pour panélistes : Mme Cinthia Acka Douabélé, cheffe Education, Protection et Développement des adolescents, Unicef ; Mme Nuptia Mbemba, du Ministère de la Promotion de la Femme et M. Roméo Mbengou, Juriste.
Plantant le décor, Mariusca Moukengué, la modératrice a révélé l’intérêt de la conférence et de la thématique choisie, pour sensibiliser et parler sans tabous de la situation des enfants victimes des basées sur le genre en République du Congo. C’est évidemment le rapport d’analyse de 2022.
Mme Cinthia Acka Douabélé, cheffe Education, Protection et Développement des adolescents, Unicef, s’est focalisée sur la note d’orientation, afin de prévenir et mettre fin aux violences basées sur le genre à l’encontre des enfants et des adolescents.
« La violence envers les enfants ne connaît pas de frontières. Elle se manifeste dans tous les pays, et dans les lieux où les enfants devraient être le plus en sécurité : à la maison, à l’école et en ligne. Qu’ils soient de nature émotionnelle, physique ou sexuelle, ces actes de violences sont le plus souvent perpétrés par des personnes de confiance. Pour les filles, en particulier, la violence basée sur le genre devient une menace omniprésente », a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, au Congo, les violences basées sur le genre (VBG) à l’encontre des enfants se sont banalisées et sont de plus en plus récurrentes dans toutes les sphères de la société. Néanmoins, elles sont quelquefois acceptées de façon tacite en raison du lien de parenté entre ses auteurs et la victime, ou voir ses conséquences minimisées. Par conséquent, le souvenir ou le signalement de la VBG peut être enfoui à cause de la honte ou de la peur des représailles. L’impunité des auteurs et l’exposition prolongée peuvent pousser les victimes à considérer que la VBG est normale. Ainsi, la violence avance masquée, ce qui rend difficile à prévenir et éradiquer.
Par contre, Mme Nuptia Mbemba a évoqué l’application de la loi Mouébara, protégeant la femme ou la fille au Congo. Il y a également la loi Potignon, qui protège l’enfant au Congo. Selon elle, les lois doivent être suivies ou accompagnées par des textes d’application, pour lutter avec efficience aux violences contre les femmes.
« cette étude nous montre la situation comme elle est effectivement. Pour nous, qui sommes en contact avec des victimes mais aussi des auteurs, nous voyons bien que ce sont les problèmes auxquels nous sommes confrontés quotidiennement. C’est une étude qui a relevé les faiblesses budgétaires, et la faiblesse en termes de spécification des prestataires, des hommes qui doivent travailler à ce que ce phénomène puisse reculer ou être simplement éradiquer dans notre pays », a fait remarquer la Juriste.
De son côté, M. Roméo Mbengou a évoqué quelques mesures ou instruments juridiques qui pourront permettre de lutter contre les violences basées sur le genre.
« Dans la plupart des cas, les victimes observent le silence. Après avoir été victime de violences, de viol, d’agressions, très souvent les victimes gardent le silence. Silence, parce que, ils disent, la question de viol est une question de honte pour la famille. Parce que la prise en charge exige des moyens. Etant donné que le certificat médical par exemple coûte trente mille (30.000) francs CFA. Le certificat médical qui est du reste devra être une pièce nécessaire devant une juridiction », a-t-il relevé.
1.338 cas de violences basées sur le genre ont été recensés dont 312 dans les commissariats de police et 1026 dans les centres de santé. Parmi ces cas de VBG, on dénombre 248 cas de viols dans les commissariats de police dont 85% perpétrés dans les deux grandes agglomérations du pays (Brazzaville et Pointe-Noire), et 841 cas de viols dans les formations sanitaires.
Les violences sexuelles représentent 90,38% des violences constatées par les services de la police judiciaire, suivies par les violences physiques (5,45%) et autres (4,17%).
Dans la majorité des cas, les VBG sont commises par les membres de l’entourage de la victime (parents, frères, cousins, voisins, etc.) ; cependant, les filles sont plus exposées que les garçons. Les filles représentent 97,1% des victimes contre 2,9% chez les garçons.
L’âge moyen des victimes est de 12 ans. Moins de 25% des enfants victimes de VBG sont pris en charge tant sur le plan médical, psychologique, juridique et judiciaire.
Ainsi, parmi les cas de viols recensés dans les commissariats de police, seuls 2% des cas ont été présentés devant les tribunaux contre 21% des cas qui ont bénéficié d’un règlement à l’amiable. 77% des cas de viols dans les commissariats de police n’ont pas eu de suite.
En définitive, parmi les mesures à prendre à court terme, pour prévenir et mettre fin aux VBG à l’encontre des enfants et des adolescents : la création d’un environnement favorable ; le changement des normes sociales et des pratiques néfastes qui favorisent les inégalités de genre et la violence basée sur le genre et l’amélioration de la prestation des services en matière de prévention et de prise en charge de VBG.
Valda SAINT-VAL / Les Echos du Congo-Brazzaville