Congo : à Brazzaville, «on veut de l'eau à la maison»

Dans la cuisine, la salle de bains, sous l’évier, sur la terrasse et dans le petit jardin. Chez Mme Makita Pahou, bouteilles, bidons et seaux s’entassent. Cela fait plusieurs années que cette habitante du quartier Diata dans le 2e arrondissement de Brazzaville, ne compte plus sur son robinet. « Dans mon quartier, il n’y a pas d’eau courante depuis plusieurs années. Avant, j’en avais au moins deux ou trois nuits par semaine. Là, plus rien », affirme-t-elle.

Sous un soleil de plomb, Massengo trône devant une bonne douzaine de bidons multicolores, qui contenaient autrefois de l’huile de cuisine. C’est lui qui est chargé de les remplir d’eau et de les transporter sur son chariot (Pousse-pousse) pour les livrer à Diata ou à Batignolles.

Les « pousses-pousseurs » peinent terriblement. Ils peuvent transporter des chargements pesant jusqu’à 1 tonne. La météo n’est pas toujours clémente, aussi doivent-ils braver toutes les intempéries : la pluie, le soleil, le vent. Ils circulent sur toutes sortes de voies : grands boulevards, rues larges, étroites, défoncées et cabossées, présentant parfois de grandes crevasses d’eau ressemblant à de petits lacs en pleine agglomération urbaine (j’exagère à peine!), et divers sentiers etc...

« Lorsque tu me donnes ton bidon de 25 litres pour aller te chercher de l’eau, c’est 100 F CFA et le transport c’est 100 FCF aussi » déclare Massengo.

Massengo et Roger, vivent d’emplois informels qui génèrent de faibles revenus.

Mme Makita Pahou a besoin chaque jour d’au moins 24 bidons pour faire la vaisselle, le ménage, la cuisine, et le débarbouillage de toute la famille.

Massengo, tuyau à la main, remplit ses bidons nonchalamment. De part et d'autre d'un petit kiosque bleu du quartier Plateaux des 15 ans, les bidons jaunes entassés forment un véritable mur.

Au quartier Diata comme dans de nombreux autres de Brazzaville, l'eau a disparu : plus rien ne coule du robinet et les puits sont vides. Des coupures planifiées, auxquelles s’ajoutent les coupures inopinées.

Dans d'autres quartiers plus éloignés que la société ne parvient plus à alimenter, les bidons d'eau peuvent se vendre à 200 francs. Plus on s'éloigne des quartiers avec eau, plus le coût augmente.

Les brazzavillois sont nombreux à vivre au rythme des coupures d’eau, résultat d’un système de distribution vétuste, non entretenu depuis un demi-siècle. Face à une situation qui s’éternise, les habitants résignés élaborent leurs propres solutions.

Brazzaville, avec ses 1 696 392 d’habitants, met au défi les services publics, notamment dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. Malgré l’extension progressive du réseau d’eau potable, dans les quartiers les plus défavorisés, les habitants ont recours à des puits.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville